Un récent sondage de l’Ordre National des Infirmiers confirment cette impression, que nous avions tous : les infirmières et infirmiers libéraux ou hospitaliers sont en souffrance. Un constat implacable, face auquel l’ONI a décidé de réagir ….

Une enquête sur le moral de toutes les infirmières et infirmiers

C’est l’Ordre National des Infirmiers (ONI), qui a réalisé un sondage auprès des infirmières et infirmiers, qu’ils exercent en tant qu’indépendant ou en milieu hospitalier. Plus de 18.000 infirmiers ont répondu aux questions, parmi lesquelles on dénombre près de 40 % d’infirmières libérales. Il s’agissait de connaître précisément le moral de ces professionnels de santé, et les résultats sont malheureusement sans surprise, rappelant les nombreuses inquiétudes d’une profession en pleine mutation. Il s’agissait uniquement de recueillir le sentiment de ces infirmières libérales et hospitalières, sans chercher à identifier les causes pouvant expliquer leur moral ou leur état d’esprit.

Sans surprise donc, puisque 63 % des sondés admettent ressentir très souvent « au moins » un syndrome d’épuisement professionnel. Près de 2 infirmières sur 3 connaitraient ainsi régulièrement une situation proche du burn out, ce qui a de quoi inquiéter les autorités publiques d’une part, mais aussi les représentations syndicales. Si la distinction n’est pas faite dans le sondage, les infirmières libérales doivent en outre surmonter l’isolement et la solitude, caractéristiques de leur profession.

 

Souffrance psychologique, les infirmières libérales en première ligne !

42 % des infirmières et des infirmiers interrogés vont même plus loin en déclarant se sentir « très souvent à bout » en fin de journée. On pense alors immédiatement à la complexité de la prise en charge de certains patients, mais aussi à la surcharge de travail ou encore à la non reconnaissance de la profession de la part des autorités publiques. Les raisons pour expliquer ce mal-être des soignants en général et des infirmières en particulier sont nombreuses, mais le constat est implacable. Plus inquiétant encore, on retrouve la même proportion de personnes en souffrance au moment du début de la journée de travail, laissant supposer que ce moral va se dégrader au fil des heures qui passent.

Dans un communiqué de presse, présentant les résultats de ce sondage, l’ONI tire donc la sonnette d’alarme : « Ces constats sont véritablement inquiétants d’autant que les conséquences sur la santé ne sont pas neutres« . Le sondage met en évidence les conditions de travail souvent difficiles des infirmières libérales, puisque 51.12 % des IDEL(s) ayant répondu à l’enquête déclarent travailler fréquemment ou régulièrement 7 jours (et plus) d’affilée. Les infirmiers libéraux admettent également, dans leur grande majorité (79.67 %) connaitre régulièrement des journées de plus de 12 heures. On comprend mieux dans ces conditions l’épuisement, qui peut découler d’un tel rythme de travail mais aussi les conséquences néfastes de cet épuisement sur la vie sociale, affective et familiale des professionnels concernés.

 

De la charge de travail au code éthique, des causes multiples pour expliquer une souffrance invisible

Dans ces conditions, la charge de travail reste la première cause citée par les infirmières et infirmiers pour expliquer ce mal-être. Pour 79.74 % des sondés, c’est un facteur important voire très important. On retrouve dans cette liste des causes de cette souffrance :

  • Les problèmes de violence et d’agressivité : 27.96 % les considèrent comme très importants et 29.5 % comme importants
  • Les aspects financiers : 21.89 % très importants et 29.22 % importants
  • Les choix éthiques : 20.15 % très importants et 28.66 % importants.

La situation est donc compliquée, et la diversité des thématiques avancées pour expliquer ce moral en baisse chez les infirmières et infirmiers n’est guère propice à l’optimisme. On ne sait pas très bien, comment répondre à toutes les problématiques soulevées, depuis les conditions de travail jusqu’aux règles déontologiques.

Pour ne pas rester inactif sur le sujet, l’ONI s’est associé à 8 autres structures d’aide aux soignants, dont l’Ordre National des Médecins pour lancer un numéro de téléphone unique disponible 24h/24, 7j/7 pour tous les professionnels de santé en détresse : 0800 800 854.

 

C’est une avancée, que certains jugeront insuffisantes mais qui a le mérite d’exister. Il faudra voir, dans les semaines à venir, si les professionnels de santé en général et les infirmières libérales en particulier adoptent le réflexe d’appeler cette Solidarité Ordinale Infirmière pour penser enfin à soi.

Et vous, que pensez-vous de la création de ce nouvelle plateforme téléphonique ? pourra-t-elle soulager les infirmières et les infirmiers dans la durée ? Quelles seraient selon vous les mesures à prendre en extrême urgence ?

 

Pour découvrir les résultats de l’étude Dépression, épuisement professionnel, mal-être : quelle réalité au sein de notre profession ? (Ordre national des infirmiers – Avril 2018)