Avec beaucoup de plaisir, Albus s’associe à Olivier Ducray, jeune réalisateur qui tourne actuellement un documentaire qui sortira à l’horizon 2014, traitant de la relation unissant les patients à leurs infirmiers libéraux, et qui, vous le savez tous mieux que personne, va très souvent bien au-delà du soin.

Dans le quotidien de Françoise, Infirmière Libérale à LyonCe n’est pas sans raison qu’on la surnomme l’étoile filante : qu’il pleuve, vente ou neige, Françoise, 57 ans, arpente depuis 32 ans les rues de Lyon sur sa trottinette, à une cadence infernale, une énorme pile de fiches bristols dans son sac. Sur ces fiches ? Des adresses, des codes de porte, des numéros d’étage et tout ce qu’il faut savoir de la vie de centaines d’individus, souvent âgés, souvent seuls. D’eux elle connaît absolument tout ; dans bien des cas pour eux, elle est absolument tout. Comme 80 000 autres anges anonymes en France, Françoise s’apprête à veiller une année de plus sur quelques-unes des millions d’âmes invisibles qui peuplent nos villes et nos campagnes. Françoise est infirmière à domicile : loin d’être accablée par le quotidien souvent douloureux auquel elle est confrontée, elle témoigne d’un enthousiasme exceptionnel et très communicatif. Ses mots d’ordre : positiver, rire et – tant que c’est encore possible – vivre ! 

Tout au long de l’année 2013, nous vous donnerons régulièrement des nouvelles de l’avancement du tournage et de la production du film, ainsi que des accès exclusifs aux premiers extraits. Vous pouvez aussi laisser vos commentaires et réactions sur le blog, nous les transmettrons au réalisateur et à son équipe. 

Sachez également qu’une souscription au financement du film est lancée pour contribuer à sa réalisation. Si vous souhaitez soutenir le projet à nos côtés, vous pourrez bientôt apporter votre contribution sur le site www.touscoprod.com

Olivier Ducray nous explique en quelques mots comment est né son projet

Les Anges Anonymes est né d’un besoin viscéral et d’une rencontre inattendue. Le besoin, c’est celui d’évoquer la solitude, un thème qui me tient à cœur depuis toujours. Je supporte de moins en moins de voir tous ces vieillards abandonnés, ces ainés qui auraient tant de choses à nous apprendre. Comme la plupart des gens, sans doute ai-je peur de vieillir, d’être malade ; et sans doute ai-je besoin d’exorciser cette peur. La rencontre, c’est celle d’une femme d’exception.

La solitude et l’isolement concernent des millions de gens, réduits au silence; des personnes âgées, d’autres socialement exclues, d’autres malades et certains tout ça à la fois. En 2011, j’ai écrit et réalisé mon premier court métrage, Champagne, pour essayer d’aborder cette question de la manière la plus simple qui soit. C’est en préparant ce court métrage, tandis que je recherchais son personnage principal, une dame très âgée, et le décor de mon film, un appartement dans son jus, que j’ai eu la chance de rencontrer Françoise. Cette infirmière hors du commun s’est démenée pour me trouver ce dont j’avais besoin. Je l’ai suivie des jours, dans plusieurs de ses tournées. Elle m’a ouvert les portes de mondes que je soupçonnais à peine. Ce que j’ai vécu par son intermédiaire m’a littéralement bouleversé. Françoise, paradoxalement, ne m’a trouvé ni le bon appartement ni la vieille dame susceptible de jouer dans mon court métrage. Mais elle a fait beaucoup mieux : elle a fait naître ce projet de documentaire, comme une évidence ; une occasion de parler enfin de ceux dont « on » préfère ne pas parler, de peur d’être trop triste, trop lourd, trop plombant. On ignore presque tout de ce que font vraiment ces professionnelles pour les individus âgés ou malades, au-delà des soins qui s’imposent. Parce que Françoise est en plus d’une nature incroyablement positive et joviale, elle me donne une occasion unique d’aborder ce sujet différemment, sans misérabilisme, avec humour même. La réalité est souvent douloureuse, c’est indéniable, mais son approche dédramatisée la rend acceptable ; on doit pouvoir désormais la regarder en face.

Les Anges Anonymes constitue une sorte de radioscopie de la partie la plus savamment cachée de notre société, de notre rapport aux ainés, à la maladie, à la mort. Grâce à notre précieux guide et à travers elle, j’aimerais parler de toutes les personnes, aussi indispensables que discrètes, qui n’abandonnent pas les plus fragiles d’entre nous. D’où ce titre en forme d’hommage : le film suivra un ange comme il en existe, heureusement, des milliers d’autres.

Le mot de Françoise

Capture d’écran 2013-01-25 à 14.42.53« La vieillesse, la maladie, ce sont des sujets qui font peur. Même à 60 ans ou plus, les enfants s’inventent souvent des agendas surbookés pour éviter d’avoir trop à s’occuper de leurs vieux parents ; du coup c’est moi qui me régale des confidences de vie de tous ces gens !

L’infirmière se substitue ainsi naturellement aux proches. J’aime cette relation, je m’en amuse, toujours pour le bien de la personne. Les ainés me considèrent comme leur fille adoptive, les jeunes comme une mère adoptive. Parfois aussi comme une amie, une confidente… ou tout à la fois.

Je m’adapte toujours au rythme des gens, les « lève tôt » et les « lève tard ». Je réponds à mon téléphone de 7h du matin lorsque je franchis la porte de mon immeuble à 23h le soir, lorsque je me couche. Il n’y a guère qu’au cinéma ou au théâtre que je le coupe. Mais je ne réponds jamais lorsque je suis en train de faire un soin : je laisse toujours la priorité au patient soigné.

Quand on m’appelle pour prendre en charge une nouvelle personne et que celle-ci habite mon secteur, la Place du pont à Lyon, je réponds invariablement oui… depuis 33 ans. »