Les personnes âgées sont, en 2014, 12,1 millions de plus de 60 ans et de 5 millions de plus de 75 ans. Un nombre qui sera doublé dans les dix prochaines années. Pourtant si le maintien de la vie à domicile devient petit à petit un enjeu devenu crucial, la communication dans la prévention face à ce public particulier mais vigilant n’est pas toujours très adaptée, en particulier en ce qui concerne les politiques de santé françaises.

Communiquer avec des patients âgés pour prévenir le risque : le défi de l’infirmier libéral

L’infirmier libéral, de par son rôle immédiat face à la dépendance et à la perte d’autonomie, est bien souvent face à ce type de problème : comment bien s’exprimer face à une personne âgée afin d’être compris et que le soin à lui apporter se passe au mieux ? En réalité si parfois la question se pose, elle se résout bien souvent assez simplement : un message simple, logique et pertinent.

Sans compter les multiples petites attentions qui feront de votre lien avec votre patient une belle histoire de complicité… En réalité les personnes les plus à mêmes de pouvoir connaitre la façon de s’exprimer face à ce public de plus en plus nombreux ne sont-ils pas vous, les professionnels de proximité les plus présents à leurs côtés ? Pourtant, certaines évidences que vous croisez au quotidien ne semblent pas assez acquises en communication publique : adapter les supports (brochures, guides, feuilles de soins…) à une visibilité réduite ou rendre plus accessibles, physiquement parlant, certains lieux dédiés plus particulièrement aux seniors.

Comme nous l’avions remarqué dans un précédent article, on parle de vieillissement de la population, comme d’un problème mais rarement des aspirations profondes de ses personnes, de leurs envies, de leur curiosité ou de leur volonté de se maintenir en bonne santé.

Nos amis canadiens auteurs de la déjà très célèbre brochure « Communiquer avec les aînés » sont les auteurs du même guide mis au goût du jour « Pour bien communiquer avec les aînés ». Ou comment une communication plus efficace peut aider les professionnels de santé à domicile à mieux prévenir les risques de cette population d’aînés fragiles. Pourtant pas si différente des autres contrairement aux clichés…

La santé et la communication des campagnes de prévention auprès des personnes âgées

Le guide canadien évoque en tout premier lien une évidence pour ceux qui travaillent au quotidien avec des personnes âgées mais une exception pour ceux qui tentent de leur communiquer des messages : un senior est une personne comme une autre !

« Tout compte fait, la communication qu’on adapte aux aînés a bien des chances d’être plus universelle en étant plus inclusive. Lorsque l’information est facile à voir, à entendre et à comprendre, tout le monde en bénéficie. Lorsque les services et les installations sont accessibles, sûrs et bien conçus, tout le monde peut les utiliser en toute sécurité. Et quand les employés sont formés pour traiter les clients avec délicatesse et respect, ils assurent un meilleur service à l’ensemble des consommateurs ».

Adapter les messages aux seniors ne signifient les rendre puériles voire infantilisants, c’est les rendre compréhensibles, clairs et efficaces. Encore bien trop souvent absents dans nos multiples brochures françaises faisant croire, à tort, que les personnes âgées ne s’intéressent pas assez à leur santé.

En effet selon le Baromètre Santé 2010 établi par l’INPES, les 50-85 ans se sentent plus ou moins bien informés sur les maladies, les traitements et les évolutions de la santé en général. Toutefois notons le pourcentage élevé de craintes comme le sentiment d’être mal informés sur des thèmes de santé les concernant tels que :

  • la vaccination (72,7 % se sentent mal informés),
  • les IST hors sida (69,5 %),
  • la maladie d’Alzheimer (65,6 %),
  • la dépression (61,8 %),
  • les risques liés à l’environnement (60,9 %) et,
  • les nouvelles épidémies (59,3 %).

« Dans une société où l’accès à l’information n’a plus de barrière, où toute question trouve une réponse (parfois non validée scientifiquement), il existe finalement peu de données dans la littérature sur le niveau d’information santé ressenti chez les seniors. De plus, on peut se demander si cette (sur)information, surtout lors de ce second temps de la vie, n’accentue pas les craintes vis-à-vis des maladies ou des risques liés à la santé ».

Le tout serait enfin de prendre en compte des besoins qui somme toute semble évidents (visibilité, disponibilité des préventions) pour les communiquer à tous. La réponse à ce problème est donc toujours la même. Arrêtons avec les clichés du vieillard sénile, arrêtons d’exclure nos seniors sous prétexte qu’ils sont âgés !

Et vous, infirmières et infirmiers libéraux, pensez-vous que nos campagnes françaises de prévention devraient s’adapter aux besoins des seniors ? Que pensez-vous du type de communication établi jusqu’alors entre les politiques de santé publiques et les seniors ? Croyez-vous que, de par votre proximité avec ce public, vous pourriez devenir des interlocuteurs privilégiés ?