La règle de la santé publique généralisée est un des grands privilèges de la France. Regardant d’un mauvais œil l’hégémonie des entreprises privées américaines dans ce secteur, l’hexagone peut être fier de conserver ce droit de la santé pour tous dans un secteur non marchand et mettant tous les patients sur un pied d’égalité. Depuis peu, quelques sociétés pharmaceutiques s’immiscent de façon insidieuse dans le système, tentant de se rapprocher des infirmières en premier lieu.

Des méthodes qui posent question

Les laboratoires pharmaceutiques génèrent des fortunes colossales et se retrouvent parfois au sein de scandales dus à un laisser-aller au niveau des tests de sécurité et de l’innocuité des traitements proposés. Il est néanmoins plus rare, en France, , que le secteur pharmaceutique soit l’objet de tentatives de pénétration à l’intérieur de lieux médicaux publics.

maison_de_santeCe type de cas vient pourtant d’avoir lieu dans les Pyrénées-Orientales dans une affaire impliquant trois maisons de santé pluriprofessionnelles et un laboratoire privé. Le projet était simple : salarier une infirmière travaillant dans ces MSP afin d’y trouver un écho sur tout un tas de données puis s’en resservir pour améliorer ses produits. Cette tentative a été dénoncée grâce à la vigilance des syndicats et notamment de la Fédération Nationale des Infirmiers (FNI).

Une ARS régionale du sud de la France a récemment tenu une réunion à huis-clos avec les médecins d’un laboratoire privé pour s’entendre sur le financement, dans une maison de santé pluridisciplinaire, du poste d’une infirmière coordinatrice des soins affectée à trois maisons de santé pour élaborer les protocoles de prise en charge et, en clair, organiser le travail des infirmières libérales. La contrepartie accordée au laboratoire porte sur la mise à disposition de données de santé anonymisées des patients suivis par les médecins exerçant dans ces MSP.

Ce projet est susceptible de remettre en question l’indépendance des professionnels exerçant dans ces structures.

La méthode consiste à s’ingérer dans le système public via les infirmières sur qui les soupçons sont moins pesants que les médecins. L’opération devait coûter la somme rondelette de 110.000 euros au laboratoire pour une collaboration de dix-huit mois avec une infirmière.

Les réels intérêts

Cet essai avorté apporte beaucoup d’enseignements quant aux dérives de notre système de santé. Le sacro-saint monde médical devient de plus en plus courtisé par les entreprises privées qui n’hésitent plus à mettre la main à la poche afin de servir les objectifs des laboratoires. En l’occurrence, le laboratoire souhaitait avoir une connaissance précise des parcours de soins afin d’améliorer voire de métamorphoser les composants de ses produits.

Le principe revient à celui des tests médicaux mais le fait que la main soit tendue entre des patients n’ayant rien demandé et des laboratoires voulant tout savoir par l’intermédiaire d’une infirmière publique pose de nombreuses questions éthiques. Le récent décret prônant une parfaite transparence entre les professionnels du médical et les entreprises pharmaceutiques se voit ainsi devenir caduque.

L’ingérence de ces structures privées voulant leur part du gâteau montre les limites du Pacte Territoire Santé qui entre à peine dans sa deuxième phase.

Et vous, avez-vous peur de cette montée progressive des entreprises privées dans l’univers médical français ? Avez-vous déjà été contacté ou approché pour un salariat financé par une structure privée ? Avez-vous déjà eu des patients qui vous soupçonnaient d’être affiliées à un laboratoire privé ? Quelles sont vos solutions pour lutter contre cet effondrement du système public ?