Entre évolution de leur mission au quotidien et durcissement des contraintes en tout genre, les infirmières et infirmiers libéraux doivent réussir à se faire entendre. Si les IDEL(s) suscitent bien plus que de la reconnaissance de la part de leurs patients, ils sont souvent ignorés du grand public !

Les infirmières et infirmiers libéraux, des professionnels appréciés par leur patientèle

On n’en parle pas assez souvent, mais la qualité des relations unissant les professionnels de santé et leurs patients font partie des gestes de reconnaissance du quotidien. Les infirmières et les infirmiers libéraux, comme tous les autres soignants, tirent de cette reconnaissance non pas une fierté, mais une satisfaction. Il suffit de lire le témoignage des patients eux-mêmes, mais aussi des familles de ces derniers pour comprendre à quel point l’infirmière ou l’infirmier libéral représente bien plus qu’un soignant.

En fonction des soins prodigués, de l’ancienneté de la relation entre le patient et son IDEL, …, une complicité peut s’instaurer entre les deux. Certes, la mission première de l’infirmière ou de l’infirmier libéral consiste toujours à s’assurer des soins et de l’hygiène des personnes visitées, conformément aux différentes dispositions légales définissant leur mission. Mais lorsque cet IDEL représente l’une des seules, voire l’unique, visite de la journée, on comprend aisément que son arrivée est attendue avec impatience et fébrilité. Bien souvent, les patients et leurs familles témoignent à ces infirmières et infirmiers libéraux de la gratitude pour leur travail d’une part, mais aussi pour leur dévotion et leur compréhension.

Une profession méconnue et donc ignorée par le « Grand Public »

Cet attachement à la profession même d’infirmière ou d’infirmier libéral s’oppose néanmoins à la méconnaissance de la grande majorité des Français et des Françaises. Là où certains soulignent avec empressement la gentillesse et la disponibilité des IDEL(s), d’autres, en revanche, se bornent à se complaire dans une vision stéréotypée de l’infirmière libérale. On se souvient alors de ces images d’Epinal, dévoilant une infirmière se déplaçant de domicile en domicile au volant d’une voiture haut de gamme. L’image d’Epinal, même si elle a pu représenter une réalité d’un autre temps, demeure aujourd’hui bien éloignée de la réalité du terrain.

Dans l’inconscient collectif, l’IDEL reste une auxiliaire de soins, la population se refusant à considérer l’infirmière libérale comme une soignante à part entière.

Loin de cette vision passéiste de l’exercice libéral de la profession infirmière, l’IDEL d’aujourd’hui doit, outre ses missions traditionnelles :

  • Faire face au vieillissement de la population
  • Affronter l’incitation à rester chez soi le plus longtemps possible
  • Répondre à la volonté de développer l’hospitalisation de courte durée
  • S’adapter aux pathologies multiples, de plus en plus récurrentes dans leur patientèle
  • Se conformer aux nouvelles mesures, instituant et organisant le parcours du soin
  • ….

Sans porter un jugement négatif, une majorité de la population connait (très) mal cette profession si particulière. C’est cette méconnaissance, qui explique, en partie, que les revendications des infirmières et des infirmiers libéraux ne suscitent pas le même engouement que lorsqu’il s’agit de médecins ou d’autres professionnels de santé.

Entre gratitude et ignorance, quelle voie pour les IDEL(s) pour se faire entendre ?

Si les IDEL(s) cherchent plus que jamais à faire entendre leur voix à une époque, où le système de santé connaît une véritable (r)évolution, infirmières et infirmiers libéraux doivent dépasser cette méconnaissance du grand public, qui ignore les nouvelles missions, qui leur sont confiées mais aussi les lourdes responsabilités, qui pèsent sur leurs épaules à un moment où notre mode de vie change (vieillissement, maintien à domicile, …)

Ainsi, la généralisation du tiers-payant en ce qui concerne les médecins a suscité, avant son adoption, une contestation généralisée de la part de ces professionnels de santé. Ce mécontentement a su trouver une écoute active de la part du public. Même si cette attention n’a pas empêché l’adoption de la mesure, elle démontre la différence dans l’esprit collectif entre les infirmières et infirmiers libéraux d’une part et les médecins d’autre part.

Pourtant il faudra bien que les IDEL(s) réussissent à se faire entendre. Les débats sont ouverts et de nombreuses questions se posent quant à l’intensification du développement de l’hospitalisation de courte durée mais aussi quant à l’allongement du maintien à domicile, alors que le vieillissement de la population est inéluctable. Les solutions impliqueront nécessairement les IDEL(s), qui doivent donc réussir à faire connaitre leurs spécificités mais aussi leurs propositions. Personne ne doute qu’infirmières et infirmiers libéraux y parviendront, mais sous quelle forme ? Voilà la véritable question !

Infirmières et infirmiers libéraux, comment expliquez-vous cette relative “ignorance” affichée par la population à votre encontre ? Comment estimez-vous réussir à mieux faire comprendre vos responsabilités et vos difficultés à exercer votre profession ?