Infirmière libérale et assistante sexuelle, une réalité à compter de 2019 !

La décision a été prise, et ce sont donc bien les infirmières et les infirmiers libéraux, qui rempliront le rôle d’assistant sexuel à compter du 1er janvier 2019. La nomenclature des actes a été mise à jour avec une nouvelle lettre clé en plus des AMI et AIS, il s’agit de la cotation SEX1, SEX2 et SEX3. Albus, l’appli des infirmiers, est déjà en train de travailler à faire évoluer son logiciel en conséquence. En attendant, de nombreux aspects de cette décision restent encore à éclaircir pour rassurer et répondre aux nombreuses attentes des infirmières libérales.

Assistante sexuelle, la réponse à une demande ancienne des personnes âgées et handicapées

Depuis bien longtemps, des associations de défense des droits des personnes en situation de handicap luttent pour que leur soit reconnu le droit de recourir à un (e) assistant(e) sexuel(le). Le sujet reste tabou et peu souvent abordé par les soignants et les autorités sanitaires. Pourtant, la demande est de plus en plus forte, et il ne s’agit pas de proposer seulement une prestation charnelle mais bien de répondre aux attentes de sensualité, de contact et aussi parfois de sexualité. Les discussions se sont donc engagées entre ces associations d’une part et les autorités publiques d’autre part, et un projet de loi devrait prochainement attribuer aux infirmières et infirmiers libéraux cette mission d’assistant sexuel. Même s’il reste à connaître le détail des modalités de cette nouvelle mission, le cadre général reste d’ores et déjà défini.

Infirmière libérale et assistante sexuelle, une nouvelle mission déjà très encadrée

Pour mieux comprendre en quoi consistera précisément cette mission d’assistante sexuelle, il est nécessaire de prendre connaissance des demandes des personnes en situation de handicap :

  • Elles n’attendent pas de relation amoureuse mais un contact avec une autre personne. Cela implique que cette dernière soit formée et attentive aux attentes du patient (ou de la patiente)
  • Être serré dans les bras, se retrouver nu devant son/sa assistant(e) sexuelle, être caressé parfois jusqu’à l’orgasme … les demandes sont aussi nombreuses qu’il n’existe de profils.
  • Se sentir heureux / heureuse et en toute confiance. Jusqu’à aujourd’hui, la profession d’assistante sexuelle n’existant pas, les patient(e)s avaient souvent recours aux travailleuses du sexe. C’est une des raisons, qui a poussé les autorités à s’emparer du problème.

 

La règle du premier acte côté à 100%, du deuxième à 50% et du 3ème gratuit ne s’appliquera pas aux nouvelles lettres clés SEX1, SEX2 et SEX3.

Ce sont donc les infirmières et infirmiers libéraux, qui se sont vu attribuer cette nouvelle mission. De nombreux questions restent encore en suspens. L’assistant sexuel disposera de tous moyens pour satisfaire son (ou sa) patient(e). Si les associations engagées se félicitent de cette avancée majeure, les infirmières libérales restent divisées sur le sujet. Certaines professionnelles estiment que cette nouvelle prestation s’inscrit dans une logique globale de soins, alors que d’autres sont farouchement opposées à ce qu’elles considèrent être comme une modification substantielle de leur profession.

Quand le fantasme de l’infirmière fait encore peur à certaines et certains !

Certaines infirmières libérales considèrent en effet cette prestation d’assistante sexuelle comme un terrible retour en arrière. Elles craignent, que le fantasme de l’infirmière ne soit ravivé au prétexte de venir en aide à ces patients en situation de handicap. En revanche, d’autres se montrent bien plus favorables, estimant qu’il s’agit d’un véritable « devoir d’humanité ». Cécile, une infirmière libérale convaincue de l’importance de cette mesure, explique ainsi : « Pendant des années, les personnes handicapées sont mises à nu, au sens propre, par le personnel soignant. Elles perdent non seulement leur pudeur mais aussi et surtout le rapport à leur propre corps. Alors accepter de se déshabiller pour serrer dans ses bras une patiente (ou un patient) et répondre à ses attentes, dans la limite de ce que la loi autorise, m’apparaît correspondre à mes motivations premières qui m’ont poussé à devenir infirmière libérale. «

Le projet de loi devrait être présenté en conseil des ministres au cours des prochaines semaines, et il définira tous les détails de cette nouvelle profession, ainsi que des modalités pour former les infirmières libérales déjà en activité. La question de la rémunération devrait elle-aussi être tranchée lors de ce travail préparatoire, puisqu’une modification du dispositif législatif devra être révisé. Actuellement, une assistante sexuelle pourrait être poursuivie pour prostitution. Il reste encore bien des aspects à définir, mais ces réflexions devraient être rapides, puisqu’on annonce une mise en application des assistants et assistantes sexuel(le)s à compter du 1er janvier 2019.

« Aucune raison de jouer les saintes-nitouches »

Quant à Agnes Buzin, Ministre de la Santé, elle déclare : « Les infirmiers libéraux se plaignent depuis de nombreuses années du manque de reconnaissance des pouvoirs publics et du gouvernement vis-à-vis de leur rôle auprès des patients fragilisés. Nous leur permettons d’élargir ainsi leur offre de soins, d’augmenter leurs revenus ». 

Lorsqu’on interroge la Ministre sur la gêne que peuvent éprouver certains professionnels à l’idée de réaliser de telles missions, celle-ci déclare « Il ne faut pas exagérer, ça n’a jamais fait de mal à personne. En plus, la règle du premier acte côté à 100%, du deuxième à 50% et du 3ème gratuit ne s’appliquera pas aux nouvelles lettres clés SEX1, SEX2 et SEX3. A la fin tout le monde sera content et il n’y a aucune raison de jouer les saintes-nitouches ». 

Et vous, comment jugez-vous cette nouvelle mission qui vous est attribuée ? Estimez-vous que cela ne relève aucunement de l’activité d’infirmière libérale ? Ou au contraire, pensez-vous que les deux soient indissociables ? Et sinon, les poissons d’avrils dans l’exercice de la profession d’infirmier, vous en pensez quoi ?