En 2017, la sécurité des infirmières libérales au domicile de leurs patients mais aussi celle des infirmières en milieu hospitalier étaient au cœur du débat public. Un an et demi après, la situation a-t-elle évolué et les infirmières sont-elles mieux protégées.

La sécurité au domicile des patients, une nécessité au quotidien pour les infirmières et infirmiers libéraux

Tous les professionnels de santé, exerçant en libéral, considèrent la sécurité dans leur cabinet comme un enjeu essentiel. Parmi ces professionnels de santé, les infirmières et infirmiers libéraux sont les seuls à exercer leur profession au domicile de leurs patients dans 90 % des cas. C’est donc bien la sécurité de ces IDEL(s) lorsqu’elles se trouvent chez l’un de leur patient, qui s’impose alors comme un prérequis. Et pourtant, les faits divers se multiplient, soulignant que les patients et la famille de ceux-ci sont de plus en plus souvent incriminés dans des violences verbales (mais aussi parfois physiques) faites aux infirmières libérales. C’est intolérable pour les IDEL(s) et depuis de nombreuses années, cette nécessité de sécuriser leur exercice professionnel fait partie des principales revendications portées par les syndicats représentatifs de la profession. En 2017, l’Ordre National des Infirmiers (ONI) réalisait même un sondage auprès de ses adhérents pour connaître leurs attentes. Sans surprise, la sécurité restait la priorité des priorités, et l’ONI interpellait alors les candidats à l’élection présidentielle en ces termes :

« Que ce soit à l’hôpital ou dans les soins à domicile, nous observons une montée des violences envers les infirmiers. La dégradation de nos conditions d’exercice représente une menace grave pour la qualité des soins. Nous souhaitons que les forces de l’ordre, la Justice et les établissements de santé agissent en conséquence (tolérance zéro) et réclamons l’allocation de crédits dédiés afin notamment de mettre en place :

– Des systèmes connectés d’alarme.

– Un plan de formation préventive pour l’ensemble des infirmiers qui se déplacent au domicile des patients. »

Chaque jour, 22 infirmières et infirmiers se font agresser !

Cette demande de la profession avait été fortement médiatisée, puisqu’à l’époque deux agressions d’infirmières libérales faisaient la une des journaux. Un an et demi après, aucun système d’alarme connectée ni même aucune formation préventive n’ont été mis en place de manière globale et généralisée. Il existe bien des initiatives locales, mais les revendications de 2017 semblent bel et bien tombées aux oubliettes. Pourtant, l’insécurité n’est pas qu’une notion mais constitue bien la réalité pour les infirmières libérales et hospitalières. Ainsi, les chiffres officiels indiquent, que plus de 8.000 infirmières et infirmiers ont été victimes en 2016 d’agressions physiques ou verbales. Cela représente quand même près de 22 agressions d’infirmières et d’infirmiers par jour. Ces chiffres ne tiennent pas compte des violences, pour lesquelles les infirmières décident de ne pas les signaler.

Une situation tendue, des relations conflictuelles, quelle marge de manœuvre pour les infirmières libérales ?

Que ce soit pour les soins de ville ou en milieu hospitalier, les infirmières et les infirmiers restent les soignants les plus accessibles, et ceux, qui sont toujours présents au quotidien. Il n’est donc pas étonnant, qu’ils soient plus souvent pris pour cible que les autres professionnels de santé. Dans près de 3 cas sur 4, ces violences sont commises par le patient ou par l’entourage de ce dernier. Et lorsque ces violences, même verbales, sont commises dans l’intimité du domicile du patient, le stress et l’oppression deviennent bien plus intenses pour les infirmières libérales. Dans tous les cas, les infirmières libérales, victimes de ces violences, sont incitées à porter plainte même si celles-ci n’ont été que verbales. Il ne faut rien laisser passer, même si dans certaines situations, les forces de l’ordre ont cherché à minimiser les faits constatés entre une infirmière libérale et la famille d’un patient décédé à son domicile. Ces forces de l’ordre ont alors refusé de prendre la plainte de l’Infirmière, au prétexte que les faits n’étaient pas « assez graves ». Le Ministère de l’Intérieur avait alors réagi, en réaffirmant que toute plainte déposée par une infirmière ou un infirmier libéral devait être enregistrée. Toujours est-il que presque deux ans se sont passés depuis cet appel à la vigilance et à l’augmentation des moyens consacrés à la protection des infirmières et infirmiers libéraux notamment. Et rien ne semble avoir changé, alors faudra-t-il attendre un autre drame pour prendre enfin conscience, que le sujet est essentiel ?

 

Selon vous, quelles seraient les mesures à prendre en urgence pour la sécurité des infirmières et des infirmiers ? Pensez-vous que les autorités se préoccupent suffisamment de ce sujet ?