Le traitement médical de l’enfant a été pendant des siècles classé comme une médecine d’arrière- plan. La spécificité des soins à lui apporter n’est entrée dans les mœurs réellement qu’à la fin de la seconde guerre mondiale, en plein baby-boom, avec le très connu Traité de pathologie infantile de Robert Debré, fondateur du premier service de pédiatrie française et considéré comme le père de la pédiatrie moderne, voire européenne. Cette évolution de l’accueil médical fait aux enfants est particulièrement notable actuellement. Néanmoins sa considération en tant que patient, au même titre qu’un adulte, semblerait largement perfectible.

L’enfant et ses besoins spécifiques

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Cela semble évident de nos jours, mais non, on ne soigne pas un enfant comme on soigne un adulte.

Ainsi pour que l’acte médical ne soit pas vécu comme terrifiant au regard d’un jeune patient, il convient de tenir compte de son psychisme particulier, en premier lieu en respectant son état « d’enfant » donc en ne l’hospitalisant pas avec des adultes, selon la recommandation de la Charte de l’enfant hospitalisé.

D’autre part, en instaurant en priorité un climat de confiance avec lui, particulièrement grâce à la présence de ses parents. Or cette présence parentale semblerait loin d’être systématique, malgré toutes les mesures prises en ce sens. En 2003 selon une enquête établie par Sparadrap  (une des associations les plus actives en médecine infantile) dans 136 services pédiatriques, ils étaient encore 60 % de parents à ne pouvoir assister aux soins douloureux de leurs enfants et seulement 4 % pouvaient assister à leur endormissement anesthésique, alors que cette pratique s’est considérablement développée dans les pays anglo-saxons.

Une présence parentale vécue comme très bénéfique pour le petit patient, en particulier sur la prise en charge de la douleur dans l’acte médical, bien plus efficace encore que les nouveaux soins antalgiques. On le constate régulièrement à l’hôpital, on a moins mal, quand on a moins peur. Mais pourtant parfois elle est vécue comme une difficulté technique, matérielle, logistique ou psychologique pour les équipes soignantes … Les bonnes volontés du corps médical sont évidentes, mais alors, serait-ce dû à un manque de moyen, de temps, de main d’œuvre, de formations spécifiques ?

Dire la vérité est un élément fondamental de la relation patient/malade, quel que soit son âge

Pourtant le confort de soin de l’enfant se verra considérablement amélioré grâce à la triangularité du bon rapport « soignant-parents-enfant ». La qualité de communication établie entre ces trois personnes est primordiale. Toutefois, bien souvent, l’enfant ne se considère encore pas suffisamment actif dans son rôle de patient ?

L’enfant : un malade particulier, un patient avant tout

Selon l’enquête effectuée en 2011 par le Dr Ursula Kilkelly de l’University College de Cork auprès de 2257 enfants de 22 pays européens :

  • 67% des enfants souhaitent qu’on les écoute davantage,
  • 86% pensent qu’ils ont le droit d’être informés sur leurs soins de santé et sur ce qui va arriver,
  • 75% pensent que les professionnels de santé devraient leur demander leur avis,
  • 91% des hôpitaux et centres de soins devraient toujours être adaptés à eux.

La vérité sort-elle de la bouche des enfants ?

Il est vrai que plusieurs obstacles se greffent à ce problème d’information et de communication.  Tout d’abord, le règne du « Cela ne fera pas mal ». Bien souvent ce pieux mensonge millénaire vient pour rassurer mais, malheureusement, l’enfant ne le voit que rarement de cet œil et préférait une vérité plus clairement énoncée. « Dire la vérité est un élément fondamental de la relation patient/malade », quel que soit son âge, constate Françoise Galland, pédiatre.

De plus, pour les plus petits, la difficulté de compréhension de l’acte médical est réelle, il a fallu donc développer pour répondre à ce problème différents outils adaptés à chaque âge : des plaquettes d’informations ludiques à disposition des parents et des professionnels, des panneaux explicatifs ainsi que plus récemment l’usage plus original mais très probant de poupées. La poupée Plume qui permet à l’enfant « d’exprimer ses craintes, ses douleurs en les dessinant. Le soignant peut, si le jeune patient est d’accord, expliquer et montrer les soins qu’il fera ».

Médicalement et psychologiquement les enfants sont aujourd’hui considérés comme des patients avec les mêmes droits que les adultes tout en conservant leurs singularités. Leurs soins médicaux comme leurs accueils dans les hôpitaux se sont considérablement bonifiés, force est de constater que beaucoup d’autres améliorations restent à développer tant au niveau des enfants, des parents qu’au niveau des différents personnels soignants.

Et vous, infirmières et infirmiers libéraux, pensez-vous avoir été suffisamment formés pour répondre aux besoins spécifiques des enfants ? Que pensez-vous d’une présence parentale systématique auprès du personnel soignant lors d’un acte médical sur leur enfant ? Avez-vous des petites astuces afin de rendre vos actes de soin plus ludiques et moins douloureux pour vos jeunes patients ?