Bien souvent, les infirmières libérales ne sont pas consultées ou pas entendues, lorsqu’il s’agit de prendre des décisions, qui les concernent pourtant au premier chef. Un nouvel exemple de ce manque de considération provoque la colère des infirmières libérales et salariées à Poitiers.

Les soins ambulatoires et les hospitalisations à domicile, au cœur des inquiétudes des infirmières libérales

Les infirmières et infirmiers libéraux représentent, dans une très grande majorité des cas, le premier lien entre le(s) patient(s) et le corps médical au sens large. Premier maillon des soins de ville, ils restent néanmoins bien peu consultés s’agissant des décisions, qui doivent être prises et des débats, qui doivent être menés. Ainsi, lorsque le Ministère de la Santé annonce, le 10 février dernier, organiser l’autorisation donnée aux médecins de ville d’injecter du midazolam à leurs patients, il met en avant une évolution de l’encadrement des soins palliatifs à domicile. Si les médecins généralistes se félicitent de cette évolution à venir, ils soulignent néanmoins que cette sédation profonde et continue, conduisant le patient jusqu’au décès, résulte d’une décision collégiale de l’équipe de soins primaires, équipe de soins composée du médecin généraliste d’une part, mais aussi de l’infirmière libérale et du pharmacien.

Bien souvent, c’est cette absence de concertation, alors même que les différentes réformes du système de santé insistent sur la nécessité de renforcer la coordination et la coopération, qui est à l’origine de la colère des infirmières et infirmiers libéraux. Un exemple concret provient ces derniers jours du département de la Vienne, dans lequel les IDEL(s) sont à l’origine de la constitution d’un collectif pour dénoncer les décisions du CHU de Poitiers.

A Poitiers, les infirmières libérales n’entendent pas se laisser faire

En effet, depuis le 4 février dernier, une centaine d’infirmières et d’infirmiers libéraux se sont donc réunis en collectif pour contester les décisions du centre hospitalier en ce qui concerne la gestion de son service d’hospitalisation à domicile (HAD). Dans le département de la Vienne, 400 professionnels de santé sont concernés par le fonctionnement de ce service, et depuis plusieurs années, la situation était encadrée et acceptée par un accord validé par toutes les parties. C’est cet accord, que le CHU de Poitiers a décidé de faire évoluer.

A l’origine, cet accord permettait aux infirmières libérales d’être protégées de l’application stricte de la Nomenclature Générale des Actes Professionnels (NGAP), qui prévoit la rémunération du premier soin à 100 % et une dégressivité sur les soins suivants ( – 50 % sur le second, et la gratuité pour les suivants). Cela assurait une rémunération admissible pour les infirmières libérales d’une part et les infirmières à domicile salariées d’autre part. C’est cette mesure, que le CHU a décidé de remettre en cause, sans, selon les infirmières libérales concernées, avoir pris le temps d’une consultation.

 

Une application stricte de la loi, qui provoque la colère des infirmières libérales et salariées

Qu’elles soient salariés ou libérales, les infirmières n’entendent pas subir cette « baisse importante » de leur rémunération, d’autant plus que cette baisse se fait au détriment du patient. Le collectif souligne ainsi

« Nous ne pouvons pas soigner correctement, passer le temps nécessaire auprès de nos patients en étant rémunérés au lance-pierres »

Si la décision est contestée par l’ensemble des professionnels concernés, c’est bien la méthode qui est montrée du doigt. Les infirmières libérales et salariés estiment avoir été mises « devant le fait accompli » sans aucun recours possible, et cette façon de faire   leur apparait comme une provocation intolérable. Ce n’est pas la première fois, que les infirmières libérales dénoncent ce manque de considération, qui participent à ce manque de reconnaissance, qui est souvent mis en avant s’agissant des revendications infirmières.

Toujours est-il, que les professionnels de santé ont décidé de refuser les prises en charge des hospitalisations à domicile, ce qui équivaut à un préjudice incontestable pour les … patients. Alors qu’une négociation aurait pu vraisemblablement apaiser cette situation.

Et vous, avez-vous d’autres exemples, au cours desquels les avis des infirmières n’ont pas été pris en compte pour la prise de décision ?