Même si la question peut apparaître comme anodine, le stationnement des infirmières libérales reste un sujet prépondérant dans l’exercice de la profession. Comment peut-on alors justifier les si grandes disparités existantes entre différentes villes de France ?

La voiture, un autre cabinet pour l’infirmière libérale

Le choix d’une voiture adaptée concentre une bonne part de l’attention des infirmières ou infirmiers libéraux, qui s’installent. Bien plus qu’un simple moyen de locomotion, la voiture se transformera au quotidien en un véritable cabinet ambulant avec l’ensemble du matériel indispensable pour pouvoir réaliser tous les soins infirmiers possibles. Les besoins et les attentes vis-à-vis du véhicule ne sont pas les mêmes d’une infirmière libérale à l’autre, et une tournée de campagne ne peut se comparer à une journée au centre-ville de Paris. Dans certains cas, des infirmières libérales feront le choix de se déplacer à pied, en vélo ou en transport en commun, mais force est de constater que la voiture reste de très loin le mode de déplacement le plus utilisé par les infirmières et infirmiers libéraux.

Ce constat amène donc à se poser la question du stationnement, principalement pour les professionnelles de santé travaillant en ville. A Paris, certaines infirmières libérales soulignaient, il y a quelques mois encore, qu’elles budgétaient 100 euros mensuels pour le paiement des PV établis pour stationnement irrégulier.

Quelles règles de stationnement pour les infirmières libérales dans les villes ?

Les infirmières libérales peuvent se sentir désemparées lorsqu’elles doivent réfléchir à cette problématique, car il n’existe aucune législation unique. Le stationnement des professionnels de santé relève de l’autorité des communes ou des communautés de communes, ce qui explique une si grande disparité à travers le territoire. Pour être plus précis, cette question du stationnement est évoquée par une circulaire du Ministère de l’Intérieur du 26 janvier 1995. Cette circulaire justifiait des facilités de stationnement sur voirie pour les médecins et les sages-femmes. Le texte posait un principe mais laissait les municipalités libres de leur interprétation. En outre, les infirmières libérales et bien d’autres professionnels de santé n’étaient pas directement inclus dans le champ d’application de cette circulaire.

Et pourtant le stationnement reste un problème important au quotidien. Avec des emplois du temps, déjà surchargés, les infirmières libérales peuvent-elles passer 15, 20 ou 25 minutes à faire le tour d’un quartier afin de trouver une place de stationnement disponible ? Doivent-elles pour autant se décider à choisir les parkings privés, sur lesquels le tarif peut être prohibitif ? Faut-il rappeler les 2.50 € perçus par les infirmières et infirmiers libéraux par déplacement ? Et l’impossibilité de répercuter le coût de ce stationnement sur des honoraires fixés par l’assurance maladie ? Le stationnement représente donc une véritable problématique, à laquelle chaque municipalité a apporté des réponses diverses.

 

De Paris à Lyon, des situations bien différentes pour les infirmières libérales

 

S’il n’est pas possible de lister les situations de toutes les villes de France, les exemples de certaines grandes agglomérations hexagonales posent déjà question. A Paris, il aura fallu deux ans de négociations avant que ne soit adoptée la gratuité du stationnement pour les professionnels de santé. Cette gratuité sera testée et évaluée au cours de l’année 2018. C’est déjà une reconnaissance de la place de l’infirmière libérale. En effet, cette gratuité, qui prendra la forme d’une carte de stationnement « PRO Soins à domicile » sera applicable aux médecins, IDELs, sages-femmes, masseurs-kinésithérapeutes et orthophonistes. La capitale a adopté le système le plus avantageux pour les professionnels de santé, dont les infirmières libérales, mais toutes les villes de France n’ont pas choisi la même voie.

A Lyon, par exemple, depuis le 1er janvier 2017, les infirmières libérales comme tous les professionnels de santé doivent s’acquitter de leur stationnement au moyen d’une application smartphone mais aussi faire connaitre leur emplacement plusieurs fois par jour. Pour une infirmière libérale en pleine activité, le coût annuel pourrait s’établir à 2000 € soit une dépense de 12 euros par jour. Un collectif d’infirmières et d’infirmiers libéraux s’est constitué pour dénoncer cette nouvelle réglementation, d’autant plus que l’amende en cas de non-paiement pourrait passer de 17 € (actuellement) à 50 € en 2018.

A Nice, les règles de stationnement des infirmières libérales ne sont pas plus avantageuses, même si la police municipale n’a pas hésité, le 7 avril dernier, à faire procéder à la mise en fourrière de la voiture d’une IDEL, privant cette dernière de son moyen de déplacement mais aussi de son matériel.

De nombreux collectifs sont créés partout en France pour dénoncer ces situations parfois ubuesques, mais aussi pour demander une harmonisation de la législation. Ces demandes seront-elles entendues et le Ministère de l’Intérieur pourra-t-il enfin clarifier cette question, qui interroge aussi sur la volonté publique de favoriser le maintien à domicile des personnes les plus fragiles ? Et sans solution pour le stationnement, les visites en elles-mêmes sont alors menacées …

 

Et vous, quelle est la situation dans votre ville ? Le stationnement représente-t-il au quotidien une difficulté dans l’exercice de votre profession ? Quelles seraient selon vous les solutions à mettre en place ?