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Comment les infirmières libérales sont-elles perçues par la population ?

 

C’est une étude, qui est abondamment commentée par tous les professionnels de santé. La société Odoxa spécialisée dans les rapports d’opinion vient de dévoiler les résultats de son enquête sur le système de santé en France en s’intéressant plus particulièrement aux professions libérales de santé (PLS), au premier rang desquelles on retrouve les infirmières et infirmiers libéraux.

 

Des études et des sondages d’opinion, des pistes de réflexion pour les infirmières libérales ?

 

Comme tous les secteurs d’activité, le domaine de la santé est rythmé par des dates incontournables tout au long de l’année. Les infirmières libérales, comme tous les professionnels de santé libéraux, redoutent ainsi la parution du rapport de la Cour des Comptes. Les hauts magistrats délivrent, à la fin de l’été de chaque année, les bons et les mauvais points aux différentes professions de santé. Ils livrent aussi des indicateurs chiffrés pour attester de la complexité de chacune de ces professions. D’autres études sont attendues par les infirmières et infirmiers libéraux comme par d’autres professions : les études d’opinion.

En matière de santé, les études Baromètre santé 360 ° d’Odoxa font figure de référence, tant elles couvrent la quasi-totalité des sujets. La dernière en date concerne plus précisément encore les IDEL(s) puisque la dernière étude publiée en novembre dernier est consacrée aux professionnels de santé libéraux. Et les résultats, s’ils se montrent encourageants par certains résultats, soulignent également des pistes d’amélioration ou au moins de réflexion.

 

Les infirmières libérales, des professionnelles de santé connues et reconnues par la population

 

Sans surprise, les professionnels libéraux de santé (PLS) bénéficient d’une excellente image auprès de la population, et ce quelle que soit la profession médicale exercée. 91 % des personnes interrogées expriment leur bonne opinion des infirmières libérales et des autres professionnels concernés. 3 professions s’imposent comme emblématiques des PLS, et il s’agit bien évidemment des soignants qui sont le plus au courant des patients et des patientes : les médecins généralistes, les infirmières libérales et les pharmaciens. Sans entrer dans la polémique qui a pu opposer ces derniers mois les uns aux autres, plus de 8 personnes interrogées sur 10 estiment que ces professionnels sont « compétents, courageux, sympathiques et à l’écoute de leurs patients ». Autant dire que si les infirmières libérales demandent toujours plus de reconnaissance, ce n’est pas du côté des patients qu’il faut chercher. Les professions médicales bénéficient d’une certaine renommée au sein de la population puisque 59 % des personnes interrogées reconnaissent qu’elles recommanderaient à leurs enfants de devenir IDEL(s), une autre forme de reconnaissance qui ne correspond toutefois pas forcément à la réalité. Pour preuve, 80 % des personnes interrogées estiment que les professions médicales ne sont pas sexuées. Les chiffres démontrent le contraire, puisque on recense, en 2018, 102123 infirmières libérales contre 20218 hommes, soit une profession féminisée à 83.47 %. Enfin, ce jugement plus que positif sur les PLS se caractérise aussi par le sentiment que tous ces professionnels partagent de bonnes relations entre eux (86 %) mais aussi avec leurs patients (89 %). Les PLS interrogés partagent ce sentiment dans des proportions plus réduites cependant.

Une profession en manque de reconnaissance encore et toujours

 

Pourtant, il ne faut pas croire que les patients ont une vision idyllique de la profession, ni même que les infirmières libérales ne sont pas assez conscientes pour se rendre compte des problèmes rencontrés au quotidien. 83 % des Français estiment que les infirmières libérales ne sont pas assez reconnues.

La grande majorité de la population a conscience que les relations entre les PLS et les établissements de santé (et les pouvoirs publics) sont dégradées depuis de nombreuses années. 40 % des PLS interrogés confirment ces relations difficiles avec les centres de santé alors qu’ils sont plus de 2 sur 3 à souligner la difficulté de communiquer avec les autorités publiques. C’est une fois encore, le manque de reconnaissance qui est pointée du doigt, et si toutes les professions libérales se déclarent consciente de cette dégradation de leur « prestige », les infirmières le sont à 81 % (contre 70 % pour l’ensemble des PLS).

Ces relations tendues peuvent s’expliquer notamment par la multiplication des réformes en matière de santé publique. Les personnes interrogées soutiennent, en grande majorité, les grandes réformes annoncées ces dernières années, soulignant qu’elles regrettent le corporatisme des professions médicales en général. Ce ne sont pas les infirmières libérales, qui sont jugées en premier lieu mais bien les médecins et les pharmaciens. Pourtant, certaines discordes se font jour entre la population et les infirmières libérales. Ainsi si elles sont 7 sur 10 à ne pas souhaiter la fin du concours d’entrée pour les études d’infirmière, la majorité de la population soutien cette suppression. En revanche, la population soutient certaines revendications des infirmières et infirmiers libéraux, comme la possibilité d’étendre le droit à vaccination.

 

Un constat en phase avec la réalité et conforme à l’évolution de notre système de santé

 

Les Françaises et les Français vont même plus loin, puisqu’ils sont plus de 63 % à souhaiter que les infirmières et infirmiers libéraux puissent avoir droit de prescrire certains médicaments. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que plus de deux personnes interrogées sur 3 se déclarent favorables à la mise en place des infirmières de pratiques avancées (IPA). Concernant la prescription des IDEL(s), les médecins sont réticents à cette idée même (60 % y sont hostiles), alors que près de 9 infirmières libérales sur 10 se prononcent en faveur d’une telle mesure.

Enfin, lorsqu’on interroge la population sur le système de santé en France, le jugement est relativement tranché. Le parcours de soins tel qu’il existe aujourd’hui, n’entraine l’adhésion que d’un Français sur deux, et on soulignera une forte dégradation de ce jugement, puisqu’ils étaient plus de 63 % il y a une dizaine d’années à se satisfaire de celui-ci. Ce mécontentement se retrouve chez 3 PLS sur 4. Patients et PLS se rejoignent donc pour demander une amélioration de ce parcours, et pour une grande majorité des personnes interrogées, le numérique représente un outil pour évoluer dans le bon sens. Ils sont 70 % à le penser côté patients et 68 % côté PLS. Le numérique est souvent cité comme une condition indispensable pour multiplier les maisons de santé pluridisciplinaires (MSP). 37 % des Français ont déjà recours à ces MSP, alors que 45 % des médecins, des sages-femmes et des infirmières libérales y travaillent.

En revanche, concernant le numérique et la santé, les patients émettent certaines réserves et certaines peurs quant à la sécurité et à la confidentialité des données. Ils sollicitent des solutions d’échanges d’informations entre PLS « labelisées par l’Etat ». Du côté des professionnels de santé, 9 sur 10 admettent échanger des données sensibles entre eux. En revanche dans deux cas sur trois, ces échanges ne transitent pas par une messagerie sécurisée, comme l’impose la législation en vigueur.

 

Ce rapide tour d’horizon de la perception du métier de professionnel de santé libéral en général et de l’infirmière libérale en particulier permet de comprendre, que la population est pleinement consciente des difficultés de ces métiers. Si elle en perçoit les contraintes et en reconnait l’utilité, la population reste en attente de solutions fiables et sures pour l’avenir de notre système de santé.

Et vous, quelles auraient été vos réponses aux différentes interrogations ? Estimez-vous que le soutien de la population soit nécessaire pour se faire entendre par les autorités publiques ?