Et voilà l’heure de la dernière cloche a sonné, nos chers bambins sont en vacances tout comme une bonne partie des salariés qui profiteront de leurs semaines de congés payés. Plage, soleil, mer, détente, repos… Promis, on arrête de vous torturer car, on le sait très bien, vous les infirmiers libéraux, n’aurez certainement pas droit à cela ! Pourtant, malgré tout, c’est peut-être possible…

La réalité sur le repos de l’infirmier libéral

Malheureusement, si la profession d’infirmier libéral offre des libertés bien plus importantes que l’hospitalier, ces libertés ont des contraintes. Dans un article précédent, nous nous interrogions sur les motivations qui vous poussaient à devenir infirmiers libéraux, et nous notions à l’époque que « les infirmières se plaisent dans ce statut de libéral puisqu’elles ne sont qu’1,4% à le quitter chaque année, alors que 2 fois plus d’infirmières salariées quittent leur poste durant la même période. ».

Assurer un service continu, donc sans interruption de soins ou de suivi des patients

Toutefois si le statut de libéral fait toujours rêver, voire jaser les jaloux puisque vos revenus moyens seraient supérieurs à vos collègues hospitaliers (revenu moyen d’un infirmier libéral : 3 600€ par mois  en 2012, revenu moyen d’un infirmier hospitalier : 2 159 euros en 2009), une évidence s’impose : où sont donc passées vos vacances ? C’est très simple : vous n’en avez pas ! Car vous êtes tenus, en tant qu’infirmiers libéraux, d’assurer un « service continu, donc sans interruption de soins ou de suivi des patients. ».

Un infirmier libéral, las de la sempiternelle question du salaire des libéraux, s’est donc livré à un calcul comparatif entre salaire d’IDEL, salaire d’IDE et salaire du salarié « classique ».

Concernant les vacances, son constat est sans appel : partant de la base d’un revenu moyen net pour un salarié « classique » de 1.500 euros par mois qui a, de fait, 5 semaines de congés payés, on estimerait que, s’il devait les payer, cela lui reviendrait à 1.750 euros.

Or, si vous, chers IDELs, « abandonniez » vos patients pour les cocotiers durant 5 semaines, il vous faudrait économiser cette somme sur vos revenus annuels, somme qui, bien sûr sera multipliée par deux puisque vos charges patronales et salariales sont à vos frais. Ainsi il vous faudrait mettre de côté, selon votre salaire moyen et nos « savants » calculs, 9.000 euros (4.500 euros, somme pour 5 semaines à 900 euros/semaine, à multiplier par deux pour régler les charges) pour avoir les mêmes congés que vos collègues hospitaliers sans aucune perte de revenus, sans rentrer bien sûr dans la comparaison polémique et hors de propos concernant le temps de travail de chacun…

Alors ces vacances, mission impossible ?

Peut-être pas ! Mais sans vouloir réellement vous déprimer, il faudra aussi trouver le bon remplaçant, ce qui, selon votre localisation et vos aptitudes aux travaux administratifs, peut s’avérer une mission plus complexe qu’il n’y parait !

Les conditions et les modalités du remplacement des IDELs

Vous vous devez donc de maintenir votre activité et vos clients. Toutefois l’article R. 4312-43  stipule que « le remplacement d’un infirmier ou d’une infirmière est possible pour une durée correspondant à l’indisponibilité de l’infirmier ou l’infirmière remplacé(e) », le tout étant de bien respecter les règles et les encadrements stricts de ce remplacement.

Selon l’arrêté du 18 juin 2007  (chapitre 5.2.3), un infirmier remplaçant doit :

  • être titulaire d’un diplôme d’État d’infirmier et d’une autorisation de remplacement en cours de validité délivrée par le préfet du département de son lieu d’exercice principal ;
  • conclure un contrat de remplacement avec l’infirmier libéral remplacé dès lors que le remplacement dépasse une durée de 24 heures ou s’il est d’une durée inférieure mais répétée ;
  • ne remplacer au maximum que deux infirmiers simultanément ;
  • justifier d’une activité professionnelle de dix-huit mois, soit un total de 2.400 heures de temps de travail effectif, dans les six années précédant la date de demande de remplacement ;
  • être adhérent à l’ordre infirmier ;
  • avoir réalisé cette activité professionnelle dans un établissement de soins, une structure de soins ou au sein d’un groupement de coopération sanitaire tels que définis à l’article 5.2.2 de la présente convention.

Le contrat de remplacement, d’un point de vue plus concret, doit donc comporter  la période et la raison du remplacement, la rémunération et son mode de versement, l’éventuelle participation aux frais du cabinet si besoin, les conditions de résiliation du contrat ainsi qu’une clause de non-concurrence pour les remplacements de plus de trois mois. Les sites juridiques d’internet sont une mine d’or afin de vous procurer des contrats-types de remplacement.

Toutefois, les honoraires perçus par le remplaçant tout comme les feuilles de soins restent au nom du remplacé, il conviendra dans le contrat de s’assurer d’une rétrocession d’honoraires au bénéfice de votre remplaçant.

Quant à la perle rare, n’hésitez pas à utiliser tous les moyens possibles du bouche à oreille à la formule classique mais efficace de la petite annonce afin de trouver celui ou celle qui conviendra le mieux à votre type de patient (et de fait, de « clientèle ») pour ne pas les faire fuir durant votre départ.

Alors on fait des économies, on garde sa « belle tirelire » à portée de main, en sélectionnant le remplaçant idéal et en préparant ses congés avec soin, à vous les palmiers, la plage et le farniente !

Et pour tous ceux et toutes celles qui ne pourront pas partir n’oubliez surtout pas l’essentiel, lorsque l’on pratique son métier avec autant de passion, profiter d’une journée de détente en famille, est certainement la meilleure occasion de profiter de l’été et d’aimer encore plus ses patients en retour !

Alors mesdames et messieurs les infirmiers libéraux, faites-vous partie des « chanceux » qui partiront en vacances cet été ? Comment arrivez-vous à compenser la perte sèche de revenus durant cette période ? Arrivez-vous à vous faire remplacer de façon satisfaisante ? Et pour ceux qui restent, la période estivale vous semble-t-elle plus complexe à organiser ?