La solitude est une composante souvent indissociable de la maladie. En effet, face à l’annonce d’une maladie, un véritable fossé se creuse entre la personne malade et son entourage, en l’occurrence sa famille, ses amis mais aussi les soignants.

Solitude et enfermement

La maladie se dresse entre le patient et le soignant, et un mur invisible semble empêcher toute forme de communication de part et d’autre. Sur le plan psychologique, la maladie est la plupart du temps associée à une perte d’estime de soi du fait de la dépendance physique, de la diminution ou de la dégradation physique ou d’un sentiment d’impuissance voire d’inutilité.

Ces éléments constituent des perturbateurs de l’image de soi qui poussent le malade à se renfermer et à cesser de communiquer avec son entourage. Il faut aussi tenir compte du fait que l’annonce d’une maladie fait peur et entraine une  disparition progressive du réseau relationnel. Dans la maladie, les trois piliers essentiels de la communication sont biaisés, voire anéantis. Le regard devient fuyant ou évoque la peur et/ou la pitié ; la parole est maladroite ou impuissante ; le toucher devient technique, limité comme si le malade était contagieux. Face à cette presque déshumanisation engendrée par la douleur et l’affection, le patient traverse souvent une phase de solitude choisie ou subie. Par choix, la solitude devient une défense psychologique temporaire contre la gêne, la pitié et la honte et permet au patient de faire le point sur lui-même.

Subi, l’isolement ressemble davantage à une rupture irrémédiable qui se fait contre la volonté du malade. Dans ce cas, les liens forts qui se distendent à l’annonce de la maladie provoquent un sentiment de solitude encore plus intense et peuvent conduire à un véritable sentiment d’abandon. Cette absence de communication, de mots peut mener sur le long terme à la dépression, à la phobie, à l’agressivité envers les soignants, etc.

 

Rompre le cercle vicieux de la solitude

Pour les soignants et les infirmières en particulier se pose dès lors la question du maintien du contact avec le malade muré dans son isolement. Comment pouvons-nous encourager la parole et/ou une attitude ouverte de ce patient qui semble renoncer à toute relation sociale ?

La piste de réflexion et de travail la plus intéressante jusqu’à présent semble être l’empathie. Elle se distingue de la sympathie par son objectivité et sa neutralité émotionnelle. L’empathie aide à prendre en compte le malade dans sa solitude en observant ses langages verbal et non-verbal et apporte une écoute authentique dans laquelle n’interviennent ni les projections personnelles, ni les interprétations obscures.

Mettre en œuvre l’empathie dans la relation avec le patient consiste à :

  • S’interroger sur ses a priori, sa propre relation à la souffrance, à la solitude et/ou à la maladie
  • S’assurer que les mots du malade ont bien le même sens que les nôtres en lui posant des questions, en reformulant, en observant ses attitudes
  • Se rendre totalement disponible à la parole du patient pour une écoute active
  • Remettre en question son système de référence et se garder d’interpréter ou d’imaginer ce que vit ou pense le patient.

Et vous, quelle est votre expérience dans la gestion de la solitude et de l’isolement de vos patients ? Quelles méthodes employez-vous pour redynamiser la communication ? En tant que professionnels du soin en exercice libéral, votre rôle est central, aussi n’hésitez pas à partager vos expériences.