Dans un monde idéal, chaque soin infirmier et chaque matériel utilisé par les IDEL(s) au quotidien devraient faire l’objet d’une ordonnance détaillée du médecin. Mais, les infirmières et les infirmiers libéraux ne vivent pas dans ce monde idéal, et sont de plus en plus souvent confrontés à des oublis ou des négligences des médecins et des chirurgiens.

L’IDEL, une professionnelle de santé ou une assistance du médecin ou chirurgien ?

C’est en lisant une des nombreuses chroniques d’infirmières libérales sur la Toile (vous savez, ces blogs où les IDEL(s) préfèrent rire de leur quotidien et continuer à avancer plutôt que de se lamenter inutilement) que nous avons décidé de consacrer un billet à ces relations si difficiles entre chirurgiens et médecins d’une part et infirmières et infirmiers libéraux d’autre part.

En tant qu’IDEL, vous connaissez cette situation épique, où confronté à un(e) patient(e) vous constatez que vous ne disposez pas de l’ordonnance nécessaire à la réalisation de vos soins infirmiers. Ce moment, où vous devez changer un pansement, alors que le chirurgien n’a pas jugé utile de rédiger une ordonnance pour le matériel nécessaire.

Quelle que soit la situation, quelle que soit la lacune constatée, vous vous retrouvez seul face à votre patient. A quoi bon essayer de lui expliquer que vous ne pouvez pas réaliser des soins, qui n’ont pas été prescrits alors que quelques jours, ou quelques heures plus tôt, le chirurgien lui a expliqué que l’infirmière se chargerait très bien de cette mission lors de son prochain passage. C’est donc à vous de vous débrouiller, car dans ces situations-là, vous ne réussirez jamais à joindre le médecin concerné.

L’infirmière ou l’infirmier libéral, une mission bien définie et des soins à prodiguer

Ce ne sont pas les textes, qui manquent, lorsqu’il s’agit de règlement l’activité des IDEL(s) au quotidien. Les soins infirmiers sont strictement encadrés, et l’autonomie des infirmières et des infirmiers libéraux scrupuleusement limitée. Mais alors, devez-vous vous en tenir à l’application stricto sensu de ces textes ? Les pansements à refaire devront-ils attendre que vous disposiez de l’ordonnance en bonne et due forme du médecin / chirurgien ? L’oubli d’une prescription par le médecin traitant d’un patient doit-il condamner ce dernier à une nouvelle visite chez le médecin et donc à un nouvel appel à vos services, ou réaliserez-vous ces soins infirmiers nécessaires en attendant le fax libérateur du médecin ?

Il ne s’agit pas de trancher ou de stigmatiser ces médecins, qui sont devenus les champions de ces oublis à répétition. Mais de comprendre, pourquoi ces situations délicates se multiplient. Et puis sans ordonnance, les soins que vous prodiguez, ne seront pas alors pris en compte. Des soins gratuits offerts par le médecin et restant, bien entendu, à votre charge.

Entre professionnalisme et agacement, le bon sens des IDEL(s) soumis à rude épreuve

Les médecins connaissent-ils tous parfaitement les soins infirmiers réalisés à domicile pour chacune des pathologies ou même les soins post-opératoires ? La question mérite d’être posée devant la multiplication de ces oublis. Il s’agit en fait bien plus que de simples oublis, puisque ceux-ci vont monopoliser l’attention de l’infirmière ou de l’infirmier libéral concerné. Comprendre le pourquoi du comment, essayer de joindre le médecin prescripteur, récupérer, dans le meilleur des cas, un fax, …une succession de tâches, qui s’ajoute à un emploi du temps déjà très surchargé. Comme si le quotidien d’un(e) IDEL avait besoin de cela pour se remplir.

Mais la pression va aussi être plus psychologique, moins visible mais toute aussi prenante. Devez-vous alors laisser le patient(e) se débrouiller pour qu’il contacte lui-même son médecin ? Devez-vous réaliser, si cela est possible, les soins et régulariser la situation ultérieurement, quitte à vous placer en dehors de la légalité (des soins infirmiers sans une ordonnance, vous n’y pensez pas) ? Devez-vous perdre votre temps, votre énergie et votre motivation en réglant vous-mêmes et un à un chacun des problèmes soulevés par cette négligence médicale ?

Chaque cas est unique, et seul le bon sens des infirmières et des infirmiers libéraux au quotidien permettra de trouver la meilleure solution. Dans tous les cas cependant, c’est bien l’IDEL, qui sera confronté à cette triste et dure réalité. Evoqués ainsi à travers les quelques lignes de ce blog ou sur l’un, ou l’autre de ceux tenus par les IDEL(s) de France, ces oublis (ne peut-on pas parler d’erreur ?) n’apparaissent pas comme insurmontables, mais au quotidien, ils se rajoutent à un emploi du temps surchargé et à de (trop) nombreuses contraintes administratives.

Infirmières et infirmiers libéraux, que pensez-vous de ces oublis à répétition dans la rédaction des ordonnances ? Quelle est votre attitude face à une telle situation ? Avez-vous des témoignages précis et détaillés à porter à la connaissance du plus grand nombre ?