Les infirmières dévoilent les 9 priorités aux candidats à l’élection présidentielle

A quelques jours des élections présidentielles, l’Ordre National des Infirmiers (ONI) a publié une liste des 9 priorités de la profession infirmière. Même si certaines infirmières libérales estimeront qu’il manque certaines revendications, l’objectif de cette publication reste bien de sensibiliser les prochains dirigeants du pays (et donc les prochains responsables de la Santé publique) aux problématiques essentielles qui se posent. Pour dresser cette liste de 9 propositions, l’ONI a permis à chacune et à chacun des plus de 600.000 infirmiers de France de s’exprimer. C’est donc bien une profession, qui souhaite se faire entendre et comprendre, et la publication ne laisse aucun doute à ce sujet :

Nous infirmiers, constituons un maillon essentiel de notre système de soins.

Nous infirmiers, souhaitons prendre part au débat sur les grandes questions de santé.

Nous infirmiers, faisons entendre notre voix, et avons défini 9 priorités.

La sécurité, la priorité essentielle des infirmières et des infirmiers

Les incivilités et les agressions (verbales ou physiques) sont en constante augmentation tant à l’hôpital que pour ce qui concerne les soins de ville. La sécurité représente la première priorité des infirmières libérales et hospitalières, et cela se comprend aisément. Les mesures à prendre pour protéger l’intégrité physique des professionnels de santé sont certes complexes mais elles doivent faire l’objet d’une réflexion et de décisions concrètes afin d’améliorer notablement et durablement la situation. Des systèmes de prévention à une sévérité exemplaire pour les auteurs de ces agressions, en passant par une meilleure formation des infirmières libérales notamment, les décisions concrètes restent à définir mais la priorité des priorités reste posée pour la profession infirmière : La Sécurité.

La profession infirmière, un maillon essentiel du système de santé en France

Si les infirmières libérales comme les infirmières hospitalières sont porteuses de tant de revendications, c’est en partie dû au fait qu’elles ne sont pas écoutées voire même consultées. C’est pourquoi, la profession estime que la seconde priorité du prochain Président de la République en ce qui concerne la profession devra consister à formaliser l’importance de cette dernière. Les infirmières doivent être représentées dans toutes les grandes instances de décision sur les questions de santé (Ministère de la Santé, Haute Autorité de la Santé, Agence Nationale du médicament, …). En outre, il est demandé aux autorités de prévoir une sollicitation systématique des organes de représentation des infirmiers (et donc de l’ONI) avant chaque prise de décision.

Les soins infirmiers, des actes à valoriser au plus juste

C’est un constat qui est à l’origine de cette 3ème priorité. Les actes infirmiers ont évolué, alors que le financement du système de santé n’a pas pris (ou pas suffisamment) en compte ces évolutions. Il faut remédier à cette situation et valoriser justement les actes infirmiers notamment en ce qui concerne les infirmières libérales. Il est donc demandé de faire évoluer la nomenclature des actes infirmiers afin de les adapter à la charge (réelle) des actes infirmiers concernés. Pour rejoindre la seconde priorité, il est également demandé que les infirmières et les infirmiers soient à l’avenir, partie prenante dans les procédures de révision de cette nomenclature

Les infirmières garantes de l’égalité aux soins

Le principe de l’universalité et celui de l’égalité d’accès aux soins représentent deux bases essentielles de l’organisation de la Sécurité Sociale en France. Il est rappelé ici, que les infirmières et infirmiers de France sont attachés à ces principes et qu’ils demandent la préservation de ce système de santé. Nous devons néanmoins souligner, que plusieurs voix se sont faits entendre pour dénoncer cette priorité de l’ONI comme étant un « acte politique ». En effet, la volonté de certains candidats à l’élection présidentielle de restreindre l’Assurance maladie à certains risques pour laisser les autres à la charge des assurances privées et des mutuelles serait, aux dires des détracteurs, à l’origine de la démarche.

