« Des mains propres sont des mains sûres ; un soin propre est un soin plus sûr »  rappelle l’OMS régulièrement dans ses brochures. Pourtant cette hygiène élémentaire pour éviter toutes propagations de maladies qu’elles soient graves ou plus bénignes doit être rappelée continuellement. Pour les patients, mais aussi pour les soignants. Médi-Handtrace, une puce électronique mise au point par des chercheurs français, a permis d’améliorer considérablement dans le service de l’Hôpital Nord de Marseille ce geste si simple mais parfois oublié…

Médi-Handtrace, une puce qui contrôle les mains des IDE par… les pieds

« On lave des mains sales, on les désinfecte par friction pour les soins : une recommandation universelle »  rappelle le ministère de la Santé. Un message scandé et répété partout, des écoles contaminées par les épidémies de gastro-entérites, aux maternités pour éviter les bronchiolites aux nourrissons puis aux établissements de santé accueillant des patients tous potentiellement confrontés aux risques de contaminer ou de se faire contaminer, par le contact ou par le soin, par ces fameuses et terribles infections nosocomiales.

Rappelons que les infections nosocomiales, selon Le Figaro  « concernent à tout moment un patient hospitalisé sur vingt en France et sont responsables d’environ 4000 décès chaque année » bien que, grâce à toutes les campagnes développées autour de ce sujet crucial, on remarque une baisse sensible des contaminations nosocomiales depuis 2001, environ 10 % selon la dernière enquête de prévalence en France effectuée en 2006.

Le  kit d’audit de traçabilité d’hygiène des mains et des flux est basé sur le principe de l’identification par radio fréquence (RFID). Des personnels équipés d’une puce RFID (tag) sont détectés au passage d’antennes. Les tags sont insérés soit dans les sabots ou chaussures des personnels ou dans le bas de leurs tenues de travail (pantalons ou blouses).

Les antennes sont disposées au sol en des emplacements singuliers pour les détections de personnels:

  •  en station devant un distributeur de Solution Hydro Alcoolique (SHA)  à l’extérieur et à l’intérieur de la chambre
  •  au passage de portes de chambres ou de salles en cas de mesures de flux
  •  en station ou mouvement autour autour du lit du patient

L’ensemble des relevés des passages permet de s’assurer de la conformité des parcours aux protocoles d’hygiène des mains et de tâches.

Les antennes sont alimentées en courant HF de faible puissance. Des lecteurs sont reliés à un réseau WiFi et adressent l’ensemble des informations de détection de passages à un serveur.

chambre

Toutefois comme nous l’avions rappelé dans notre article : Hygiène : les infirmiers libéraux ne s’en « lavent pas les mains », les soignants semblent confrontés à de réelles difficultés à effectuer ce geste : les IDELs interrogés étaient seulement 45 % à se laver les mains avant chaque visite à domicile… Ce qui avait bien évidemment alarmé les professionnels de santé comme les patients, bien que les raisons de ce constat, certes alarmant, ne soient pas encore assez prises en compte.

Ainsi l’équipe des Maladies Infectieuses et Tropicales (MIT), dirigé par le Pr Philippe BROUQUI à l’Hôpital Nord de Marseille s’est portée volontaire pour tester un nouveau moyen de promouvoir, de rappeler et de motiver son service autour d’un même enjeu : Médi-Handtrace mis au point Micro BE et Ephygie-Hand, deux entreprises françaises du Var, pour tracer électroniquement le lavage des mains effectué par les soignants en leur faisant porter la puce électronique dans leurs chaussures.

Un moyen parmi d’autres pour répondre à des problèmes humains bien plus qu’à des négligences comme pourraient le penser certaines mauvaises langues.

Pourquoi les infirmiers libéraux et les infirmiers de la Fonction publique ne se laveraient-ils pas suffisamment les mains ?

On pourrait penser que Médi-Handtrace serait bien plus un moyen de contrôler le personnel que de lutter efficacement contre l’abandon de certaines pratiques au profit de temps gagné, d’autant plus qu’il a été installé en même temps qu’un autre système, le Patient Smart Reader, un système de scannettes de codes-barres permettant d’enregistrer les soins effectués par chaque soignant pour chaque patient. Le but ne semble pas là, comme l’explique Elisabeth Costa cadre supérieur de santé, « Cela nous a permis de sécuriser les soins – notre objectif numéro un -, mais aussi de valoriser les compétences du personnel, toutes catégories confondues. Nous étions tous rassemblés autour de ce projet de recherche, et avons pu remettre en question nos pratiques, en analysant les obstacles à l’utilisation des solutions hydro-alcooliques. Cela a créé une émulation très bénéfique pour toute l’équipe ».

Plusieurs études démontrent, basées sur les mêmes critères, que le manque d’hygiène des mains des soignants ne serait pas dû à une négligence pure mais surtout à la fatigue, au stress et aux tâches répétitives accumulées sur plusieurs heures (trop ?) continues : « La pression exercée est telle que les employés se focalisent sur le fait de rester performants dans leur tâches principales (diagnostic des patients, prescriptions de médicaments…), en particulier quand la fatigue commence à se faire sentir» , précise Hengchen Dai, doctorant en Pennsylvanie responsable d’une étude publiée le 10 novembre par le Journal of Applied Psychology.

Rappelons que la France a été montrée du doigt par la Commission européenne en mars dernier, afin de se conformer à la législation mise en place en Europe qui impose une durée maximale de travail de 48 heures par semaine pour le personnel hospitalier. Quant aux infirmiers libéraux et leurs journées de travail allant de douze à quinze heures par jour, oui, parfois ils oublient aussi de se laver les mains. Et, bien sûr, cette question d’hygiène élémentaire est importante.

Mais les mains ne sont-elles pas la conséquente évidente d’une surcharge évidente de travail disproportionnée aux moyens humains ? Les infirmiers ne peuvent peut-être pas avoir le sort de tous leurs patients… entre leurs mains !

Et vous, infirmières et infirmiers libéraux, que pensez-vous de cette puce électronique qui veillent au lavage des mains ? Trouvez-vous que des solutions électroniques de ce type pourraient vous être utiles dans votre travail quotidien ? Que pensez-vous de la seconde étude américaine mettant en relation l’oubli du lavage des mains avec une surcharge de travail et de tâches répétitives ?