Les infirmières libérales comme tous les professionnels de santé se font fréquemment entendre pour donner leur avis sur les évolutions à apporter à notre système de santé. La population française a elle-aussi des revendications à porter, et il faudra bien, à un moment ou à un autre, en tenir compte.

Les patients, conscients de la nécessité de transformer l’offre de soins

Les infirmières et infirmiers libéraux font entendre leurs voix depuis plusieurs semaines, depuis que le gouvernement d’Edouard Philippe a dévoilé son plan pour transformer en profondeur l’offre de soins et la politique de santé en France pour les années à venir. Tous les professionnels de santé se joignent aux infirmières libérales pour faire connaitre leurs exigences spécifiques. Ces revendications se renforcent selon certains (se complexifient pour d’autres) avec la mobilisation du personnel soignant des hôpitaux et des EPHAD. Il peut en ressortir une certaine confusion. Les Français sont eux-aussi partagés sur le sujet, comme l’atteste un sondage réalisé par l’Institut Elabe pour le journal Les Echos. Et pourtant, l’avis des patientes et des patients est aussi à prendre en compte pour faire évoluer le système de santé. Peut-on déduire de cette étude, que les Françaises et les Français partagent la vision du gouvernement d’Edouard Philippe ? A priori, c’est ce que l’on pourrait croire, en apprenant que 57 % des personnes interrogées considère que trop d’actes de santé sont réalisés. C’est un des arguments d’Agnès Buzyn, Ministre de la Santé, qui justifie une partie de la réforme, qu’elle porte, par la multiplication des actes inutiles. Selon Mme Buzyn, ces actes inutiles pourraient représenter jusqu’à 30 % de l’ensemble de ceux réalisés chaque année.

Les patients, attachés à la politique de santé et à leurs soignants

A force de l’entendre, les patients croient donc aussi que la lutte contre le gaspillage est une absolue nécessité si on souhaite préserver notre système de santé. Ils ont même 60 % à partager ce constat chez les plus de 50 ans, alors que « seuls » 52 % des 18-24 ans partagent cette vision pessimiste de la politique de santé en France. A l’inverse, la volonté affichée par le président de la République Emmanuel Macron, de limiter la tarification au volume d’actes (T2A) à 50 % du budget de l’hôpital n’est pas comprise et donc rejetée par une majorité des Français. Seuls 31 % des personnes interrogées se déclarent en faveur de cette mesure, qui n’a pas bénéficié d’une explication détaillée.

Une étude de décembre 2017, publiée sous l’égide de la Haute Autorité de Santé (HAS), permet néanmoins de bien comprendre que les patients sont en revanche satisfaits des soins prodigués. Ainsi, 85 % des patients hospitalisés pour une durée de 48 heures se sont ainsi déclarés satisfaits de leur hospitalisation. Et ils sont plus de 90 % à souligner le dévouement et la qualité du travail des infirmières et des aides-soignants.

 

Les infirmières libérales, des soignantes appréciées et recherchées par les patients

Si ces deux études récentes ne distinguent pas la place de l’infirmière libérale de celle réservée à l’infirmière hospitalière, on retrouve néanmoins ce haut taux de satisfaction en ce qui concerne plus spécifiquement les infirmières libérales. En 2015, 90.7 % de la population française avait une vision favorable sur les infirmières libérales et hospitalières. Si la patientèle des IDEL(s) s’empressait alors de mettre en avant le dévouement et l’engagement des infirmières et infirmiers libéraux, le reste de la population soulignait leur importance pour ce qui constitue toujours une des priorités des Français en matière de santé : rester le plus longtemps à son domicile et éviter l’hospitalisation.

C’est donc positivement que les Français estiment le personnel soignant en général et les infirmières libérales plus particulièrement. Ce jugement favorable ne les empêche cependant pas d’estimer comme nécessaire la volonté de réformer l’offre de soins pour pouvoir préserver un « système de santé à la française ». Les infirmières libérales, elles, sont plébiscitées lorsqu’il s’agit d’évoquer les conditions pour un maintien à domicile pour les patients en fin de vie. Le gouvernement d’Edouard Philippe devra tenir compte de ces aspirations de la population française, sans toutefois ignorer celles portées par les professionnels de santé, dont les infirmières libérales. L’exercice sera difficile et périlleux, mais on devrait rapidement savoir la synthèse qui sera faite de ces multiples attentes.

 

Et vous, considérez-vous que les attentes des Français en matière de santé soient compatibles avec les exigences des infirmières libérales ? Avec le projet du gouvernement ?