On a souvent présenté la pénurie d’infirmières libérales ou le manque de professionnels de santé comme le constat d’une désertification médicale. Pourtant, les dernières études tendent à souligner que la situation a tendance à évoluer de manière positive et prometteuse.

Les déserts médicaux, une situation critique à surveiller de près

Toutes les infirmières libérales, comme les autres professionnels de santé, le savent bien : la lutte contre la désertification médicale reste une des priorités du gouvernement. Cela se traduit dans les faits par des projets ambitieux, comme ceux inclus dans la Réforme du Système de Santé « Ma Santé 2022 », notamment à travers l’accompagnement des infirmiers libéraux et des autres professions de santé à privilégier l’installation en maison de santé pluriprofessionnelle.

Cette problématique des déserts médicaux représente un enjeu de taille pour la Santé Publique, puisqu’elle conditionne la garantie de l’égalité pour tous en ce qui concerne l’accès à ces professionnels de santé. La Direction de la Recherche, des Etudes, de l’évolution et des statistiques (DREES) réalise régulièrement des études pour suivre cette démographie des IDEL(s) notamment. La DREES explique ainsi, en prélude de son dernier rapport : « L’évolution des modes de prise en charge et d’organisation des soins (programme d’accompagnement au retour à domicile, exercice pluriprofessionnel, délégation des tâches, pratiques avancées infirmières) ainsi que le vieillissement de la population renforcent les besoins de prise en charge en ville par des infirmiers, des masseurs-kinésithérapeutes ou des sages-femmes. La répartition géographique de ces professionnels de santé exerçant hors structures hospitalières constitue donc un enjeu crucial pour la garantie d’un égal accès aux soins dans les territoires »

Les infirmières libérales sont de plus en plus présentes au chevet de leurs patients

 

Cette récente publication revient sur l’évolution de l’accessibilité des patientes et des patients aux infirmières libérales, aux masseurs kinésithérapeutes et aux sages-femmes. Et force est de constater, que la tendance est à l’amélioration. Entre 2016 et 2017, cette accessibilité s’est améliorée de 2.3 % pour les infirmiers libéraux (contre 2.8 % pour les kinés et 5.4 % pour les sages-femmes). En moyenne, on compte 145 infirmières et infirmiers libéraux « équivalent temps plein » (ETP) pour 100.000 habitants.

En d’autres termes, la population française dispose donc de plus en plus d’infirmières libérales, et la DREES se félicite de ces bons résultats de la démographie professionnelle. Ainsi, en 2017, 7 français sur 10 ont un bon accès aux professionnels des soins de premiers recours. Ce recul des déserts médicaux ne doit cependant pas faire oublier les inégalités, qui existent encore les différentes régions de France. Les déserts médicaux n’ont toujours pas disparu et l’étude souligne, que les infirmières et libéraux se concentrent principalement au Sud d’une ligne s’étirant entre la Meuse et la Dordogne.

L’avenir des infirmières libérales, un futur à imaginer et à préparer

 

On estime encore, que 4.5 % de la population française ressent des difficultés d’accès aux trois professions de santé étudiées. Cependant, les autorités publiques se sont efforcées de multiplier les dispositifs pour lutter contre ces déserts médicaux. Ainsi, les maisons de santé pluriprofessionnelle font partie des solutions envisagées par les autorités publiques, de même que le renforcement des mesures favorisant l’hospitalisation à domicile mais aussi les décisions prises pour développer la délégation des tâches. Vouloir garantir la présence des infirmières et infirmiers libéraux dans toutes les régions de France reste un des objectifs du Ministère de la Santé.

Mais c’est d’abord en incitant les étudiants à choisir les formations en soins infirmiers ou de masso-kinésithérapie, que les autorités publiques ont réussi à inverser la tendance. Avec des mesures imposant le zonage pour mieux répartir les installations d’infirmière libérale, le dispositif a également permis de faire croitre la population d’IDEL(s) (+7 %) notamment plus rapidement que la croissance démographique nationale. Ainsi, entre 1999 et 2017, les effectifs ayant choisi de s’orienter vers les soins infirmiers ont augmenté de …. 70 %. Le pari de faire reculer les déserts médicaux, s’agissant des infirmières libérales, des masseurs kinésithérapeutes et des sages-femmes, semble donc en passe d’être gagné. Dans les années à venir, on peut donc supposer que ces mesures devraient être peu à peu modifiées voire même supprimées pour certaines, afin de ne pas conduire ces professions de santé à l’effet inverse de celui recherché : une surpopulation néfaste aussi bien pour les patients que pour les infirmiers libéraux.

 

Et vous, estimez-vous désormais que les infirmières et infirmiers libéraux sont suffisamment nombreux sur le territoire français ? Comment pourrait-on mieux répartir ces professionnels à l’avenir pour répondre aux enjeux de Santé Publique ?