Face à la colère grandissante des infirmières et infirmiers libéraux de France, certains ont décidé de ne plus rester silencieux et d’agir de manière concrète. Le collectif IDEL Cotentin en colère en est un parfait exemple, et nous avons pu discuter avec Florent et Aurélie, qui sont à l’origine du mouvement !

Les infirmières et infirmiers libéraux de Cherbourg et du Cotentin se mobilisent

Nous nous faisons souvent l’écho des revendications des infirmières et des infirmiers libéraux, de leur malaise et de leurs difficultés à exercer leur profession dans les meilleures conditions. Cette colère, souvent silencieuse, se traduit néanmoins par une mobilisation sur le terrain. A Cherbourg aussi, les IDEL(s) sont exaspérés et entendent bien le faire savoir. Nous avons pu discuter avec Florent Régal et Aurélie Biville, qui sont à l’origine d’un rassemblement d’IDEL(s) de Cherbourg et de ses environs. Même si les raisons de mécontentement sont anciennes, la publication du rapport de la Cour des Comptes, en septembre dernier, fut la goutte d’eau de trop.

Au départ face à une exaspération grandissante, un groupe Facebook a été créé, groupe fermé afin de permettre aux infirmières et infirmiers libéraux d’échanger sereinement entre eux. Comme nous l’a expliqué Florent, « la situation, au niveau local, est catastrophique, et il fallait agir ou tout du moins réagir afin de ne pas se laisser écraser sans rien faire ». Constatant que les inquiétudes de chacun étaient largement partagées par bon nombre de professionnels de Cherbourg et des environs, un collectif IDEL Cotentin En Colère était créé dès le 04 décembre 2015. Aujourd’hui, 65 IDEL(s) ont déjà rejoint le collectif, qui ne compte pas s’arrêter là.

Des revendications ou l’envie d’affirmer une autre vision de la profession infirmière ?

Les revendications sont nombreuses, et les deux professionnels sont aussi passionnés que remontés. Quand Aurélie s’emporte contre « les heures passées au téléphone pour régler des problèmes administratifs », Florent dénonce « l’hypocrisie affichée de « l’égalité de soins pour tous » avec la fausse bonne idée de la généralisation du tiers-payant et de l’obligation de la mutuelle pour les salariés ».

« Non seulement, on doit faire face aux rejets de remboursement s’énerve Florent, mais on s’angoisse aussi de plus en plus face aux réclamations d’indus, qui se font de plus en plus nombreuses ». Faut-il rappeler, qu’après la publication du rapport de la Cour des Comptes, l’intensification du contrôle de l’activité des infirmières et infirmiers libéraux est devenue une incontestable réalité.

Il ne s’agit pas pour ce collectif de stigmatiser les organismes payeurs, avec lesquels les relations sont de plus en plus tendues, mais bien de « souligner la dégradation catastrophique des conditions de travail » clame Aurélie !

Il suffit d’écouter la liste des griefs s’écouler pour comprendre que le malaise est profond. La « chasse aux sorcières, initiée par ce rapport de la Cour des Comptes » est insupportable explique Florent, qui condamne dans le même temps « cette nomenclature, devenue totalement obsolète ». Que dire de « l’absurdité de la dégressivité des actes » renchérit Aurélie, qui refuse catégoriquement « l’amalgame du « tous pourris » alors que seuls quelques éléments isolés peuvent ternir la réputation de notre profession ».

« Tout travail mérite salaire » résument en cœur les deux IDEL(s) engagés, qui déplorent de ne plus être représentés ni par les syndicats en place, ni même par l’Ordre Infirmier. Pour eux, comme pour les 55 membres du collectif, il était donc temps de se regrouper pour agir.

C’est avec force et passion, qu’Aurélie et Florent clament ce qui pourrait représenter l’âme et la raison d’être de ce collectif : « Hier se soigner était un droit, aujourd’hui c’est une chance et demain ce sera un luxe ».

Une action collective pour ne plus rester silencieux face à ces persécutions et à cette atmosphère détestable

Si le collectif IDEL Cotentin En Colère est depuis le départ motivé pour agir de manière concrète, il a fallu quelques jours pour envisager quelles formes devaient prendre cette action. Déjà que Florent fustige les autorités sanitaires du pays, qui préconisent de « laisser les patients se débrouiller seul », il était inenvisageable pour le collectif de pénaliser la patientèle. Parce qu’il faut un début à tout, le collectif a donc adresser une lettre ouverte à Marisol Touraine, Ministre de la Santé. Certes, même si la période n’est guère propice à l’ouverture d’un débat public, Florent et Aurélie attendent « bien plus qu’une réponse. Les discours ne suffisent plus à apaiser les maux de notre profession. »

Des IDEL(s) du Cotentin à tous les infirmières et infirmiers libéraux de métropole, un pas à franchir !

Il ne reste donc plus qu’à attendre pour connaître les propos du ministère de la Santé mais aussi pour savoir si la lettre ouverte du collectif suscitera l’intérêt des médias déjà contactés. Même si le collectif est local, dénonçant une situation intolérable à Cherbourg et dans sa région, il espère bien ne pas être seul et susciter d’autres initiatives. Infirmières et infirmiers libéraux, c’est donc à vous de promouvoir cette initiative si vous partagez (et nous savons que c’est le cas pour la très grande majorité d’entre-vous) ce constat. Parlez-en, partagez-le avec vos collègues, confrères et consœurs, …

Nous reviendrons, plus en détails, sur cette lettre ouverte mais aussi sur la suite des actions de ce Collectif IDEL Cotentin en Colère dès le début de la nouvelle année. Nous espérons avoir commencé, avec cette rencontre de Florent et Aurélie, le début d’une « belle histoire de Noël », et il vous faudra donc patienter quelques semaines pour en connaître le dénouement. Si vous résidez à Cherbourg ou dans le Cotentin, rejoignez le collectif IDEL Cotentin en Colère sur leur page Facebook ou en les contactant directement par mail.

Infirmières et infirmiers libéraux, avez-vous participé à une initiative de ce genre ? Selon vous, quelle serait la forme d’action la plus appropriée ? Etes-vous prêt(e) à vous mobiliser pour défendre votre profession ?