Au cœur de la campagne de vaccination contre la grippe, les infirmières libérales ne décolèrent pas. En accordant le droit de vaccination aux pharmaciens, les autorités publiques ont bel et bien amené une partie de la patientèle à se détourner des IDEL(s).

 

Les infirmières libérales et la vaccination, des professionnelles souvent ignorées par toutes et tous

 

Depuis longtemps, les infirmières libérales font entendre leurs revendications s’agissant de la vaccination. Parce qu’elles restent aujourd’hui encore le premier (et souvent le seul) soignant au chevet des patients et des patientes, elles revendiquent le droit de pouvoir prodiguer les soins dont ces derniers ont besoin. Et la vaccination en fait incontestablement partie. Les infirmières et infirmiers libéraux demandent l’élargissement de ce droit à vaccination, qui leur est accordé dans certaines situations bien définies et à destination de patients clairement identifiés. Mais cette demande d’élargissement n’est pas le seul motif de colère de la part des IDEL(s).

Depuis le décret de mai 2017, les pharmaciens ont en effet été autorisés à vacciner les patients dans leur officine. A l’époque, ce droit de vaccination donné aux pharmaciens avait déclenché une vive réaction des infirmières libérales. D’autant plus que la période d’expérimentation s’est transformée depuis en une généralisation de cette nouvelle compétence délivrée aux pharmacies. A cette époque, vous étiez nombreuses et nombreux à réagir à ce dossier, et une lectrice de notre blog soulignait à juste titre : « Il y a eu tellement de polémique sur les vaccins que beaucoup de patient ne le font pas ou plus. Nous intervenons directement à domicile et nous sommes les mieux placé pour le faire…. Et aussi jouer un rôle de prévention /santé publique auprès d’eux non ? »

 

Pharmaciens vs Infirmières libérales, une opposition appelée à durer

 

Deux ans après cette opposition frontale entre les pharmaciens d’une part et les infirmières et infirmiers libéraux d’autre part, la situation n’a pas changé, puisque les officines continuent à être mobilisés pour la campagne de vaccination contre la grippe. Fin novembre, la Fédération des Syndicats Pharmaceutiques de France (FSPF) soulignait même que depuis le début de la campagne de vaccination contre la grippe, les pharmaciens de l’Hexagone avaient vacciné un million de patients. Bien que le Ministère de la Santé puisse se réjouir de cette annonce en matière d’augmentation de la couverture vaccinale, force est de constater que ce million de patients n’a donc plus besoin des infirmières libérales pour se protéger du virus de la grippe.

Il n’existe, à ce jour, aucune étude chiffrée, mais le succès de la campagne de vaccination en officine semble n’être possible qu’au détriment des infirmières libérales, qui ne peuvent que regretter cette baisse d’activité.

Les infirmières libérales, privées d’une partie de leurs prérogatives

 

C’est ce que constatent les infirmières libérales au quotidien, et les journalistes d’Ouest France ont recueilli le témoignage d’une infirmière libérale, qui conforte ce sentiment d’injustice et nourrit une colère (pour le moment muette) de toute une partie de la profession : « Pour les communes d’environ 5 000 habitants, une trentaine de personnes se déplaçaient pour se faire vacciner contre la grippe. Cette année, on en a eu dix. Sur certaines communes que trois. » Installée à Beaupréau dans le Maine et Loire, cette infirmière libérale conclut :

« Les gens n’ont pas conscience que ce qui a été donné aux pharmaciens a été enlevé aux infirmiers »

 

 

Pourtant, les IDEL(s) partagent cette conviction qu’il faut élargir la couverture vaccinale en France. Les infirmiers libéraux ne s’opposent pas à la possibilité de se faire vacciner contre la grippe en pharmacie, mais à la communication faite par les autorités publiques. Cette communication valorise plus la vaccination en officine que celle réalisée au domicile des patients par des IDEL(s) mobilisés au quotidien. Et c’est cette différence de traitement, qui semble agacer la profession. Même les pharmaciens reconnaissent avoir détourné une partie de la patientèle des infirmières libérales, bien qu’ils cherchent néanmoins à la modérer. C’est ce que fait le président de l’Association des pharmacies rurales, Mr Albin Dumas, en déclarant : « On leur a pris quelques actes, on ne peut pas le contester. Mais, dans l’ensemble, cela se passe bien avec les infirmiers ». Il n’est pas certain que cet avis soit partagé par la majorité des infirmières et infirmiers libéraux.

 

Et vous, ressentez-vous cette baisse d’activité liée au transfert d’un certain nombre de patients en officine ? Quelles décisions pourraient être prises pour améliorer la situation ?