Les maisons de santé pluriprofessionnelles sont présentées comme un modèle d’avenir par le Ministère de la Santé. Ce dernier entend inciter les infirmières libérales et les autres professionnels de santé à préférer cette forme d’exercice coordonnée plutôt que de s’installer de manière solitaire. Mais les MSP peuvent-elles résoudre, à elles-seules, toutes les problématiques de notre système de santé ?

Infirmière libérale, le choix de l’autonomie ou du travail en équipe

Le grand public conserve l’image traditionnelle de l’infirmière libérale, travaillant seule, et se rendant de patient en patient. Les idées préconçues ont la vie dure, et pourtant le quotidien d’une infirmière ou d’un infirmier libéral ne peut pas se résumer à cette seule image d’Epinal en 2019. Aujourd’hui, les maisons de santé pluriprofessionnelles, les MSP pour les spécialistes, attirent de plus en plus d’IDEL(s), de médecins et autres professionnels de santé. Les chiffres l’attestent, puisqu’en mai 2019, le Ministère de la Santé recensait pas moins de 1253 MSP en activité, alors qu’il en totalisait 445 en cours de développement.

Si ces MSP attirent de plus en plus les infirmières libérales et les autres professionnels de santé, c’est que ces centres permettent de jouir de nombreux avantages, à commencer par la mutualisation des coûts, la rupture de l’isolement de l’infirmière libérale, la possibilité de s’engager plus fortement dans des projets ambitieux, … Mais cette attractivité s’explique aussi et surtout par la volonté des autorités publiques de promouvoir cette nouvelle façon de concevoir les soins dits de ville, et la réforme de notre système de santé, portée par le gouvernement actuel, a fait de ces MSP et autres formes d’exercice coordonné une priorité pour les années à venir.

 

Un cadre plus attirant pour les maisons de santé pluriprofessionnelles

Si les MSP existent depuis une vingtaine d’années, il aura fallu attendre 2017 pour qu’elles connaissent un véritable regain d’intérêt auprès des infirmières libérales et des autres professionnels de santé. C’est à cette date, qu’un accord cadre interprofessionnel (ACI) a établi un nouveau mode de rémunération, dont l’objectif principal consistait à valoriser cette prise en charge coordonnée des patients. 735 maisons de santé pluriprofessionnelles avaient déjà adhéré à cet ACI à la fin de l’année 2018, soit 197 de plus qu’en 2017. Cette tendance devrait s’accélérer dans les années à venir.

Pour les infirmières libérales, rejoindre une MSP permet de sortir du travail solitaire et de s’intégrer dans une véritable démarche collective et collaborative. La mise en commun des moyens, notamment en ce qui concerne les données informatisées, garantit en outre un dossier médical plus complet et plus conforme aux attentes des infirmières libérales et des autres professionnels présents au sein de la MSP. La coordination des soins, les réunions entre professionnels, la participation au projet de la MSP, autant d’arguments qui plaisent en faveur de ces structures de soins.

Une rémunération à la hauteur des attentes des infirmières libérales et des MSP

 

En 2018, les MSP ont accueilli 3.2 millions de patients, ce qui constitue une hausse significative par rapport à 2017 (+ 11%) et exceptionnelle par rapport à 2016 (+42 %). La tendance haussière devrait se confirmer dans les années à venir, au vu du nombre d’ouvertures annoncées. Mais parce qu’elles répondent à un enjeu de santé public, ces MSP adhérentes à l’ACI perçoivent également une rémunération, versée si toutes les conditions sont remplies et respectées. Le montant moyen de cette rémunération était de 63.500 € en 2018. Versée à la structure elle-même, cette rémunération peut être utilisée comme celle-ci le souhaite.

Les voyants semblent donc être passés au vert pour les infirmières et infirmiers libéraux quant à l’opportunité de franchir le pas et de rejoindre une MSP. En se décidant à rejoindre une Société Interprofessionnelle en Soins Ambulatoires (la SISA étant la forme juridique la plus fréquente pour les MSP), l’infirmière libérale ne renonce pas à son indépendance et à son statut libéral. Sans être salariée, elle peut exercer pleinement l’étendue de ses compétences tout en profitant d’un cadre pour le travail coordonné avec les autres professionnels de santé.

Il n’empêche, que les MSP ne pourront pas résoudre toutes les problématiques et notamment celles liées à la désertification médicale, et que sur certains territoires, l’infirmière libérale n’aura d’autres choix que de s’installer de manière plus traditionnelle. Est-ce à dire que la présence ou non d’une (ou de plusieurs) MSP sur un territoire donné sera le nouvel élément contribuant à ce sentiment d’inégalité d’accès aux soins de nombreux patients ?

Et vous, pensez-vous que les MSP sont suffisantes pour lutter contre ces inégalités d’accès aux soins ? Les MSP vous semblent-elles constituer la solution d’avenir pour les infirmières libérales ?