Comment se portent les professionnels de santé ? Des réponses prévisibles.

En faisant régulièrement état des sujets qui préoccupent les infirmières et les infirmiers libéraux, nous ne pouvons que nous féliciter de l’édition 2016 du Scan CMV Médiforce. Cet observatoire des professionnels libéraux de santé dresse en effet le même constat, en lui donnant une nouvelle force, celle des chiffres.

Le malaise des IDEL(s) traduit à travers une étude sur les professionnels de santé

Pour sa 5ème édition, le Scan CMV Médiforce traduit l’état d’esprit des professionnels libéraux de Santé (PLS). L’observatoire des professions libérales de santé repose sur une enquête réalisée entre le 18 novembre et le 08 décembre 2015 par le cabinet Vision et talents. 486 professionnels de santé ont ainsi été interrogés : médecins généralistes, chirurgiens-dentistes, pharmaciens, infirmières et infirmiers libéraux, kinésithérapeutes-ostéopathes, vétérinaires, biologistes, radiologues. Si le rapport revient en détail sur l’approche de ces PLS vis-à-vis des nouvelles technologies en général, et de la télémédecine en particulier, il s’attarde aussi à étudier le sentiment de ces professionnels de santé s’agissant de leur propre profession.

Semaine après semaine, nous soulignons l’inquiétude des infirmières et des infirmiers libéraux, qui condamnent la dégradation de leurs conditions de travail mais aussi les incertitudes, pesant sur la nouvelle organisation de la santé en France. Ces préoccupations trouvent, avec cette étude, une concrétisation chiffrée, qui atteste de la réalité de la situation. On ne pourra plus désormais affirmer qu’il s’agit d’un simple ressenti mais nous devrons bien nous appuyer sur cette analyse minutieuse pour comprendre les raisons de ce malaise.

Si l’observatoire dresse la réalité de tous les professionnels libéraux de santé à la fin de l’année 2015, force est de constater qu’IDEL(s) et médecins, kinésithérapeutes et radiologues, …, partagent, en grande partie, le même jugement critique sur la situation actuelle et ne se montrent pas plus optimistes en évoquant les mois ou les années à venir. 

Un optimisme modéré et une vision de l’avenir toujours aussi morose

Quand il s’agit de s’exprimer sur la situation générale de leur profession, les infirmières et infirmiers libéraux sont les plus optimistes de tous les professionnels de santé, en accordant une note moyenne de 5,6 contre 4, 9 pour la moyenne des PLS. Tout en restant plus optimiste que la moyenne, les IDEL(s) se montrent néanmoins moins confiants lorsqu’il s’agit de noter l’avenir de leur propre profession, puisque la note chute alors à 4,6. Il faut souligner que plus d’un infirmier libéral sur deux note encore plus sévèrement cet avenir en octroyant une note inférieure à 4.

Cela confirme bien les inquiétudes, que nous relevons régulièrement quant à l’exercice libéral de la profession infirmière. Les débats houleux, ayant entouré l’adoption de la nouvelle loi de Santé, mais aussi le sulfureux rapport de la Cour des Comptes, qui a stigmatisé les infirmières et les infirmiers libéraux, ne sont pas étrangers à ce « pessimisme » ambiant. On comprend mieux dans un tel contexte, que les PLS en général, et notamment les infirmières et les infirmiers libéraux, soient de moins en moins nombreux à se déclarer « prêt à recommander leur profession à un jeune. »

Des obstacles pour la profession d’infirmière ou d’infirmier libéral

Ce rapport s’interroge alors sur les raisons conduisant à un tel pessimisme. Il est à noter que les infirmières et infirmiers libéraux répondent à l’unisson avec les autres PLS lorsqu’il faut désigner les principaux sujets de préoccupation.

Les sujets de société, comme l’automédication (42%), ne figurent pas parmi les principaux reproches des PLS. De même en ce qui concerne la baisse du nombre de médecins généralistes (74%) ou même la désertification médicale de certains territoires (72 %), la préoccupation reste forte mais ne représente pas la même amplitude que lorsque cela concerne le pouvoir d’achat en baisse (94 %) ou même celle la diminution des revenus (91 %).

Pour les professionnels de santé libéraux, les inquiétudes principales sont ailleurs. Ils sont en effet 97 % à juger préoccupant les charges et/ou la fiscalité de leur profession et 94 % à déplorer les contraintes administratives et bureautiques. La quasi-unanimité des professionnels de santé est donc plus préoccupée par leurs conditions de travail. On retrouve dans cet instantané des professionnels de santé les mêmes préoccupations, dont les IDEL(s) font preuve tout au long de l’année, en réagissant aux différents sujets évoqués ici.

Vous reconnaissez-vous dans le constat dressé par cet observatoire ? Existe-t-il selon vous des raisons d’espérer une amélioration de ces conditions ? Ou pensez-vous à l’inverse, que la situation ne peut que se dégrader ?