Si les problèmes liés aux structures d’hospitalisation à domicile sont récurrents pour les infirmières libérales, la question des déserts médicaux l’est tout autant. Pourtant les deux situations impliquent des réactions différentes, et qui peuvent parfois apparaitre comme contradictoires.

Les maisons de santé, un remède efficace pour lutter contre les déserts médicaux ?

Alors que l’on évoque les négociations à venir sur l’installation des infirmières libérales en zone sur-dotées, d’autres se préoccupent des zones à l’opposé sur cette échelle de densité : les zones sous-dotées. De nombreuses communes et même des départements entiers sont concernés par ce que l’on a tendance à appeler les « déserts médicaux ». Infirmières libérales, médecins généralistes, … les professionnels de santé sont absents de ces zones, qui cherchent à pallier cette désertification médicale. Les maisons de santé représentent une des voies suivies par un nombre toujours plus important de territoires.

C’est cette démarche, qu’a initiée la région de Villeneuve-sur-Lot dans le département du Lot et Garonne. Le journal régional, La Dépêche, est parti à la rencontre des acteurs des 3 maisons de santé, qui ont été créés en quelques années dans le Grand Villeneuvois. Pour faire réussir l’ensemble du projet, l’association des espaces de santé du Grand Villeneuvois a été créée et Danick Blandinière, coordinatrice de l’association et infirmière libérale, confirme que le projet est certes passionnant mais que «c’est un travail permanent que d’inventer ici la médecine libérale du futur».

L’infirmière libérale au cœur d’une équipe, un changement à imaginer

Il ne s’agit pas uniquement d’attirer des professionnels de santé mais de penser une offre de soins globale et répondant aux attentes des patients. C’est le patient qui est au cœur du projet à Villeneuve-sur-Lot comme partout ailleurs en France. L’infirmière libérale, fraichement installée, pourra aider à convaincre le jeune médecin généraliste à s’installer dans ces déserts médicaux. Les maisons de santé sont appelées à rendre ces territoires délaissés par les infirmières libérales comme par les autres professionnels de santé, attractifs et séduisants. Les locaux (le plus souvent neufs ou rénovés et proposés à des prix défiant toute concurrence) ne représentent qu’une partie de l’investissement des collectivités.

Ainsi Danick Blandinière insiste sur efforts en matière d’infrastructures et « en particulier au niveau des équipements logiciels. Les données des patients sont totalement sécurisées, mais chaque spécialiste de l’équipe peut avoir accès à la partie qui le concerne. C’est un progrès énorme. C’est un véritable travail en équipe, un travail pluridisciplinaire ».

C’est en répondant à toutes les problématiques des professionnels de santé, que les déserts médicaux peuvent à nouveau se montrer sous un meilleur jour aux yeux des jeunes médecins ou des candidates au métier d’infirmière libérale.

Le retour d’une médecine de proximité avec une place réservée aux infirmières libérales

A une époque où on parle beaucoup de la généralisation des services ambulatoires dans les hôpitaux publics ou encore de services d’hospitalisation à domicile (HAD), les maisons de santé font le chemin inverse en rapprochant l’équipe soignante des patientes et des patients. Danick Blandinière l’explique très bien : «Quand on décide de venir travailler au sein de cet espace, il y a une règle commune, chacun est respecté par sa, ou ses compétences. Le but de la structure est d’avoir pour les patients cet accès aux soins à travers un parcours global. La médecine de demain sera basée sur l’accompagnement».

D’un côté, les maisons de santé redonnent une véritable place au médecin de famille, qui devra alors être entouré de professionnels, parmi lesquelles figure l’infirmière libérale. De l’autre, l’hospitalisation à domicile se heurte aussi à ces déserts médicaux, puisque l’absence de professionnels de santé rend difficiles voire impossibles le principe de continuité des soins.

Faut-il voir dans le succès de ces maisons de santé, le développement d’une médecine à deux vitesses. La prédominance écrasante des services hospitaliers et centralisés dans les agglomérations et les zones urbaines et le retour d’une médecine de proximité dans les secteurs ruraux. L’égalité d’accès aux soins pour tous les patients et les patientes sera-t-elle obtenue ainsi ?

Avez-vous déjà travaillé dans des maisons de santé implantées dans des déserts médicaux ? Que pensez-vous de ces initiatives locales ? Ne sont-elles pas à contrecourant des grandes orientations de la politique de santé en France ?