On imagine bien souvent l’infirmier libéral comme un penseur de plaies ou un poseur de perfusions mais trop rarement comme un conseiller médical voire même le référent direct de tous les services médicaux, sociaux ou psychologiques d’un patient. Pourtant depuis le 1er juillet 2002, la CNAM a instauré un système de démarche en soins infirmiers afin de profiter de tous les savoir-faire polyvalents de l’infirmier et de sa proximité auprès du patient.

La démarche en soins infirmiers : une revalorisation du métier d’infirmier libéral

Depuis les années 80, le rôle prépondérant de l’infirmier libéral a été réaffirmé tant dans son importance de proximité avec le patient que dans sa gestion médicale des actes de prévention et de soins.

La DSI existe donc déjà depuis longtemps mais elle ne fut que réellement rétribuée qu’à partir de juillet 2002 en changeant la NGAP pour faire entrer les actes de suivis infirmiers comme des actes nécessitant une cotation réelle et bien à part des autres.

« En particulier pour l’exercice libéral, l’arrêté du 28 juin 2002 modifie la nomenclature générale des actes professionnels (NGAP) et institue la DSI en tant que démarche qui définit et conditionne la réalisation et le remboursement des séances de soins infirmiers ; la mise en œuvre d’un programme d’aide personnalisé ; les séances hebdomadaires de surveillance clinique et de prévention ; les activités de coordination. ».

Ainsi en cotant ce rôle-clé, la CNAM comme les pouvoirs publics ont vu le moyen indispensable de redonner de la valeur à cette démarche pourtant traditionnelle et presque naturelle de l’IDEL, en y enlevant le côté « bénévole ». Pour preuve, un extrait du communiqué établi à l’époque par la CNAMTS :

« La Démarche de Soins Infirmiers confie à l’infirmière libérale une responsabilité légitime dans le suivi de son patient, ses compétences professionnelles sont mieux reconnues et sa rétribution est augmentée.

[…]» .

Ainsi créer une relation qui ne s’établit pas uniquement sur du soin mais aussi dans une logique plus complète semblait être une réponse évidente aux problèmes des personnes dépendantes, quel que soit leur âge. Qui mieux que l’infirmier libéral peut juger de critères tels que les possibilités d’autonomie ou de nutrition en voyant quotidiennement la personne à son domicile ?

« La Démarche de Soins Infirmiers confère une responsabilité accrue à l’infirmière dans le suivi du patient en situation de dépendance et dans les choix thérapeutiques qui lui conviennent. »

Le fonctionnement de la démarche en soins infirmiers

Tout d’abord la DSI s’adresse à toute personne en situation de dépendance : les patients sortis en ambulatoire de l’hôpital après une chirurgie, les personnes ayant perdu temporairement leur autonomie et bien évidemment aux personnes âgées.

L’objectif de ces consultations, défini clairement par la HAS, est multiple :

  • Rôle d’évaluation de surveillance et de suivi : autonomie du patient dans le quotidien, capacité de l’entourage à aider le patient et suivi des effets thérapeutiques des traitements médicaux
  • Rôle de planification et d’exécution des actes de soins : soins pour les traitements médicaux des maladies en phase aigüe, palliative ou chronique, soins infirmiers et suivi de l’éventuelle auto-surveillance du patient
  • Rôle de coordination et de communication : l’IDEL est le référent médical de toutes les démarches associées au patient concerné. Ainsi ses choix se font en étroites collaborations avec le médecin traitant avec lequel par ailleurs a été établi le premier protocole de soins mais aussi avec l’auxiliaire de vie, le psychomotricien…
  • Rôle de prévention des risques et des complications : effets indésirables du traitement, posologies inadéquates, complications post-opératoires, infections, escarres…

Puis les compétences propres de l’IDEL sont de nouveau notifiées comme indispensables au bon suivi de la démarche en soins infirmiers : accompagnement psychologique quotidien de la personne dépendante et de son entourage, sollicitation du patient afin de reconquérir ses facultés motrices en le motivant physiquement et bien évidemment une démarche de formation et d’éducation du patient passant par le bon suivi de son traitement ainsi que par son auto-surveillance.

Ainsi l’infirmier libéral pourrait contribuer de façon efficiente au changement d’une organisation de santé beaucoup trop basée aujourd’hui encore, en France tout particulièrement, sur les fonctions hospitalières et très mal organisée dans le passage de relais entre les services médicaux des hôpitaux et ceux de ville.

Toutefois si l’intention de démarche en soins infirmiers est valorisante et très intéressante pour l’infirmier libéral comme pour les patients dépendants, il n’en reste pas moins qu’encore en 2014, soit 12 ans après son apparition officielle, Marisol Touraine, ministre de la Santé  rappelle la nécessité de créer un dossier de soins informatisé afin de faciliter la communication entre tous les acteurs médicaux :

« […] Par ailleurs, la relance du dossier médical est d’ores et déjà engagée. J’ai entendu la nécessité d’en faire un outil de coordination et de partage. La maîtrise d’œuvre en sera confiée à l’assurance maladie. Ce nouveau dossier médical partagé intègre naturellement l’enjeu de la messagerie sécurisée. »

Alors les IDELs, cela vous tente de venir télécharger votre dossier en démarche infirmier préparé avec amour par votre fidèle compagnon le logiciel Albus ? Ou bien pourquoi ne pas venir télécharger notre nouvelle application smartphone Albus afin de vous aider dans cette démarche ?

Et vous, avez-vous intégré de façon régulière cette démarche en soins infirmiers vis-à-vis de vos patients ? Si tel est le cas, trouvez-vous que ce rôle de « référent » est valorisant en rapport avec vos autres actes de soins ? Vous évitez d’avoir à effectuer des DSI, expliquez-nous les raisons pour lesquelles cela vous semble complexe ?