Lorsqu’en 2009, la grippe H1N1 a fait trembler le monde entier, le savon antibactérien est passé d’un produit unilatéralement destiné aux milieux médicaux vers le statut de meilleur ami de l’homme. Quiconque allait dans un lieu public se sentait obligé d’appliquer une pression sur ces réceptacles sensés nous protéger de toutes les épidémies possibles. Quelques années plus tard, on nous apprend que ce produit ne serait pas sans danger.

De solution-miracle à proscrit de partout ?

La tendance est lourde ces dernières années à entendre parler de médicaments faisant office d’élixirs instantanés (de jouvence, anti-acné, anti-chute de cheveux). Les médecins de tous types prescrivent à tour de bras avant que l’on s’aperçoive qu’un ou plusieurs effets secondaires de ces produits sont ravageurs pour l’organisme. Nous aurions tôt fait de nous méfier de ce genre de médicaments à la mode et le savon antibactérien tant usité suite à la dernière grande grippe ne fait pas exception à la règle. Cancérigène, irritant, dangereux : tels sont les constats faits à son encontre. La question est désormais de savoir démêler le vrai du faux dans ces cris d’alarmes.

gel hydroalcoolique infirmiere liberaleCe produit qui devait remplacer un lavage de mains systématique en l’absence de points d’eau à proximité (lieux publics comme l’école, structures privées, ou soins à domicile pour les infirmiers libéraux) provoque des soucis dermatologiques lors d’utilisations trop fréquentes, ceci étant dû à la présence d’alcool dans ces savons. Les médecins et les infirmières libérales sont informés mais ce ne sont malheureusement pas les seuls méfaits de ces produits.

Les Américains, premiers sur le diagnostic

Ce constat négatif provient d’une suspicion émanant des Etats-Unis. L’agence américaine des produits pharmaceutiques vient officiellement de sommer les fabricants de ces savons d’en prouver l’absence de danger pour l’homme. En effet, en plus des problèmes de peau précédemment évoqués, les savons antibactériens pourraient être à l’origine de dérèglements hormonaux.

Le débat peut retomber comme un soufflé ou s’enflammer suivant la finalité des tests qui seront effectués sur l’intégralité de ces gels antibactériens.

Les antibactériens présents dans la composition des savons comme le triclocarbal et le triclosan seraient à l’origine de ces défaillances obligeant les entreprises sources à revoir entièrement leurs produits. La consultation publique durera 180 jours pour mettre en évidence la réelle existence d’une présence toxique dans ces produits avant de les contraindre, le cas échéant, à changer l’intégralité de leur étiquetage. Le débat peut retomber comme un soufflé ou s’enflammer suivant la finalité des tests qui seront effectués sur l’intégralité de ces gels antibactériens. Dans tous les cas, à l’image des millions de vaccins commandés en 2009, la grippe H1N1 a apporté beaucoup de solutions, quelquefois nocives, pour un problème sanitaire de faible ampleur a posteriori. Les infirmières libérales doivent rester sur leurs gardes et s’assurer que les savons antibactériens qu’elles mettent à disposition dans leurs cabinets ou recommandent à leurs patients soient les plus sains possibles.

Et vous, à quelle fréquence utilisez-vous un savon antibactérien dans l’exercice de vos soins au domicile des patients ? Avez-vous déjà eu connaissance de problèmes physiques liés à l’utilisation de ce type de savons ? Préconisez-vous à vos patients l’utilisation de savons antibactériens ou le traditionnel lavage eau et savon ? Pensez-vous qu’un énième scandale de type « effets secondaires de produit pharmaceutique » puisse nuire au secteur médical, ou mettre en danger l’utilisation de ces gels qui, s’ils peuvent s’avérer nocifs, font aussi partie des gestes obligatoires pour se prémunir des infections ?