Loin de l’image d’Epinal, les infirmières libérales ou hospitalières restaient souvent déconsidérées au quotidien. Ce jugement porté à la profession infirmière change et ce changement est visible. Cela va-t-il durer et permettre aux infirmières libérales de voir leur avenir s’éclaircir… 

Professionnels de santé et infirmières libérales en situation de mal-être

On ne dressera pas une nouvelle liste des revendications portées par les infirmières et les infirmiers libéraux. Mais il n’est pas exagéré de dire, que depuis plusieurs mois, voire plusieurs années, les infirmières libérales voient se multiplier les sujets de discorde, les opposant à leur autorité de tutelle. A ces griefs s’ajoutait jusqu’à aujourd’hui un sentiment d’abandon, de délaissement de la part des autorités publiques. Ce sentiment, partagé par bien d’autres professionnels de santé, va-t-il enfin s’estomper ? C’est ce que l’on peut supposer en prenant connaissance des propos de Jean Leonetti, député des Alpes Maritimes, qui a interpellé, le 05 octobre dernier, Mme Marisol Touraine, Ministre de la Santé. Evoquant tous les professionnels de santé, il a dressé un constat terrible l’amenant à affirmer : Un malaise profond s’est installé peu à peu.

Il a certes pris la défense des médecins, qui, selon lui, se sont vus imposés le tiers-payant généralisé alors qu’ils croulent déjà sous les tâches administratives. Mais le député Les Républicains n’a pas ignoré les infirmières en évoquant la série de suicides cet été. Dans sa charge, Jean Leonetti s’est attaché à n’oublier aucun de ces professionnels de santé. Et pour obtenir une réponse de Mme la Ministre, le député a conclu :

Quelle est la cause de ce malaise et de cette inquiétude ? C’est le manque de considération et de confiance vis-à-vis d’une profession exercée avec compétence et dévouement. Il ne faut pas, comme vous le faites depuis plus de 4 ans, opposer par dogmatisme les patients et les médecins, le public et le privé, les libéraux et les hospitaliers.

Le désarroi des IDEL(s) (enfin) reconnu par tous

Marisol Touraine a répondu, point par point, aux demandes de Mr Leonetti. En détaillant les avancées permises par les différentes lois votées depuis sa nomination à la tête du Ministère, Mme Touraine a tenté de démontrer que cette opposition, dont elle était accusée, était infondée. Elle a aussi, et c’est un des aspects essentiels, remercier le député d’avoir appelé l’attention de la représentation nationale sur un sujet aussi important.

C’est ce qu’il faudra retenir de cette passe d’armes, qui ne débouchera sur aucune nouvelle mesure ou décision : la prise de conscience du mal-être des infirmières libérales et de tous les professionnels de santé. C’était une étape essentielle avant de pouvoir espérer pouvoir solutionner ces conflits et ces problèmes de nature diverse.

.

Une prise de conscience qui s’étend à la société toute entière

A une période, où on parle plus de refonte de la nomenclature et d’échéances électorales en tout genre, cette prise de conscience peut apparaitre comme une lueur d’espoir pour l’avenir des infirmières libérales. D’autant plus que l’Assemblée nationale n’est pas le seul lieu, où cette prise de conscience semble gagner du terrain. Les suicides à répétition expliquent en partie, que la presse généraliste se soit intéressée aux infirmières hospitalières au cours du mois de septembre 2016.

Désormais, la presse revient plus en profondeur sur le malaise infirmier à l’hôpital bien sûr mais aussi en ce qui concerne les infirmières libérales. Ce sont toutes les professions médicales, qui se trouvent sous le feu des projecteurs. Même le journal le Monde a publié un dossier sur la profession infirmière, en s’intéressant plus particulièrement au blues des élèves infirmiers. Le journal résume parfaitement ce mal-être en titrant : « Plus de stress et moins de temps ». Hospitalières ou libérales, les infirmières sont, enfin diront-certains, prises en considération par les pouvoirs publics d’une part, mais aussi, et c’est peut-être le plus important, par l’opinion publique. C’est ce changement, qui peut influer sur les prochaines décisions qui doivent être prises en ce qui concerne les infirmières et infirmiers libéraux, et c’est cette reconnaissance de l’importance et de la pénibilité de cette profession, qui pourra faire avancer les choses. Alors les infirmières resteront-elles durablement au cœur des préoccupations de la population ? Voilà la véritable question….

Avez-vous senti ce changement de regard sur la profession infirmière en général et sur les infirmières libérales en particulier ? Estimez-vous que cette reconnaissance puisse être bénéfique aux revendications, portées par la profession ?