Menacé par plusieurs projets de loi, l’Ordre National Infirmier a été confirmé dans son existence même en décembre dernier. Mais cela ne règle pas les difficultés de l’ordre au quotidien, puisque 80 % des infirmières et des infirmiers de France n’y sont toujours pas inscrits.  

Un ordre national des Infirmiers, conforté dans sa mission et dans son existence !

L’Ordre National des Infirmiers (ONI) revient de loin, puisqu’il a échappé, de peu, à sa disparition programmée. En effet, plusieurs amendements avaient été déposés lors de l’étude de la loi de Santé en 2015 pour rendre l’ONI facultatif, voire même, pour un de ces amendements, à supprimer cette instance de représentation professionnelle. Sénateurs et députés se sont donc querellés quant à l’avenir de cet ordre, dont l’avenir n’est plus menacé, d’un point de vue légal seulement. Car dans les faits, les infirmières et les infirmiers libéraux, comme les infirmières hospitalières, se sont déchirés sur le sujet, certains défendant avec ferveur l’existence de l’ONI, alors que d’autres se plaisent à en souligner l’inutilité.

Cet ordre professionnel est l’objet de bien des critiques depuis des années. Si l’inscription à l’ONI est obligatoire sous peine d’être poursuivi pour « exercice illégal de la médecine », l’adhésion, dans la réalité, reste très aléatoire tant du côté des IDEL(s) qu’en ce qui concerne les infirmières et infirmiers salariés. Puisqu’il n’existait pas, dans les faits, de poursuites engagées contre les infirmières et les infirmiers non-inscrits, les amendements visaient à régulariser une situation hors de contrôle. Cette situation pourrait, selon les amendements déposés, être préjudiciable aux infirmières et infirmiers d’une part mais aussi aux patients d’autre part.

L’ONI et les infirmières et les infirmiers libéraux, entre passion et colère !

Si cette représentation officielle et déontologique de la profession infirmière sort confortée de ce débat, il lui faut néanmoins convaincre les professionnels concernés. Beaucoup se plaisent à rappeler, que l’existence d’un ordre infirmier reste nécessaire pour une profession peu syndiquée (Moins de 5 % des infirmières et des infirmiers appartiennent à un syndicat). Seul un ordre indépendant, selon eux, peut garantit l’indépendance de la profession face à un ordre médical, qui n’en refuserait pas la tutelle.

D’autres en revanche dénoncent l’inutilité voire l’inaction de cette instance, qui semble même être méconnu des infirmières et infirmiers fraîchement diplômé. Certes, le montant de la cotisation (30 euros pour les salariés, 75 euros pour les libéraux) peut apparaître comme modique au vu de ce qui se vit à l’étranger. Mais, les infirmières et les infirmiers libéraux sont nombreux à se poser la question du fondement même de cet ordre, qui ne réussit pas à définir clairement ses missions. Au quotidien, l’Ordre National Infirmier est absent pour aider les IDEL(s) à faire face aux nombreuses problématiques qui se posent à eux, et dont nous nous faisons l’écho si régulièrement.

L’avenir de la profession infirmière dépendra aussi du sort réservé à l’ONI !

Comme pour tous les professionnels de santé, les infirmières et les infirmiers libéraux exercent une activité, qui ne peut pas dépendre des seules lois du marché, mais aussi répondre à des exigences éthiques, morales et d’intérêt général. C’est dans cet esprit, que l’Ordre National des Infirmiers a été créé par une loi, adoptée en … décembre 2006. On comprend le malaise de la profession à reconnaître un ordre si « jeune » et dont les actions apparaissent plus contraignantes (régulation de l’installation des nouveaux IDEL(s), protection du patient et respect des règles déontologiques, …) que bénéfiques.

Pourtant, les nouvelles mesures, instaurées notamment par la dernière loi de Santé, impliquent une redistribution des rôles dans le domaine de la santé, et les infirmières et infirmiers libéraux vont devoir faire face à la montée de l’Hospitalisation à domicile (HAD), nouveau fer de lance du Ministère de la Santé.

Plus que jamais, les IDEL(s) comme tous les soignants ont besoin de se faire entendre pour définir précisément et durablement leur mission et les modalités pour exercer ces dernières dans ces meilleures conditions. Puisque les infirmières et infirmiers libéraux sont peu syndiqués, il ne reste que l’Ordre National des infirmiers pour tenir ce rôle de représentant. Seulement en ne fédérant que 20 % des infirmiers en France, l’ONI peut-il vraiment être représentatif et parler au nom des 80 % des infirmières et infirmiers, qui ne se sont pas inscrits ?

Peut-être existe-il une autre voie, puisque l’on constate, de plus en plus, la création de collectifs d’IDEL(s) pour dénoncer une situation précise ou s’attaquer à une problématique définie. Ces rassemblements spontanés pourraient, dans l’avenir, devenir le nouveau moyen de communication des infirmières et des infirmiers, et il suffirait alors de les regrouper pour élargir le champ d’action des revendications. Il ne resterait alors plus qu’à trouver un nom à ce nouveau mouvement, à moins que d’ici là, celui d’Ordre National Infirmier soit, à nouveau disponible…

Infirmières et infirmiers libéraux, êtes-vous inscrits à l’ONI ? Pourquoi ? Quel jugement portez-vous sur cet ordre, qui doit vous représenter ? A-t-il son utilité ou doit-on trouver une autre forme de représentation de votre profession ?