C’est à travers les réactions des infirmières et des infirmiers libéraux que l’on saisit le mieux la réalité de cette profession en mal de reconnaissance.

Des réactions pour témoigner d’un quotidien passionnant….

Même s’il est nécessaire de rester informé de l’évolution de la législation, des projets menés par le Ministère de la Santé, des initiatives prises ici-et-là pour favoriser le maintien des personnes âgées à leur domicile, …. rien ne remplacera jamais le témoignage des infirmières et des infirmiers libéraux pour saisir la réalité de cette profession. A chacun de nos articles, vous êtes nombreuses et nombreux à réagir et à nous révéler votre quotidien.

Alors, lorsque nous évoquions la prochaine refonte de la nomenclature, vous avez réagi de manière encore plus importante. Comme l’écrit Nasséra Redjem, vous avez saisi l’urgence de la situation : « Revoir la nomenclature c’est plus qu’urgent! L’infirmière libérale est l’infirmière à tout faire! Et c’est normal ! La prise en charge des patients à domicile a évolué mais pas la nomenclature ! »

La cotation concentre une grande partie des reproches faits par les IDEL(s), qui doivent en outre composer avec cette « proximité » du patient. Sandrine Hz le résume parfaitement en écrivant « (…) je me rends compte qu’on en est tous à faire tout et n’importe quoi au domicile de nos patients, ceci n’est pas un reproche, (…). »

Elle poursuit en argumentant pour une revalorisation nécessaire. « (…) en nous augmentant un peu ça comprendrait tous ces « à côté » que l’on fait pour des raisons diverses et variées (concurrence, amour du patient, dépannage, décryptage d’écritures médicales, consultations, etc., etc…) ». Mais ces tâches, non prévues à la nomenclature certes, contribuent, selon elle, « au maintien des patients à domicile, et sans eux il n’y aura plus besoin de nous. »

Les infirmières et infirmiers libéraux s’interrogent et imaginent l’avenir de leur profession

Malgré ces reproches, les IDEL(s) restent attachés à leurs missions et apparaissent lucides quant à la diversité de leur profession, comme le précise Christiane Ayrault Graveleau : « Infirmier en ruralité est bien différent d’infirmier en urbanité… En ruralité, la demande humanitaire de l’aide, en plus de notre fonction est bien plus importante du à l’impossibilité de déplacement pour les patients étant donné la distance entre un centre de soins et leur domicile, et arrivés à un certain âge, c’est très difficile pour eux de se déplacer s’ils sont seuls … Donc nous devenons alors des infirmiers coursiers par nécessité humanitaire (ce mot « humanité » fait aussi parti de la profession, non ?!). »

Il ne s’agit donc plus que de nomenclature mais bien d’une reconnaissance de la profession même d’infirmière libérale. Et encore, si réforme de la nomenclature il y a, vous êtes nombreux à craindre les conséquences. N’est-ce pas le sentiment d’Olivier Seban ? : « Si la nomenclature change comme pour les perfs…. on n’a pas fini de se faire arnaquer !!!! »

Isabelle Soatto Monbertrand ne peut, elle aussi, que constater la situation, tout en osant soulever la question de la féminisation de la profession. «  (…) les IDEL(s) n’ont aucune pression sur la sécurité sociale : la concurrence (ce que n’ ont pratiquement pas les médecins), et malheureusement la reconnaissance de notre métier (on compose toujours auprès des patients pour le kiné, le médecin etc.. Puisque l’on intervient tous les jours. Après je me pose toujours la question si ce métier était composé majoritairement d’hommes est ce que cela serait différent sur le prestige du métier. … »

De son côté, Stéphanie Guy ose avancer une explication : Je reste persuadée que les ambiguïtés sont volontaires !! Comme ça de notre côté des conneries sont faites (parce que même les médecins conseils sont parfois incapable de nous donner la bonne cotation) comme ça on peut nous tomber dessus en prétextant n’importe quelle connerie pour récupérer de la tune … Hâte d’une nouvelle nomenclature claire et précise !! En espérant qu’ils s’entourent de vrais professionnels pour la créer sinon encore un beau loupé ». 

Les doutes et les hésitations sont donc nombreuses et variées quant à cette réforme de la nomenclature, mais les infirmières et les infirmiers libéraux semblent, dans leur grande majorité, être d’accord sur un point : être associés directement à ce changement.

Pensez-vous que la participation des IDEL(s) à cette réforme de la nomenclature est essentielle voire indispensable ? Estimez-vous que vous serez entendu sur ce point ?