Comment les infirmières libérales prennent soin … d’elles-mêmes ?

 

En charge de la santé de leurs patientes et de leurs patients, les infirmières libérales doivent aussi prendre soin d’elles-mêmes. Une nécessité, qui n’est pas toujours facile à respecter faute de temps, de moyens et d’un accompagnement adapté.

 

Les infirmières libérales et leur santé, le remake du cordonnier mal chaussé

Soigner et prendre soin, la mission dévolue aux infirmières libérales et plus généralement aux infirmières est en apparence simple et claire. Pourtant, toutes les infirmières et les infirmiers libéraux de France (et d’ailleurs) savent qu’à ces missions de soins s’ajoutent de plus en plus de tâches administratives ou de missions « sociales » et/ou de « médiation ». Il est fréquemment souligné, ici comme sur bien d’autres médias, que les IDEL(s) sont de plus en plus soumis à un rythme de travail effréné. Certes, Marisol Touraine, Ministre de la Santé, a dévoilé un plan visant à améliorer les conditions de travail des infirmières libérales et des professionnels de santé, mais les mesures prises à ce stade restent bien en-deçà des attentes des principales concernées.

Si la santé représente le cœur de l’activité d’une infirmière ou d’un infirmier libéral, ces professionnels ont tendance, à en croire certaines études, à ne pas appliquer les conseils, qu’ils ne manquent pas de donner à leur patientèle. Il ne s’agit pas de manque de logique ou de lucidité, mais bien d’un choix imposé dans bien des cas.

La santé des infirmières libérales, un sujet équivoque pour des conséquences nombreuses

En effet, en cas de maladie notamment, l’infirmière prend pleinement conscience qu’elle est libérale, et que ce statut lui impose un délai de carence de 90 jours en cas d’arrêt de travail. Certes, une assurance complémentaire permettra de pallier à ce délai (exagérément ?) long, mais dans la grande majorité des cas, les conditions à remplir restent trop restrictives pour être mises en place (l’exemple de l’hospitalisation nécessaire avant l’acceptation de l’indemnisation). Même si certains demandent aux candidats à l’élection présidentielle de se positionner sur la réduction de cette carence à 60 jours, aujourd’hui les 90 jours restent la règle.

Cela explique qu’un rhume ou une douleur au dos n’entraine pas d’arrêt de travail de l’infirmière ou l’infirmier libéral concerné. Ce choix imposé souligne bien, à quel point l’arrêt de travail est devenu un droit, auquel les infirmières libérales ne peuvent pas, faute de trésorerie suffisante, prétendre. Chef d’entreprise (on l’oublie trop fréquemment, mais l’infirmière libérale est certes soignante mais aussi responsable de sa petite entreprise), l’infirmière sait aussi que cet arrêt de travail n’est pas suspensif en ce qui concerne le paiement des charges, à commencer par celles exigées de l’URSAFF.

Infirmière libérale, des risques nombreux et variés

Et pourtant, l’infirmière libérale reste soumise à bien des risques au quotidien, à commencer par la visite de ses patients. A chaque passage au domicile d’un patient, l’infirmière libérale prend le risque d’une contamination, risque pris en compte lors des épidémies de gastro-entérite ou de grippe notamment. Même si les infirmières parviennent à éviter ces contaminations, elles devront néanmoins manipuler leurs patients avec une nouvelle menace, celle des troubles musculo-squelettiques (TMS). Avant d’en arriver au stade des TMS, les douleurs au cou ou au dos, nées de ces manipulations, se feront ressentir, sans pour autant entrainer un arrêt de travail, comme nous l’avons vu ci-dessus.

Enfin, les infirmières libérales doivent régulièrement faire face à la souffrance de leurs patients et parfois à la mort. Cette réalité représente bien souvent un traumatisme émotionnel et psychologique, bien souvent caché ou masqué.

C’est donc à des risques physiques d’une part et psychiques d’autre part, que sont confrontés les infirmières et infirmiers libéraux. Faute de mesures d’accompagnement suffisantes, ces mêmes infirmières peuvent alors négliger leur propre santé. Cette campagne électorale représente peut-être le moment idéal pour faire entendre ces difficultés.

 

Avez-vous déjà préféré continuer à travailler plutôt que d’accepter un arrêt de travail ? estimez-vous que les infirmières libérales bénéficient d’un suivi et d’un accompagnement suffisant pour prendre soin de leur santé ? Quelles seraient, selon vous, les mesures à prendre pour améliorer cette situation ?