La continuité des soins, un point commun entre grève et remplacement d’IDEL

 

Parce qu’elles doivent garantir la continuité des soins mais aussi veiller à ne pas mettre en péril l’équilibre de leur cabinet, les infirmières libérales imaginent des formes de mobilisation alternatives à la grève traditionnelle. Les mêmes questions d’organisation et d’équilibre financier se posent quand il s’agit de se faire remplacer pour pouvoir partir en vacances. Et là encore, la situation n’est pas la même partout.

Un début d’année de mobilisation pour les infirmières libérales

 

Mobilisés depuis septembre dernier pour défendre leur système de retraite mais aussi et surtout pour ne pas être confrontés à ce qu’ils considèrent être une « injustice criante », les infirmières et infirmiers libéraux ont été appelés, en ce début d’année, à participé à une « grève glissante ». Chaque profession doit se mobiliser, tout à tour, pour répondre à l’appel lancé par SOS Retraite, et du 03 au 6 janvier, ce sont bien les IDEL(s), les kinésithérapeutes et les orthophonistes qui devaient occuper le terrain. Ils seront rejoints et « remplacés » le 6 janvier par les médecins et les experts-comptables. Comme les infirmières libérales, ces indépendants ne peuvent pas se mobiliser comme ils le souhaiteraient, au risque de mettre en péril l’équilibre économique de leur activité.

Souhaitant faire reculer le gouvernement, le collectif SOS Retraite a déjà fait savoir, qu’en cas d’immobilisme des autorités publiques, une grande grève plus traditionnelle serait organisée le 3 février prochain. La question de la continuité des soins se pose alors pour les infirmières et infirmiers libéraux, qui redoublent d’imagination pour trouver de nouvelles formes de mobilisation plutôt que de fermer leur cabinet.

Le remplacement d’infirmière libérale, une préoccupation récurrente

 

Bien d’autres situations impliquent de s’interroger sur cette continuité des soins, notamment lorsqu’il s’agit de pallier les congés d’une infirmière libérale. Dans quelques semaines, de nombreux IDEL(s) organiseront déjà leur départ en vacances de cet été en recherchant une infirmière libérale remplaçante. Et il faut s’y prendre de plus en plus tôt pour ne pas se retrouver dans une situation embarrassante le moment venu. Entre le recrutement de l’infirmière libérale remplaçante, la négociation des conditions du remplacement et la mise en place de l’organisation, les IDEL(s) devant se faire remplacer préfèrent anticiper bien en amont pour éviter les périodes de stress.

C’est ce que vivent actuellement les infirmières et infirmiers libéraux de la Réunion. En plein été austral, le département réunionnais connait une grande période de départs en vacances, qui durera jusqu’à la fin du mois de janvier. Les cabinets d’infirmières libérales ont donc finalisé les remplacements nécessaires depuis longtemps, et comme en métropole, certaines n’ont trouvé leur remplaçante qu’à la dernière minute. Mais la spécificité de l’île de la Réunion est ailleurs et soulève des problématiques, qui se posent aussi, mais avec moins de force, sur le continent, notamment en ce qui concerne les conditions du remplacement.

 

La rémunération de l’infirmière libérale remplaçante, des tensions de plus en plus fortes

 

L’Infirmière libérale remplaçante perçoit, à la Réunion comme en Métropole, une rétrocession d’honoraires perçus par l’infirmière libérale remplacée. La règle est simple et facile à comprendre, et seul le taux de rétrocession peut prêter à discussion et à querelles lors de la signature du contrat. La problématique devient encore plus forte à la Réunion, où un infirmier libéral remplaçant témoignait, sous couvert d’anonymat, auprès des journalistes d’Actusoins : « « A La Réunion, il y a encore de l’esclavage. On m’a déjà proposé du 70/30 alors que j’utilise ma voiture et que je paie mon carburant. »

Il exprime l’opinion d’une grande majorité des IDEL(s) réunionnais en trouvant légitime une rétrocession 90/10, alors que la règle tendrait plutôt vers les 80/20. La contestation et l’opposition remplaçant – remplacé apparaissent plus marquées sur l’île de La Réunion, où les conditions de travail des infirmières libérales ne sont pas les mêmes qu’en métropole. Et pourtant, on lit aussi fréquemment sur des forums ou des sites spécialisés de tels commentaires vindicatifs de l’une ou de l’autre des parties. N’est-ce pas le signe qu’il faille légiférer en la matière pour harmoniser les pratiques et apaiser les relations entre les infirmières remplaçantes et remplacées ?

 

Et vous, que pensez-vous du système actuel régissant le remplacement des infirmières et infirmiers libéraux ? Estimez-vous que le dispositif est suffisamment encadré ou pensez-vous, au contraire, qu’il faudrait l’organiser de manière plus précise encore ?