Les personnes âgées en perte d’autonomie sont-elles bien prises en charge ?

90 % de la population souhaite terminer sa vie à domicile. Les infirmières et infirmiers libéraux connaissent les spécificités de ces patients, alors que les pouvoirs publics semblent en ignorer les besoins et les attentes. Un rapport de la Cour des Comptes dresse un tableau peu glorieux de cette situation …

Une rentrée encore plus difficile pour les personnes âgées et leurs infirmières libérales

Le rapport était presque paru inaperçu à sa publication en … juillet bien sûr. C’est en effet pendant la période des départs en vacances, que la Cour des Comptes a rendu public son rapport sur « Le maintien à domicile des personnes âgées en perte d’autonomie ». Le sous-titre de ce dernier donne le ton : Une organisation à améliorer, des aides à mieux cibler. Il faut dire, que la question n’intéresse pas que les infirmières et infirmiers libéraux mais concernent bien toute la société.

Les personnes âgées en perte d’autonomie seront de plus en plus nombreuses, prédisent les hauts magistrats. De 1.150.000 en 2010, elles dépasseront la barre des 2.300.000 en 2060 (et 1.550.000 en 2030). Le problème n’est donc pas que médical et social mais il représente aussi un enjeu financier. La Cour des Comptes a ainsi évalué le coût de ces prises en charge pour l’année 2011 : 10.1 milliards d’euros. Une petite moitié de ces dépenses (4.7 milliards) relève de la Sécurité Sociale, alors que les pouvoirs publics contribuent presque autant (4.2 milliards pour les départements et 0.3 milliard pour l’Etat). Le reste, soit 0.9 milliard quand même, est à la charge des patients et de leur famille. Ce reste à charge triplera d’ici 2060, d’où l’importance et l’urgence de se saisir de cette problématique.

Des infirmières libérales confrontées à une multiplication des structures

Nous ne nous attarderons guère sur les analyses et les prospectives de la Cour des Comptes quant à la définition même de la dépendance mais aussi quant à l’évolution démographique inexorable des années à venir. En revanche, la Cour des Comptes entend aider les pouvoirs publics à disposer d’ une bonne connaissance des besoins des personnes dépendantes et de leurs aidants.

Les Magistrats de la Cour se désolent du choix trop important, offert aux patients et à leur famille. Les infirmières et infirmiers libéraux comme plus généralement les professions libérales de santé coexistent avec les établissements hospitaliers, l’Hospitalisation à Domicile, les EHPAD, les SSIAD, les SSAD, ….A ces solutions multiples s’ajoutent des structures, crées au départ avec la bonne intention de faciliter la prise en charge des patients, comme les parcours de soins des personnes âgées en risque de perte d’autonomie (PAERPA). Après avoir consacré de très (très) longues pages à énumérer et décrire ces multiples solutions, la Cour juge que cette profusion « rend illisible l’ensemble du système mis en place. » Les magistrats reconnaissent que cette incompréhension se constate aussi bien du côté des patients et des familles que de celui des professionnels comme les infirmières libérales notamment.

Une simplification de la prise en charge des patients âgés, une vraie bonne idée pour les infirmières libérales ?

Sans surprise, les magistrats rappellent leur préférence pour le développement de l’Hospitalisation à Domicile aux dépens des autres solutions décrites dans le rapport. Mais ils pointent surtout le problème de la réforme de tarification des services de soins infirmiers à domicile (SSIAD), qui ne prennent aucun compte des caractéristiques des patients. Au contraire, les magistrats condamnent cette politique des SSIAD, qui opèrent une sélection des prises en charge dans une optique d’équilibre financier, en notant que cela se fait nécessairement au détriment des personnes les plus dépendantes.

C’est donc, en toute logique, que deux des recommandations concernent directement ces SSIAD et les Services des Soins et d’aide à domicile (SSAD). La première recommande de « mener à bien cette réforme de la tarification » alors que la seconde vise à clarifier l’offre existante en conseillant de « favoriser le regroupement de ces structures. »

Deux recommandations, dont les explications ont déjà, à de nombreuses reprises, été explicitées ici, qui seront peut-être suivies de prise de décision ?

Que pensez-vous de l’offre existante face à ces personnes âgées en perte d’autonomie ? Les structures sont-elles, à votre avis, trop nombreuses ? Le regroupement de structures déjà en place fait-il selon vous partie des solutions efficaces en la matière ?

Pour accéder au rapport de la Cour des Comptes dans son intégralité