Les infirmiers au cœur du système de santé

C’est la complexification des parcours de soins, qui se trouve à l’origine de cette 5ème priorité. Parce qu’il est rappelé la nécessité d’une meilleure coordination pour une prise en charge globale des patients, prise en charge dépassant les simples aspects purement médicaux, il est demandé de prendre en compte l’importance de l’infirmière pour placer la profession au cœur de cette prise en charge globale. La création d’un statut d’infirmier référent-coordonnateur, acteur pivot d’une prise en charge pluridisciplinaire, pourrait être une des réponses à apporter tant à l’hôpital que pour les soins de ville.

La qualité et la sécurité des soins, des axes prioritaires pour la profession infirmière

Tout en reconnaissant les contraintes budgétaires, l’Ordre National des Infirmiers estime, avec sa 7ème priorité, qu’il est urgent d’organiser et d’encadrer les soins infirmiers. Des dangers pèsent sur la qualité et la sécurité des soins infirmiers. Il est nécessaire de renforcer les normes de qualité et de sécurité, renforcement qui s’avèrera bénéfique pour les patients comme pour les professionnels de santé.

La profession infirmière tournée vers la santé de demain

Les nouvelles technologies envahissent tous les secteurs d’activité, y compris celui de la santé. Elles doivent donc également permettre aux infirmières et infirmiers de communiquer plus rapidement et en toute sécurité entre eux mais aussi avec les autres professionnels de santé. L’investissement dans un partage d’informations entre professionnels de santé est nécessaire, tout en impliquant davantage la profession infirmière dans le développement de la télémédecine et l’E-Santé. Pour renforcer le rôle de l’infirmière dans le système de santé de demain, l’ONI propose également la systématisation du Dossier Médical Partagé avec une place plus importante faite au dossier infirmier.

Les infirmières, des professionnelles de plus en plus compétentes et responsables

Il est rappelé que les infirmières et infirmiers de France, indépendamment de la forme de leur exercice (infirmière libérale ou hospitalière), sont avant tout des professionnels de santé, qui ne cessent de se former pour s’adapter aux évolutions des prises en charge ou aux innovations techniques. Ce professionnalisme doit, selon l’ONI, permettre d’élargir le droit de prescription des infirmiers mais aussi d’étendre le droit de vaccination sans prescription médicale. Cette 8ème priorité reste aussi l’occasion de demander la suppression de l’accès partiel à la profession d’infirmier et la reconnaissance d’une pratique avancée infirmière.

Une formation infirmière à la hauteur des enjeux de la profession

La 9ème et dernière priorité, portée par l’Ordre National des Infirmiers, concerne la formation des infirmières, en pointant la différence existante entre ce qui se passe en France et la situation dans d’autres pays européens. Pour terminer sa liste des priorités, l’ONI propose donc la création d’une véritable filière universitaire en sciences infirmières.

 

Des priorités pour améliorer les conditions de travail et préparer l’avenir de la profession infirmière

Rappelons que ces 9 priorités, dressées par l’Ordre National des Infirmiers, ont été élaborées en tenant compte des propositions des infirmières et des infirmiers eux-mêmes. Cela n’empêche pas certains des professionnels concernés de contester la légitimité de ces propositions. Quoi qu’il en soit, toutes les revendications de la profession infirmière en général et des infirmières libérales en particulier n’ont pas été prises en compte, et ce n’était pas le but recherché. En revanche, chacune des propositions faites devrait permettre d’améliorer les conditions de travail des infirmières et des infirmiers, mais aussi et surtout d’organiser les évolutions à venir de la profession. A ces priorités devraient donc répondre, dans les jours à venir, des propositions concrètes des deux candidats qui franchiront le cap du premier tout. Ces enjeux électoraux sont essentiels puisqu’ils conditionneront la profession infirmière pour les 5 prochaines années, même s’il faut bien admettre, que les promesses électorales sur le sujet comme sur tant d’autres ne sont pas toujours synonymes de décisions concrètes à venir…

 

Selon vous, les 9 priorités permettent-elles d’assurer une meilleure organisation de la profession ? Estimez-vous que certains aspects aient été oubliés lors de cette grande réflexion ? Et si vous n’aviez qu’une priorité ou une proposition à faire, quelle serait-elle ?