La révolution de l’âge, telle que l’on peut la voir nommée aujourd’hui, est en marche : aujourd’hui les personnes âgées de plus de 85 ans sont 1,4 million, en 2060 elles seront 5 millions. Si la qualité de leurs vies et de leurs soins s’est nettement améliorée en quelques décennies, la DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes) pointe encore du doigt dans un rapport récent les maisons de retraites : un établissement sur deux serait en fraude… Adapter l’offre médicale au nombre grandissant de nos seniors en élargissant les contrôles sur leurs bonnes pratiques mais aussi en privilégiant le maintien à domicile semble donc primordial.

Les maisons de retraites

Malgré « une amélioration des pratiques dans ce secteur » soulignée par le rapport de la Répression des fraudes, le taux d’anomalies constaté reste de 48 % en 2013 contre 59 % en 2011. Les infractions constatées concernent principalement :

  • un mauvais affichage des tarifs (58 %),
  • des pratiques commerciales douteuses (25 %),
  •  le non-respect du taux d’évolution des prix (17 %).

À titre d’exemple, notons les établissements promettant un cadre idyllique proche de l’océan ou des forêts… auxquels les résidents ne pourront jamais accéder faute d’accès ou pire, d’existence ! Ou bien encore l’opacité entourant les dépôts de garantie, non mentionnés sur les contrats ou le paiement de prestations extérieures (coiffeurs, pédicures, esthéticiennes…) qui réservent parfois de bien mauvaises surprises.

Face à ces constats, l’AD-PA (Association des Directeurs au service des Personnes Agées) a produit un communiqué dans lequel il s’insurge de voir le « discrédit jeté sur toute une profession », tout en réclamant que la part des fautes graves soient instamment relevées en rapport à des fautes plus mineures, bref que les vrais « mauvais élèves » soient sanctionnés en toute transparence.

Il est vrai que les chiffres restant bien sûr des moyennes, généraliser des situations frauduleuses à toutes les maisons de retraites serait alors une erreur, condamnant des établissements et des personnels aux bonnes pratiques à tort. D’autant plus que le rapport ajoute que « Les établissements se sont montrés en règle générale réactifs : l’affichage des prix et les documents obligatoires ont pu être mis en conformité suite à l’enquête, et les mentions litigieuses ont été retirées des sites internet et publicités. »

Doit-on pour autant se satisfaire de 48 % d’anomalies relevées alors que nous parlons de personnes bien souvent vulnérables, malades et parfois très seules ? Il semble certain que ce constat reste alarmant alors que notre population vieillit et que l’offre proposée par ces établissements devient bien inférieure aux besoins.

La solution du maintien à domicile devient alors une alternative à mieux organiser. Le projet de loi en préparation concernant l’adaptation de la société au vieillissement semblerait prendre majoritairement cette considération en compte.

Le maintien à domicile des personnes âgées

L’orientation gouvernementale en cours de discussion semble en effet être axée sur les conditions de vie des personnes âgées, ce qui en outre inclut de façon prioritaire la qualité, l’écoute et le soin à leur apporter dans leur cadre de vie quotidien : leur maison.

Bien évidemment, certains choix souvent établis dans l’urgence de la complication d’un état de santé amènent les familles désemparées à gérer l’ingérable en préférant l’image de la sûreté médicale de la maison de retraite à une conservation du cadre de vie semblant, à première vue, moins sécurisante. Pourtant nous savons très bien que les professionnels libéraux actuels sont tout à fait capables de proposer les mêmes garanties médicales que les EHPAD, mais les clichés perdurent et les maisons de retraite sont saturées…

En 2011, l’Ordre des Infirmiers a publié sur son site internet une enquête concernant les personnes âgées dépendantes, adressée aux professionnels de santé libéraux. Elle conclura notamment que «L’infirmière est la seule qui ait un regard global sur la situation, à la fois sociale et sanitaire, avec la capacité de gérer à la fois des activités soignantes techniques, relationnelles et éducatives ». Une activité et un rôle confirmés par 95 % des IDELS ayant participé au sondage.

Offrir à nos aînés toutes les conditions réunies pour vieillir bien et vieillir mieux, que ce soit en maison de retraite ou au sein de leur domicile, sera un des enjeux majeurs de santé publique de ces prochaines années.

En tant que professionnels libéraux, de quelle façon percevez-vous les maisons de retraite ainsi que leurs pratiques ? Êtes-vous étonnés par les résultats produits par cette enquête des fraudes ? Avez-vous déjà été confronté vous-même au dilemme que pose le placement d’un de vos proches en maison de retraite ?