Thomas Duvernoy est le rédacteur en chef d’Actusoins, un mensuel gratuit destiné à toute la communauté infirmière. A l’heure où certains libéraux cherchent des idées de reconversion afin de terminer leurs carrières en douceur, son parcours entrepreneurial est, en plus d’exemplaire, particulièrement intéressant. Il revient également sur la ligne éditoriale d’Actusoins, un format innovant d’information et de veille professionnelle pour toute la communauté des infirmiers.
1) Pouvez-vous nous dire quelques mots de la ligne éditoriale d’Actusoins, et nous expliquer en quoi le titre se distingue des autres médias à destination des infirmiers ?

Nous avons créé ActuSoins avec l’envie de faire partager et de valoriser l’expérience et l’expertise infirmière. Le fil rouge de l’aventure ActuSoins est de développer un média indépendant, géré par des infirmiers, pour les infirmiers, le tout avec une ligne éditoriale libre, qui nous permet de nous engager, ou de partager des convictions.

Thomas Duvernoy pour Actusoins. DR

2) Qui sont les équipes qui composent Actusoins ? Ce sont plutôt des journalistes ou plutôt des soignants ?

Les deux, avec une parité quasi-parfaite ! Nos journalistes gèrent plutôt les sujets sociaux ou de politique de santé. Les articles de pure pratique infirmière sont eux rédigés par des soignants, à qui nous demandons en revanche une approche journalistique de leur sujet : il ne s’agit pas de faire 8 pages sur la stomie digestive assortie de 4 pages de bibliographie, mais de faire partager des idées force en donnant l’envie à nos collègues d’aller plus loin s’il le souhaitent.
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3) Quels sont les différents moyens d’accéder à vos articles ?

Il y en a trois. Via actusoins.com tout d’abord, qui permet d’accéder en un clic à tous les articles et aux services que nous proposons. En recevant ActuSoins Magazine sur son lieu de travail ensuite, disponible entièrement gratuitement sur abonnement. Et bien sûr, grâce aux réseaux sociaux, en rejoignant la communauté des 16 000 personnes qui suivent ActuSoins chaque jour sur Facebook, et le bon millier sur Twitter.

4) Est-ce que des rubriques sont spécialement dédiées aux libéraux ?

Il n’y a pas a proprement parler de rubrique dédiée aux libéraux, car nous n’avons pas fait le choix de séparer nos rubriques en fonction du mode d’exercice. En revanche, nous évoquons très régulièrement la vie libérale quand elle fait l’actualité, que ce soit les avenants conventionnels, la gestion des déchets liés aux soins, la colère face aux contrôles des caisses d’assurance maladie… Après, la sortie de nouveaux anticoagulants per os, la perfusion en urgence ou l’oxygénothérapie, ça concerne tout le monde !

5) A l’heure où beaucoup de libéraux seniors réfléchissent à leur reconversion du fait de la pénibilité des tournées, vous êtes un bon exemple en matière de parcours professionnel. Quels conseils donneriez-vous aux soignants, libéraux ou hospitaliers, qui envisagent de changer de vie ?

Quand on est IDE, dans le contexte actuel on a une chance folle : si on rate sa reconversion, on peut revenir aux soins. Avec un sentiment d’échec, peut-être, mais on tout cas on aura toujours de quoi payer son loyer ou son prêt. Donc lancez-vous ! Dès qu’on cherche un peu, on trouve beaucoup d’infirmiers qui se sont lancés et ont créé leur société. Je pense même que les libéraux partent avec un avantage : celui d’avoir l’habitude de gérer leur comptabilité ou de faire appel à des prestataires.

6) Qu’est ce qui vous a le plus étonné dans le cadre de votre reconversion en entrepreneur ?

Mes associés ayant déjà une expérience de création d’entreprise, j’ai pu dès le début me concentrer sur le contenu, sans être trop accaparé par des tâches de gestion. Ce qui m’a le plus surpris n’est pas lié à l’entreprenariat. C’est de m’apercevoir que le titre ronflant de « rédacteur en chef » me permettait de discuter d’égal à égal avec des personnes qui m’auraient à peine adressé la parole si j’avais l’étiquette « infirmier ». Pourtant, je n’ai pas changé, mais la vision de notre profession parmi quelques « élites » est assez terrifiante.

7) Est-ce que le bloc et la vie dans les services vous manquent, quelques fois ?

Je fais en sorte que ça ne me manque pas, en gardant tout simplement un pied à l’hôpital ! Dans la mesure du possible je me laisse une journée par semaine au bloc opératoire, ce qui me permet de garder le sens des réalités, et d’être au plus près des préoccupation de la profession. En revanche, le SMUR me manque un peu : l’adrénaline est une drogue comme une autre…