Appelée à soulager les soignants dans la gestion de leur emploi du temps, la téléconsultation doit aussi permettre de rediriger l’ensemble des patients dans un parcours de soins encadré. Plutôt que d’interroger son infirmière libérale sur le pas de la porte, ou d’appeler son médecin généraliste pour lui poser une question, tous les patients sont invités à recourir à la téléconsultation. Sauf que cette dernière pose questions !

Au quotidien, les infirmières libérales sont au chevet de leurs patients

 

Tous les professionnels de santé dits de ville sont au chevet de leurs patients, quand leur état le nécessite. Mais comme cela a été souvent remarqué, les infirmières et infirmiers libéraux restent le premier maillon de la chaine de soins. C’est donc vers ces infirmières et infirmiers, que les patients se tournent lorsqu’il s’agit de répondre à une question, qu’elle soit d’ordre médical ou non. Bien évidemment, si les IDEL(s) ne peuvent pas faire face à toutes ces demandes, sous peine de mettre à mal l’organisation de leur emploi du temps quotidien déjà si surchargé, elles acceptent néanmoins de solutionner les questions les plus importantes ou tout du moins urgentes.

Il en va de même pour les autres professionnels de santé dits de ville, qui sont eux aussi sollicités par d’innombrables moyens. Par définition, ces sollicitations « spontanées » ne sont pas organisées dans le cadre d’un parcours de soins. A ce sujet, l’URPS d’Ile de France avait réalisé une enquête au cours de l’année 2015 et plus de 2820 médecins généralistes avaient accepté de répondre à celle-ci. Il en résultait qu’en moyenne, un médecin répondait à 4 appels téléphoniques par jour. Outre la désorganisation du temps de travail, ces sollicitations de plus en plus nombreuses posent le problème de la sécurité et de la confidentialité des données théoriquement sensibles puisque de santé.

 

Quand la transformation numérique doit venir en aide aux infirmières libérales et aux professionnels de santé

 

La téléconsultation, ou la généralisation de la e-santé, devait représenter une alternative à cette recherche de renseignements par téléphone ou entre deux portes. Plutôt que de répondre directement aux patients, les professionnels de santé devaient, comme cela était présenté il y a quelques années, orienter ces derniers vers un service de téléconsultation. Téléconsultation payante bien évidemment et renvoyant les patients dans les tracasseries de la prise de rendez-vous. On comprend bien qu’une telle logique n’était pas destinée à connaître un franc succès tant du côté des patients (insatisfaction) que de celui des infirmières libérales et autres professionnels de santé (suppression du lien humain).

Cela ne retire en rien les atouts et les bénéfices de la téléconsultation, qui continuent de s’étendre à travers l’Hexagone, et qui concerne un nombre toujours croissant de médecins généralistes mais aussi d’infirmiers libéraux. En revanche, cela a permis de souligner la nécessité de renforcer la vigilance générale notamment en ce qui concerne la protection et la confidentialité des données.

 

Et si la protection des données était le problème principal de la téléconsultation ?

On ne reviendra pas sur les modalités d’application, ni même sur les aides octroyées aux infirmières libérales notamment, en ce qui concerne la téléconsultation. En revanche, on peut s’interroger sur la mainmise de grands groupes sur les outils et services de téléconsultation. Il faut dire que le marché est considéré comme porteur, puisque les dernières estimations font état de 1.5 million d’actes de téléconsultation à l’horizon 2021 et valorisé à plus de deux milliards pour cette année 2020. Doctolib, Qare, Livi, MedecinDirect, … les acteurs sont nombreux à se disputer le marché, et bien souvent derrière ces sociétés se masquent des fonds financiers, gérés en partie par les assurances et les mutuelles.

Et c’est là, que réside la crainte des infirmières libérales, des soignants en général, mais aussi des patients. Les données recueillies à juste titre dans le cadre d’une téléconsultation ne sont-elles pas conservées par ces entreprises, pour pouvoir les exploiter, dès lors que l’Intelligence artificielle et le Machine Learning auront effectué les progrès attendus. Cette crainte conduit un grand nombre de patients à continuer à interroger leur IDEL sur leur pas de la porte, et/ou à décrocher le téléphone pour appeler leur médecin.

Et vous, avez-vous déjà participé à une téléconsultation ? Le traitement et la conservation des données des patients sont-ils pour vous des sujets d’inquiétude ?