Les infirmières libérales se heurtent souvent aux établissements d’Hospitalisation à Domicile (HAD) voire aux services ambulatoires des hôpitaux pour les soins de suite. Avec les hôtels hospitaliers, a-t-on trouvé une solution efficace et pertinente ou ne s’agit-il que d’une structure supplémentaire ?

 

L’hôtel hospitalier, une réelle avancée ou une structure supplémentaire ?

Les hôtels hospitaliers, même s’ils ne sont pas une nouveauté, devraient néanmoins connaître dans les mois à venir, un renforcement de leur activité et donc une multiplication de leur implantation. On attend, cet automne, un décret fixant les conditions de l’expérimentation décidée par le Ministère de la Santé. Cette décision fait suite à la loi du 22 décembre 2014. Il s’agit, pour résumer l’utilité et la fonction de ce nouveau type d’hôtels, de pouvoir proposer un hébergement à proximité de l’hôpital aux patients, dont l’hospitalisation n’est pas absolument nécessaire. Dans l’esprit de la loi, ces hôtels hospitaliers se doivent d’accompagner le développement de l’ambulatoire.

Si ces établissements semblent, de prime abord, être une solution pratique pour les patients, ils représentent avant tout une véritable réponse aux problématiques, soulevées depuis de nombreuses années par les centres hospitaliers. Enfin, même si la question n’est pas encore complètement tranchée, l’installation de ce type de structures impliquerait l’intervention d’infirmières et d’infirmiers libéraux et de tous les professionnels de santé concernés.

L’hôtel comme étape transitoire entre le domicile et l’hôpital

Commençons par rappeler que ces hôtels d’un nouveau genre sont destinés à accueillir exclusivement les patients déperfusés et autonomes. L’accueil ne peut se réaliser que sur prescription médicale. Il s’agit donc bien de patients et de patientes, dont l’hospitalisation n’est pas (ou plus) nécessaire, mais qui ne peuvent rejoindre leur domicile pour de multiples raisons, parmi lesquelles on peut citer :

  • La distance trop importante entre le domicile et l’hôpital
  • La nécessité d’un bilan ou d’une visite de contrôle le lendemain
  • Plusieurs consultations prévues sur les journées suivantes
  • Précarité ou inadaptation du logement du patient

L’hospitalisation de ces patients représente alors plus une solution d’hébergement, solution qui pourrait être assurée par les hôtels hospitaliers, dont l’une des caractéristiques est la proximité avec ces centres hospitaliers.

Pour ce qui est de l’ambulatoire, par exemple, cela donnerait ainsi la possibilité aux patients d’arriver la veille de leur intervention (si leur domicile est éloigné). Une étude de l’agence régionale de santé d’Île de France, réalisée en 2013, a mis en avant que 30 % des patients pouvaient prétendre à un hébergement non médicalisé.

Un hôtel hospitalier, un confort pour les patients ou une solution confortable pour les hôpitaux ?

Pour le patient, si dans certaines situations plutôt rares, ces hôtels hospitaliers peuvent représenter un véritable confort, ils restent à leurs yeux une « forme d’hospitalisation », les tenant éloignés de leur domicile. D’autre part, les patients demandent alors la possibilité d’intervention rapide d’infirmières et d’infirmiers libéraux ou hospitaliers et d’un personnel médical spécialisé.

Du côté des autorités de tutelle, l’avantage est bien plus évident et concret. Une nuit dans un hôtel hospitalier coûte bien moins cher qu’une nuit d’hospitalisation. Pour l’hôpital concerné, limiter le temps passé à l’hôpital est aussi une des voies privilégiées pour éviter le risque nosocomial. L’établissement hospitalier pourra alors se concentrer sur son activité de soins et sur son plateau technique, en délaissant cet aspect d’hébergement. Une économie conséquente donc pour l’hôpital et plus généralement pour l’Assurance Maladie, sans compter que les lits libérés plus tôt ou occupés plus tard ne resteraient pas vides très longtemps et constitueraient donc une opportunité pour les établissements de santé d’ « optimiser leur rentabilité ». L’argument économique n’est certes pas mis en avant dans la présentation faite de ces hôtels hospitaliers, mais il apparait comme une évidence.

Il reste que la multiplication de ces hôtels hospitaliers nécessiterait aussi de faire appel à un nombre croissant d’infirmières et d’infirmiers libéraux pour pouvoir assurer une « permanence ». L’expérimentation débouchera-t-elle sur un partenariat Hôpital – IDEL pour les soins de pansements, d’administration d’anticoagulants, … Les règles précises ne sont pas encore connues, mais toujours est-il que c’est bien vers les infirmières libérales que l’hôpital devra se retourner. Et à ce jour, les négociations ne sont toujours pas ouvertes…

 

Ces hôtels hospitaliers sont-ils, selon vous, une voie à privilégier pour accompagner le développement de l’ambulatoire ? Considérez-vous que ce soit bien le rôle des infirmières libérales d’intervenir dans de tels établissements ?