Pouvoir s’adapter aux nouvelles exigences de la société mais aussi aux nouvelles attentes des patients, voilà l’enjeu des professions libérales de santé pour les années à venir. Dans ce débat, chaque position est importante, alors les IDEL(s) sont-elles entendues ?

 

La société évolue et les IDEL(s) doivent s’adapter en permanence à ces changements

L’image d’Epinal de l’infirmière libérale se déplaçant de village en village reste encore vivace dans l’imaginaire collectif. Mais avouons, que la routine d’une IDEL d’aujourd’hui ne ressemble en rien à celle d’une infirmière du début du XXème siècle. Les découvertes scientifiques, les progrès de la médecine, l’amélioration du niveau de vie des patients, les innovations technologiques, …. Obligent les infirmières et les infirmiers libéraux à s’adapter aux nouvelles attentes de leur patientèle. Cela se renforce encore avec la volonté affichée des autorités sanitaires du pays de privilégier la montée en puissance de l’Hospitalisation à Domicile (HAD).

Pour prendre en compte ces changements, les professionnels de santé doivent se concerter pour apprendre à (mieux) travailler ensemble. Pour y parvenir, chaque profession doit alors faire entendre sa voix. Mais les IDEL(s) sont-ils réellement entendus ? La profession participe-t-elle réellement à cette réflexion qui organise la politique des soins de demain ?

La nomenclature évolue par petites touches, les IDEL(s) contraints de s’adapter

Nous avons déjà évoqué l’ambitieux projet de revoir l’ensemble de la nomenclature, et la participation des infirmières et des infirmiers libéraux à cette refonte s’impose alors comme indispensable. Cependant, lentement mais surement, la nomenclature évolue pour prendre en compte la réalité des soins d’aujourd’hui. Ainsi, un arrêté du 12 avril 2016 a modifié les modalités de prise en charge des perfusions à domicile, applicables en partie dès le 1er mai 2016.

Désormais, le prescripteur, qu’il s’agisse d’un médecin libéral ou hospitalier, précisera dans son ordonnance les modalités de ces perfusions, et ce sera au prestataire, le pharmacien principalement, de choisir les forfaits d’installation et de suivi les plus adaptés. La nouvelle législation précise bien que ce choix du prestataire sera effectué « en concertation avec l’infirmier libéral qui assurera les soins. » Sans entrer dans les détails de ces nouvelles dispositions, une des motivations vise à limiter la facturation de consommables par les IDEL(s). Les produits supplémentaires, non prévus par le forfait mis en place par le pharmacien, ne seront donc plus pris en charge mais resteront à la charge du patient ou de l’infirmière ou infirmier libéral concerné. Pour que ce produit supplémentaire soit pris en charge, l’IDEL se devra de s’adresser à ce prestataire, qui pourra le fournir en utilisant le montant remboursé pour le forfait.

Cela va-t-il simplifier ou compliquer le quotidien des infirmières et des infirmiers libéraux ? L’avenir nous le dira, mais en justifiant cette décision par la volonté d’économiser 30 millions d’euros, la Sécurité Sociale n’a-t-elle pas oublié de prendre en compte l’opinion de tous les acteurs concernés ?

Le DMP, un outil majeur pour l’évolution des missions des IDEL(s)

Face à cette évolution constante de la nomenclature et plus généralement de la législation encadrant le travail des infirmières et infirmiers libéraux, les autorités sanitaires renforcent leurs actions en ce qui concerne le déploiement et la généralisation du Dossier Médical Personnalisé (DMP). Bien des questions demeurent, mais les IDEL(s) font partie des professionnels de santé les plus concernés par cette avancée pour le bien-être du patient.

Comment lutter contre les inégalités « numériques » ? Qui pourra accéder aux données du DMP ? Comment l’intégrer face à la multiplication des objets connectés et autres applications « médicales » ? … Les questions commencent à être traitées et la commission DMP du Centre National des professions libérales de santé (Cnamts) s’attache à entendre les attentes et les demandes de tous les acteurs, parmi lesquels les IDEL(s) occupent toujours une bonne place. Le dossier de soins sur Smartphone, le logiciel infirmier, la formation nécessaire à l’utilisation de ces nouveaux outils, …. font partie de ces sujets qui vont permettre d’imaginer le quotidien des IDEL(s) de demain. Encore faut-il, comme pour la refonte de la nomenclature, que la profession ne soit pas qu’écoutée mais …entendue.

Réforme de la nomenclature, DMP, deux sujets pour lesquels le quotidien des IDEL(s) est engagé. Si on ne peut pas prédire l’avenir, des signes de « passage en force ou en douce » peuvent donc être soulignés.

Vous sentez-vous entendus dans ces négociations et dans ces prises de décision ? D’après vous, les infirmières et infirmiers libéraux ont-ils assez de poids pour peser sur ces négociations, qui s’annoncent ?