La période dramatique, que nous vivons, est unique tant pour les infirmières libérales que pour le reste de la population. C’est l’occasion de voir émerger des élans de solidarité et de soutien mais aussi de voir des comportements inacceptables se multiplier à travers le territoire. Et les premiers n’excusent en rien les seconds, auxquels les infirmières libérales et hospitalières sont confrontées quotidiennement.

Les infirmières et infirmiers libéraux, les héros de première ligne

Depuis les premiers jours du confinement, décidé par le gouvernement et appliqué depuis le 17 mars 2020 à midi, les Françaises et les Français ont pris l’habitude de se « retrouver » le soir à 20h00 pour applaudir tous les soignants de France. Bien évidemment, ces témoignages de soutien et de solidarité sont avant tout adressés au personnel hospitalier, qui doit faire face à une crise sanitaire exceptionnelle et imprévisible. Mais ces applaudissements sont également à destination des infirmières et infirmiers libéraux, des médecins généralistes, des aides-soignantes, et plus généralement de toutes celles et ceux, qui, quotidiennement, œuvrent au chevet des patients contaminés par le coronavirus COVID-19.

Le Président de la République, M Emmanuel MACRON, a très rapidement qualifié ces soignants de première ligne, et toutes les autorités publiques multiplient les hommages en tout genre. Les infirmières libérales comme tous les autres professionnels concernés se félicitent de cette reconnaissance et de ces témoignages d’affection. Cela ne répond pas aux nombreuses problématiques, mais cela « réchauffe le cœur » de voir tout un pays uni derrière son personnel de santé. Avant cette crise, les infirmiers libéraux se plaignaient souvent du manque de reconnaissance de leur profession, tant du côté des pouvoirs publics que du côté de la population.

Cette pandémie aura néanmoins eu le mérite de mettre en avant le travail quotidien de ces professionnels dévoués à la santé de leurs concitoyens.

Les infirmières et infirmiers, des héros à garder loin de chez soi !

Si les infirmières et infirmiers se félicitent de ce soutien moral populaire, ils continuent, avec l’aide des autres métiers concernés, d’appeler les Français au respect strict des règles du confinement, en invitant les citoyens à rester chez eux. Cependant, il ne fait pas occulter les dérives de cette époque si particulière. Si une grande partie de la population soutient les soignants sans conditions, une autre (peut-être les mêmes dans certains cas) fait preuve d’un comportement condamnable et moralement intolérable.

En effet, craignant d’être contaminé, certains ont décidé de chasser ces soignants de leurs abords et de leur voisinage. Et les témoignages se multiplient. Ainsi, les journalistes de France 3 ont recueilli le témoignage d’une infirmière de Saint Jean de Luz. Entièrement dévouée à sa tâche, elle a été surprise de trouver une lettre à son retour de son travail. Une lettre, qui commençait innocemment puisque constatant qu’une « soignante vit dans notre chère et belle résidence« .

En revanche, la suite était bien plus violente, puisqu’on lui demandait de stationner son véhicule loin des autres, de ne plus toucher les équipements des parties communes et « de déménager aussi vite et loin que possible afin de ne pas mettre nos vies en danger ». Drapée dans le courage de l’anonymat, la lettre se terminait de manière encore plus intolérable, en soulignant que puisque cette « femme est une vraie soignante compétente elle comprendra nos inquiétudes « .

Cet exemple n’est pas isolé, et de nombreuses infirmières libérales et hospitalières attestent de la réalité de cette situation. Si la surprise est souvent le premier sentiment qui envahit les soignants ainsi agressés, elle fait très rapidement place à une colère noire.

Interrogée à ce sujet, Marine Laplace, présidente du conseil interdépartemental de l’Ordre des Infirmiers, se déclare choquée et scandalisée, tout en appelant les infirmières et infirmiers à ne pas céder à ses lâches attaques. « Les infirmiers, hospitaliers, ou, libéraux, doivent tous porter plainte. Et informer l’Ordre. Nous allons les soutenir. Et faire remonter tous ces actes révoltants au ministre de l’intérieur, Christophe Castaner. »

C’est un contraste saisissant qu’offre la population française entre ces hommages quotidiens et ces actes inqualifiables. Nul doute, qu’après la crise, ce débat sera remis au cœur de l’actualité.

Et vous, avez-vous été victime de tels agissements ? Et quelle a été votre réaction ?