Voilà longtemps que ces nouvelles pratiques sont évoquées pour les infirmiers libéraux ou cliniciens, pour certains la théorie est même devenue réalité sur les bancs des facultés avec de nouveaux masters. Infirmier en pratiques avancées, voilà le grand projet prévu pour vous les IDELs et les IDE, par votre ministère. Qu’en est-il concrètement ?

Pourquoi un infirmier en pratiques avancées

En France, avouons-le, il semblerait que l’on soit bien en retard face à d’autres pays tels que le Canada, le Royaume-Uni ou bien encore les États-Unis. Ce retard n’est pas dû aux connaissances ou l’expertise infirmières, mais plutôt à la reconnaissance par la loi de ces compétences multiples et variées sur lesquelles les infirmiers tant libéraux qu’hospitaliers interviennent quotidiennement et depuis bien longtemps.

Bien sûr il existe déjà depuis quelques années des masters spécifiques pour les infirmiers souhaitant se spécialiser. Le Master en Sciences Cliniques Infirmières débouchant sur une pratique avancée spécifique en cancérologie, gérontologie ou en coordination de parcours complexe de soins après deux ans d’études, ou bien encore le Master développé depuis 2011 section en sciences cliniques en soins infirmiers avec des spécialisations en psychiatrie et santé mentale, maladies chroniques et dépendance, en douleur et soins palliatifs.

Mais la réalité est bien différente, les infirmiers sont déjà des techniciens en pratiques avancées dans de nombreux domaines pour répondre à la pénurie médicale ou des demandes non satisfaites d’un point de vue médical ou humain. Mais point de reconnaissance diplômante de ces rôles pourtant clés n’est venue jusqu’ici du Législateur.

La loi de santé 2015 semblerait enfin mettre le doigt sur cette nécessité de clarification et de revalorisation des compétences infirmiers, quand bien même les définitions semblent changer bien souvent, quand bien même les avancées en la matière semblent lentes. En janvier 2015 s’établira, enfin, un groupe de travail sur les dispositions légales à mettre en avant dans la nouvelle loi de santé sur cette dénomination d’infirmier en pratiques avancées. Car si le but est clair, les attentes de part et d’autres sont nombreuses.

Marisol Touraine a donc annoncé le 19 novembre dernier que le comité de pilotage sur ce travail particulier serait dirigé par  Michèle Lenoir-Salfati, sous-directrice par intérim des ressources humaines du système de santé à la direction générale de l’offre de soins (DGOS), qui évoquait le jour même sa mission de la façon suivante : « On sera d’abord infirmier en pratique avancée puis on exercera en diabéto, en cancéro, en maladies chroniques, etc., c’est-à-dire qu’il faudra que l’on conçoive la formation avec un tronc commun« . Le but à atteindre étant de décloisonner les professions paramédicales afin de les revaloriser d’une part et, d’autre part, de leur donner plus d’autonomie dans la pratique de l’exercice quotidien afin évidemment de pouvoir répondre d’une façon plus satisfaisante aux besoins multiples qu’impose la sortie du « tout-hôpital » en faveur d’une médecine de proximité.

Il reste beaucoup de travail à établir pour ce groupe, en particulier la question la plus cruciale à résoudre dans le cadre de la future loi : la nature du diplôme, la durée d’exercice minimale de la profession et les modalités d’obtention du diplôme et de reconnaissance mutuelle.

Et pour les IDELS quels sont les avantages et les inconvénients de ces nouveaux débouchés professionnels ?

Ce qui surprend toujours dans ce type de projet est le caractère très spontané d’une demande faite depuis des années par la profession infirmière et ses représentants. Quoi qu’il en soit, ça y est on avance sur les pratiques avancées !

D’ailleurs pourquoi ce projet a-t-il été si lent à s’établir en France, alors que nous l’avons dit, dans d’autres pays cela fait bien longtemps que ce type de spécificité infirmière existe ? Une première piste possible : les médecins généralistes. Il est fort possible en effet que les généralistes ne voient pas forcément d’un bon œil que leur soient enlevés des actes qui jusque-là leur étaient uniquement réservés. Toutefois, précisons-le, si le gouvernement garde la ligne fixée dans l’avant-projet de loi, les médecins généralistes restent les coordinateurs de ces nouveaux parcours de soin. Ce que regrette d’ailleurs l’ONI, qui aurait préféré une réelle autonomie des IDEs ou IDELs en pratiques avancées qu’une mise sous tutelle d’un médecin généraliste…

Une fois ce premier frein passé que reste-t-il ?

Des inconvénients bien sûr pour l’infirmier qui souhaite se former dans cette spécialité : le temps de formation à répartir dans une vie professionnelle déjà bien remplie, une impression de ne pas se sentir encore à sa place dans un tout nouveau rôle donné où l’on doit s’affirmer, les aspects financiers et privés qu’imposent la reprise d’études… Mais pour l’infirmier attiré par cette nouvelle profession d’infirmier en pratiques avancées les avantages sont aussi nombreux : un nouveau regard et une nouvelle motivation, la possibilité de se centrer sur une pathologie et un patient, et, plus simplement une nouvelle façon de pratiquer son métier ce qui dans certains cas, peut-être salvateur.

Ainsi, à l’instar de Florence Ambrosino, infirmière de pratique avancée en coordination de parcours complexe de soins, devenue porte-parole convaincue en faveur de ce nouveau type de carrières professionnelles, il semblerait donc que devenir infirmier en pratiques avancées soit une réelle opportunité pour les infirmiers libéraux ou pour les infirmiers d’état.

Et vous, infirmières et infirmiers libéraux, avez-vous envie de faire partie de ces nouveaux infirmiers en pratiques avancées ? Pensez-vous  que ce projet pourrait être une réelle opportunité de revalorisation de votre rôle ?