Depuis de nombreuses années, les infirmières et infirmiers libéraux revendiquaient ce droit à participer plus activement à cet aspect de la politique publique de Santé qu’est la vaccination. Les IDEL(s) semblent avoir été entendus, puisque désormais les infirmières libérales peuvent effectuer les primo vaccinations notamment. Une bonne nouvelle pour l’avenir de la profession ou un effet d’annonce ?

La vaccination et la prévention, des objectifs prioritaires en matière de santé publique

Depuis des années, les infirmières et infirmiers libéraux revendiquent un droit élargi à la vaccination anti grippale notamment. Ces revendications ont été à l’origine de vives tensions ces dernières années, et notamment lorsque le Ministère de la Santé accorda ce droit à vaccination aux pharmaciens. Pour mémoire, les infirmiers libéraux sont, depuis 2008, autorisés à vacciner sans prescription médicale les malades chroniques et les personnes âgées. La primovaccination était exclue jusque-là de leurs prérogatives. Mais depuis l’hiver dernier, le gouvernement a eu l’occasion d’affirmer avec force que la Prévention faisait partie des priorités en matière de Santé Publique, et la question de la vaccination était alors remise à l’ordre du jour.

Au milieu de l’été, la Haute Autorité de Santé a publié un rapport « Extension des compétences des professionnels de santé en matière de vaccination -Vaccination contre la grippe saisonnière », qui soulignait la nécessité d’harmoniser les compétences entre les professionnels de santé et d’élargir les « droits  à vaccination » pour ceux-ci. La HAS recommandait ainsi au gouvernement de « De limiter les occasions manquées de vaccination en multipliant les lieux possibles de vaccination (…) ». Le Ministère de la Santé a entendu ces arguments.

Les nouvelles règles de vaccination antigrippale pour les infirmières libérales

Désormais, les infirmières libérales (comme les pharmaciens) peuvent vacciner contre la grippe toutes « les personnes majeures pour lesquelles la vaccination antigrippale est recommandée dans le calendrier des vaccinations en vigueur ». L’arrêté et le décret du 25 septembre 2018 encadrent cette extension des droits à vaccination pour les infirmières et infirmiers libéraux. Les personnes, n’ayant jamais été vaccinées, et les femmes enceintes peuvent désormais se faire vacciner par leur infirmière libérale. Seules les personnes, présentant des risques d’allergie sévère, sont exclues du dispositif.

L’Ordre National des Infirmiers (ONI) s’est déjà félicité de cette mesure en publiant un communiqué, rappelant que cette demande est ancienne : « Les infirmiers vont pouvoir désormais jouer pleinement leur rôle de santé publique auprès des patients« . Profitant de cette reconnaissance, le président de l’institution ordinale, M Chamboredon Patrick, va même plus loin en espérant que « l’extension du rôle infirmier soit une réalité aussi pour d’autres vaccinations (…) dans l’intérêt des personnes et de la protection contre les maladies ».

Dans ses recommandations, la HAS appelle aussi à la nécessité de renforcer l’information des patients, en demandant la création d’un carnet de vaccination électronique, qui devrait être intégré au Dossier Médical Partagé. (DMP). En élargissant le droit à vaccination aux professionnels de santé, les autorités souhaitent en effet, que chacun, de l’infirmière libérale aux sages-femmes, puisse compléter ce dernier mais aussi le consulter.

C’est donc une avancée positive, qui ne permet cependant pas aux infirmières et infirmiers libéraux de retrouver le sourire. En effet, cette décision ne fait pas oublier la Réforme du Plan de Santé, duquel les infirmières libérales se sentent exclues ni même la colère suscitée par l’extension de ce droit de vaccination accordé aux pharmaciens. Est-ce le signe d’une normalisation des relations entre infirmières et infirmiers libéraux d’une part et autorité publique d’autre part ? Ce premier pas annonce-t-il un déblocage des autres revendications en cours à commencer par la reprise des négociations conventionnelles de la profession ? Rien n’est moins sûr, et il faudra, dans tous les cas, patienter encore quelques semaines pour le découvrir.

 

Et vous, que pensez-vous de cette extension des droits à vacciner contre la grippe accordée aux infirmières et aux infirmiers libéraux ? Et pour les pharmaciens ? Pensez-vous que les relations entre IDEL(s) et autorité publique vont s’apaiser dans les semaines à venir ?