Epuisement professionnel, stress, angoisse, burn-out, … autant de termes que l’on retrouve de plus en plus souvent s’agissant du moral des infirmières et des infirmiers libéraux. Le phénomène n’est pas nouveau mais il prend de l’ampleur. Pourtant, chaque année, la sonnette d’alarme est sonnée sans que de véritables solutions ne soient apportées.

Le burn-out des infirmières libérales, un sujet toujours d’actualité

Le stress voire même le burn-out des infirmières et infirmiers libéraux revient régulièrement sur le devant de la scène. Le 20 octobre 2016, l’Assemblée Nationale avait même organisé une table ronde consacrée à ce syndrome d’épuisement professionnel. Les infirmières libérales avaient été confiées à cette réunion, qui à l’origine devait répondre, en partie, au malaise du personnel hospitalier. Que s’est-il passé un an après ? On pourrait être tenté de dire, que les infirmières libérales n’ont pas vu ce stress reculer de manière importante, bien au contraire. Presque un an après cette table ronde, le 11 et 12 octobre dernier, le Syndicat National des Infirmiers libéraux (Sniil) confirmait cette impression d’immobilisme en consacrant son 44ème Congrès au …burn-out des IDEL(s).

Alors ce stress, ces angoisses, ces phobies, liées à la profession même d’infirmière libérale, sont-ils voués à revenir année après année sur la table ? Les autorités publiques sont-elles vouées à rester impuissantes face à ce mal-être de toute une profession ? On peut légitimement se poser la question, à laquelle Fairouz Fala apportait une réponse il y a un an, qui semble encore être d’actualité aujourd’hui :

« Faisons attention aux uns et aux autres, prenons soin de nos pairs, de nos collègues au quotidien, car faire le pont vers les autres, écouter les autres, être dans l’indulgence, être patient envers les autres c’est s’ouvrir à eux et aller vers une meilleure entente, une bonne cohésion, une bonne dynamique et donc une bonne prise en soin de nos patients. Après tout, nous ne sommes que des êtres humains. »

 

Infirmière libérale, une vocation mais aussi une profession exigeante

Pourtant, le constat est connu de tous, car à l’Assemblée Nationale en 2016 comme au congrès du Sniil il y a quelques semaines, la pénibilité de la profession est toujours mise en avant. Et les éléments, à l’origine du stress qui peut conduire au burn-out, sont eux-aussi bien identifiés :

  • Le manque de temps et une amplitude horaire exagérée avec des journées à rallonge,
  • L’insuffisance de temps de repos, conséquence de ces emplois du temps trop surchargés,
  • La violence (physique ou verbale) ressentie avec l’instauration d’un sentiment d’insécurité,
  • Les difficultés liées aux exigences de la profession pour concilier missions de santé et vie familiale

Il ne s’agit donc pas d’un problème de compréhension des causes ou des facteurs déclenchants mais bien d’un véritable problème de moyen. Tant que les infirmières libérales seront soumises à cette pression de « temps passé au chevet de leurs patients », alors elles continueront à ressentir ces insuffisances et autres difficultés. Il s’agit donc bien d’un problème de moyens financiers et matériels, puisque seule l’augmentation de ces derniers assurera un apaisement de la situation.

Des conditions de travail dégradées, un constat jamais remis en cause ?

C’est donc bien toute la politique de soins de ville, qu’il faudrait revoir en lui allouant des moyens supplémentaires. Nous savons tous, que cette voie n’est pas celle qui sera suivie dans les années à venir. Les orientations budgétaires sont claires, et on se dirige plus vers une restriction (certains préfèrent parler d’optimisation) que vers une augmentation. Pourtant, le constat est dressé. On comprend mieux alors la répétition de ces réunions sur le sujet, même si on prend également conscience, dans le même temps, de leur inutilité. A quoi bon multiplier les débats et les réflexions sur le sujet si au bout du compte on s’accorde sur l’impossibilité d’agir de manière concrète. En octobre 2016, Sylvie Lime, infirmière libérale écrivait : « Moi j’ai rarement eu autant mal au dos que depuis que je suis en libéral. Mais concernant le Burn-out, je suis peut être chanceuse mais pour l’instant je crois n’avoir jamais souffert d’épuisement psychologique. ». Zelie Louis lui répondait : « Les 2 vont ensemble tout craque à un moment donné …Le corps dit stop. »

C’est peut-être à ce niveau-là, que des solutions peuvent être trouvées et mises en place. Peut-être que si les autorités publiques prenaient pleinement conscience de la pénibilité de la profession et du rôle réellement joué par les infirmières libérales au quotidien, ces dernières ressentiraient moins ce sentiment d’injustice ? Est-il réellement nécessaire d’expliquer que ce sentiment aggrave le stress et accroit le risque d’épuisement professionnel ? Une meilleure reconnaissance pour lutter contre le burn-out des IDEL(s), l’idée n’est pas révolutionnaire mais elle a le mérite de ne pas mettre en danger les orientations budgétaires de la politique de la santé en France. Faudra-t-il attendre 2018 et une nouvelle table ronde pour en prendre conscience ?

 

Et vous, pensez-vous que ce stress des infirmières libérales est insoluble tant que l’on n’alloue pas un budget conséquent pour s’attaquer aux véritables causes ? Estimez-vous qu’il faut rechercher ailleurs cette source de stress ?