Les infirmières libérales dubitatives face au plan Prévention Santé

Le gouvernement a rendu public un plan Priorité Prévention, censé réunir les infirmières et infirmiers libéraux et tous les autres professionnels de santé. Les IDEL(s) ont déjà affiché leur incompréhension face à une mesure de ce plan : la vaccination.

La Santé, au cœur des ambitions du gouvernement, une bonne nouvelle pour les infirmières libérales !

 

Décidément, en ce début d’année 2018, le gouvernement ne cesse de mettre en avant sur ses ambitions en matière de santé. La prévention est au cœur de ces dernières, puisque le Ministère de la Santé a rappelé vouloir renforcer la renforcer considérablement. Le service sanitaire pour les étudiantes infirmières et plus généralement pour tous les étudiants dans le domaine de la santé en est une des preuves les plus tangibles. Mais le gouvernement n’entend pas se limiter à cette mesure très médiatisée, et il l’a fait savoir lors du Conseil Interministériel de la Santé, qui s’est tenu le 26 mars dernier. Faut-il voir dans la multiplication de ces annonces et de ces réunions une réponse apportée à la grogne qui monte chez les soignants ? Le gouvernement s’en défend, soulignant que son action en matière de santé répond aux engagements pris par le candidat Macron devenu depuis président de la République.

Le 26 mars donc, le gouvernement a dévoilé 25 mesures pour « rester en bonne santé tout au long de sa vie. Pour expliquer cette annonce plus qu’ambitieuse, le premier Ministre, Edouard Philippe, et Mme Agnès Buzyn, Ministre de la Santé, ont expliqué qu’ils appréhendaient cette « santé » au sens donné par l’Organisation Mondiale de la Santé : « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ».

 

 

Des propositions pour soutenir la politique de prévention

 

A travers ce comité interministériel comme à travers toutes les actions du gouvernement en la matière, Edouard Philippe a justifié cette démarche : « La promotion de la santé et la prévention constituent le premier axe de la Stratégie nationale de santé 2018 – 2022 du Gouvernement ». C’est donc une liste de 25 propositions, qui ont été dévoilées au public, des propositions intéressant les jeunes comme les personnes les plus âgées, les hommes comme les femmes, les personnes en difficulté d’insertion comme les patients hospitalisés, ….

Parce que les déclarations de principe ne suffisent pas, le gouvernement a déjà chiffré à 400 millions d’euros (sur 5 ans) le budget alloué aux actions Priorité Prévention. Parmi ces propositions, on retrouvera toute la prévention autour des femmes enceintes mais aussi des plus jeunes enfants. Les personnes âges ne sont pas oubliées, puisqu’un chapitre complet leur est consacré. Cependant, parmi ces mesures prises donc dans l’intérêt général, l’une n’a pas suscité l’adhésion massive des infirmières libérales.

Prévenir c’est guérir, pas forcément pour les infirmières libérales …

 

En effet, le plan Priorité Prévention Rester en Bonne Santé tout au long de sa vie ambitionne de simplifier le parcours vaccinal pour les usagers en garantissant une offre de vaccination, de proximité, accessible : étendre les compétences vaccinales des pharmaciens, infirmiers et sages-femmes. Les infirmières libérales peuvent donc se réjouir à la lecture de cette mesure, même si elles peuvent aussi regretter de ne pas avoir été mises au courant avant l’annonce officielle. Cependant, certaines infirmières libérales mais aussi le Syndicat National des Infirmiers et Infirmières libéraux (SNIIL) se sont offusqués de la suite de cette proposition qui envisage de poursuivre cette ambition vaccinale en allant vers la généralisation de la vaccination antigrippale par les pharmaciens d’officine.

Dans un communiqué du 27 mars, le SNIIL condamne ainsi cette attitude de façade, consistant à réunir tous les acteurs, et la décision déjà prise de généraliser la vaccination antigrippale par les pharmaciens dès 2019. On ne parle plus alors des infirmières et infirmiers libéraux, dont les compétences recouvrent pourtant bien cette mission de vaccination. Le syndicat profite de l’occasion pour signaler que les « infirmières libérales, réalisant 90 % de leur activité au domicile « devraient être davantage intégrées dans la « réflexion sur deux autre sujets de ce Plan Prévention : le suivi de patients handicapés et la prévention des risques chez les personnes âgées ».

Censé susciter l’adhésion de tous les professionnels de santé et notamment des infirmières libérales, ce plan de Prévention a donc (déjà) crispé les relations. Un geste sera-t-il fait pour apaiser les craintes et la colère, ou la prévention sera-t-elle programmée sans faire plus appel aux infirmières et infirmiers libéraux ?

Et vous, comment interprétez-vous ce silence fait autour de la vaccination antigrippale par les infirmières libérales ? Estimez-vous que les infirmières et infirmiers libéraux ne sont pas assez mis à contribution dans ce plan Prévention ?