Face à la recrudescence des maladies chroniques telles que le diabète, l’asthme ou les pathologies cardiaques, l’éducation thérapeutique du patient face à son traitement comme à son hygiène de vie est devenue une priorité à organiser de façon efficace. Entre les partisans de la création des maisons de santé pluridisciplinaires et ceux de la médecine de proximité orchestrée prioritairement par les infirmiers libéraux, les points de vue divergent. Toutefois des associations d’infirmiers libéraux voient discrètement le jour et rappellent que l’infirmière n’est pas là que pour soigner mais aussi pour encadrer et amener son patient vers l’autonomie.

La nécessité de l’éducation thérapeutique face aux maladies chroniques

La loi HSPT de 2009 tout comme le Haut conseil de la santé publique reconnaissent l’éducation thérapeutique comme une priorité absolue contre la multiplication inquiétante des récidives de patients atteints de maladies pathologiques. « Pour bon nombre de pathologies, il est démontré que l’éducation thérapeutique des patients améliore l’efficacité des soins et permet de réduire la fréquence et la gravité des complications. ».

Aujourd’hui on compte 15 millions de malades en ALD et, d’une façon plus matérialiste, des dépenses considérables en incombent à l’État : selon des études statistiques de l’Assurance Maladie datées de fin 2007 les remboursements de soins pour les ALD représentaient 64 % de l’Ondam, soit 50 milliards d’euros de dépenses ! Il est devenu primordial d’effectuer une meilleure prévention ainsi que d’être plus vigilant et attentif aux besoins des patients sortant de l’hôpital, tant sur l’observance des traitements que sur leur hygiène de vie.

La plupart des malades chroniques ne bénéficient d’aucun programme d’éducation thérapeutique.

En effet, pour le cas des patients cardiaques par exemple, nous savons tous que la prise de médicaments ne peut suffire à leur garantir une bonne santé : il est nécessaire que la poursuite des changements radicaux de vie, souvent élaborés dans le cadre de leur hospitalisation, perdurent au sein de leur foyer. Mais, bien souvent, par manque d’accompagnement, les mauvaises habitudes reviennent vite et malheureusement son lot de conséquences directes sur leur santé…

Ainsi la Société française de santé publique déplore qu’actuellement « la plupart des malades chroniques ne bénéficient d’aucun programme d’éducation thérapeutique » et que « les programmes proposés soient essentiellement hospitaliers alors que les patients atteints de pathologies chroniques résident à domicile. ». Qui sont les soignants qui interviennent à domicile ? Vous, mesdames et messieurs les infirmiers libéraux, vous qui êtes les plus proches de tous ces malades et, qui plus est, avez toutes les compétences requises pour être les acteurs principaux de cette mission d’importance.

Le rôle déterminant des infirmiers libéraux

Malgré les recommandations formulées par Denis Jacquat dans son rapport remis au Premier ministre qui souhaitait que l’éducation thérapeutique trouve sa solution dans la création de maisons de santé, par les médecins généralistes ou bien encore par la promotion de la santé effectuée par des laboratoires, il n’a pas oublié une chose importante : « Seule la formation d’infirmier intègre aujourd’hui l’éducation thérapeutique. La formation conduisant au diplôme d’État assure à l’infirmier la compétence nécessaire pour concevoir, formaliser et mettre en œuvre une démarche d’éducation thérapeutique. ». Les IDELS, outre leur rôle de soignants au quotidien, se voient reconnaître une mission bien plus vaste encore que de panser les plaies, ils évitent qu’elles ne se créent à nouveau !

La création d’associations d’infirmiers libéraux, telles que celle crée récemment en Poitou-Charentes (l’ARPCI) se veut donc être le témoin officiel de cette présence des IDELS dans cette stratégie de santé de proximité. Sa vice-présidente, Christelle Fourneau, évoque son rôle ainsi dans la Nouvelle République et Centre Presse, les deux quotidiens départementaux : « La notion de dépendance ne se limite pas au handicap. Lorsqu’un patient diabétique ne parvient pas à faire lui-même sa piqûre d’insuline, il est en situation de handicap. Nous allons intervenir pour lui montrer, l’aider à y parvenir. Notre objectif est d’aller vers l’autonomie des patients et non de les garder. On ne fait pas la chasse aux actes. »

Donc par sa formation initiale ou comme par sa proximité immédiate avec le patient, l’infirmier libéral semble être l’acteur le plus apte à cette mission capitale. Les possibilités de consultations infirmières sont nombreuses, tout comme les besoins ! Il existe un certain nombre de formations afin de compléter la formation initiale. Christelle Fourneau explique par exemple qu’elle a suivi une formation de 40 heures en complément de l’initiale afin d’obtenir un certificat en éducation thérapeutique.

Et vous les IDELS avez-vous envie de suivre ce type de formation afin de travailler dans une structure comme celle de l’ARPCI ? Quel système vous semble le mieux adapté à ce fameux programme d’éducation thérapeutique : le regroupement interdisciplinaire ou le regroupement entre infirmiers libéraux ? Faites-vous déjà partie d’une association comme l’ARPCI ou une autre du même type, si oui quels sont vos sentiments par rapport à cette expérience professionnelle ?