Un reportage télé a mis en avant une jeune infirmière libérale. Celle-ci a pu rendre compte de   de ses rêves de devenir IDEL, et de la réalité implacable qu’elle vit au quotidien. Une autre approche de la profession d’infirmière libérale, une étude plus pragmatique pour un constat difficile à accepter.  

Etre infirmière libérale aujourd’hui, un métier comme un autre ?

Comme chaque profession, l’infirmière libérale reste le support d’idées reçues, de préjugés ou de fantasmes. Nous nous sommes déjà interrogés à ce sujet, mais un témoignage vient relativiser le jugement de tout un chacun sur cette forme libérale de la profession infirmière. Dimanche 02 avril, le magazine d’informations Zone Interdite s’interrogeait sur les classes moyennes avec un titre volontairement provocateur « Oubliées ou sacrifiées : la révolte des classes moyennes ».

On s’étonnera, pour commencer, du sens péjoratif qu’a pris cette notion de classes moyennes, alors qu’il y a quelques décennies, elles représentaient plus un but à atteindre qu’une menace de déclassement. Mais les infirmières libérales, à cette époque, n’étaient pas ignorées comme aujourd’hui ? L’émission télévisée se proposait donc de s’interroger sur ces classes moyennes eu égard aux prochaines échéances électorales. Les exemples de personnes, victimes d’ « accidents de la vie », les informations sur le quotidien d’un huissier de justice, saisissant les biens de familles aux abois, … on ne pouvait que constater la difficulté de ces acteurs involontaires d’un reportage sociétal.

Infirmière et libérale, un rêve difficile à atteindre

C’est alors que les journalistes ont décidé de poser leur valise dans la banlieue de Rouen dans une famille avec 3 enfants. On comprend les difficultés du mari, garagiste, qui se démène pour maintenir son entreprise à flot. Puis les journalistes s’intéressent à l’épouse, Hélène. A 36 ans, Hélène est une jeune infirmière libérale, qui a préféré quitter son ancien poste à l’hôpital pour vivre son rêve : devenir infirmière libérale.

Parce qu’elle ne dispose pas d’une patientèle importante, Hélène sait qu’elle doit « se faire un nom, une réputation ». Dès 6h30 le matin, la voilà partie sur les routes pour visiter ses patients. On la voit enchainer les visites, chacune entrecoupées d’un trajet (plus ou moins long). Des injections, des pansements, …. Tout le quotidien d’une infirmière libérale. Dans cette optique de se constituer sa patientèle, Hélène accepte tout ou presque. Le résultat est impressionnant. Des semaines de 70 heures, un rythme effréné, un stress omniprésent, …. Elle avoue ressentir parfois une certaine lassitude, se souvenant de la motivation des premiers jours. Ces moments ne durent jamais très longtemps, mais ils reviennent inlassablement. Etre infirmière libérale aujourd’hui peut-il alors se résumer à une simple appartenance à cette classe dite moyenne ?

L’indépendance, une liberté chère à acquérir

Hélène ne représente pas toutes les infirmières libérales et ne constitue pas l’infirmière idéale typique. Mais elle reste une infirmière libérale d’aujourd’hui. Elle avoue vouloir (ou devoir) prendre plus de patients, car 18 par jour ne lui permettent pas de vivre. Elle ne se plaint pas lorsqu’elle évoque les 200 kilomètres quotidiens, parcourus pour exercer son métier mais explique qu’à la fin du mois, les déplacements représentent une bonne part de ses charges. Elle n’est pas revendicative en expliquant les tarifs des soins qu’elle prodigue mais constate simplement, que cela est insuffisant pour vivre.

Elle explique sans fausse pudeur avoir quitté l’hôpital pour pouvoir vivre l’ »Eldorado de l’infirmière libérale ». Regrette-t-elle son choix ? Seule Hélène pourrait répondre. Mais avec l’hôpital c’est à un salaire mensuel de 2.100 euros qu’elle a dit non. Aujourd’hui, elle est heureuse quand elle arrive à se verser une rémunération de …. 1.000 euros. « Tout ce qui est lié à l’argent est devenu anxiogène » avoue-t-elle au cours du reportage.

C’est aussi cette réalité, qui doit être prise en compte. La revalorisation des tarifs, la reconnaissance, les indemnités horokilométriques, …. tout pourrait être évoqué en fonction des revendications des infirmières et infirmiers libéraux. Et pourtant, il ne s’agissait ici, à travers ce reportage, que de montrer le quotidien d’une infirmière libérale, qui « travaille beaucoup pour gagner pas grand-chose ». Elle n’imaginait pas cela en se lançant dans l’aventure, mais elle sait désormais qu’elle doit résister, continuer à se battre pour ne pas faire « plonger toute sa famille ». Lucide, elle résume parfaitement la situation et son ressenti lorsqu’elle parle à ses enfants :

« La vie, c’est dur, ça c’est vraiment la réalité »

Considérez-vous les infirmières et les infirmiers libéraux comme des professionnels en voie de déclassement ? Les conditions se sont-elles dégradées plus intensément ces dernières années ? Estimez-vous qu’il faille rester optimiste quant à l’avenir de cette profession ?