Après presque deux mois de confinement, la France devrait connaître une nouvelle étape à partir du 11 mai prochain. Les infirmières libérales comme une très grande majorité de soignants, à la ville comme à l’hôpital, s’inquiètent des conséquences de cette crise sanitaire sur notre système de soins.

Sortir d’un système de soins entièrement consacré au COVID-19

Depuis plusieurs semaines, le système de soins en France a été repensé et réorganisé pour faire face à cette épidémie de coronavirus. L’hôpital a certes été en première ligne, et il suffit de constater comment les services de réanimation se sont étendues à bien d’autres services, mais les professionnels libéraux de santé ont eux-aussi été mis à contribution. Les infirmières et infirmiers libéraux sont, aujourd’hui encore, plus sollicités avec le retour à domicile des patients hospitalisés pour une infection au coronavirus, et ils doivent également faire face au suivi des patients contaminés mais non hospitalisés.

Ces mesures d’urgence, même si des débats s’ouvriront dans les prochaines semaines afin d’améliorer l’efficience de notre système de soins, doivent désormais non pas disparaitre mais s’atténuer pour permettre un « retour à la normale ». ce dernier ne sera pas rapide et encore moins immédiat que ce soit pour les infirmières libérales ou pour tout autre soignant dit de ville. Car les mesures d’urgence prises par les autorités sanitaires ne sont pas les seules conséquences sur la santé des Françaises et des Français. En effet, dans les cabinets des médecins généralistes comme à l’hôpital, dans les locaux des infirmiers libéraux comme au standard des différentes services d’urgence, les patients (hormis celles et ceux infectés par le Covid-19) semblent avoir disparu.

Un après confinement délicat à gérer pour les Infirmières libérales et pour le système de soins

Bien évidemment, les infirmières libérales continueront à informer sur les gestes barrières et sur les bonnes habitudes à prendre pour atténuer la possibilité d’une deuxième vague. Tous les soignants s’y emploieront. En revanche, tous les malades chroniques, à la ville comme à l’hôpital, tous les soins dits « non urgents » vont se manifester progressivement. Il faudra non seulement les prendre en charge mais réussir à intégrer les soins à prodiguer dans un emploi du temps déjà bien surchargé en cette période de crise sanitaire.

Ainsi, lorsque le président de la République, Mr Emmanuel Macron, appelait les Françaises et les Français à respecter drastiquement le confinement en twittant :  « Toutes les 8 minutes, vous sauvez une vie. Restez chez vous. #FranceUnie. », il ne se doutait pas qu’inconsciemment, de nombreux patients chroniques refusaient de surcharger le système de soins, en n’appelant pas leur médecin, ou leur infirmière libérale. Les conséquences sont difficilement mesurables et l’ampleur de ce « choix du non-soins » ne peut être défini précisément.

En revanche, tous les professionnels de santé sont conscients de son existence et des répercussions, que cela va engendrer.

L’avenir proche des IDEL(s), médecins et autres soignants en question ?

 

C’est en cela, que les professionnels de santé, à la ville comme à l’hôpital, sont inquiets de cette situation, caractérisée par plusieurs points critiques :

  • Une épidémie à contenir : même après le 11 mai, il faudra veiller à endiguer cette épidémie de coronavirus
  • Des patients, qui n’ont pas été suivis pendant près de deux mois, à reprendre en charge
  • Une désorganisation du système hospitalier avec parfois l’appel des infirmières libérales et autres professionnels de ville pour pallier l’urgence
  • L’extrême fatigue du personnel soignant et plus encore dans les zones les plus touchées
  • L’arrivée de l’été avec les vacances des soignants qui l’ont bien mérité mais qui peut désorganiser un peu plus le système de soins
  • Le casse-tête de l’approvisionnement en masques, surblouses, gel hydroalcoolique, … bien que ces problématiques se soient considérablement améliorées
  • Une surcharge de travail pour tous les soignants avec les nouvelles règles de désinfection notamment

Cette conjonction de points critiques alertent un grand nombre de professionnels, d’autant que si l’hôpital sera encore en première ligne, une défaillance de ce dernier impliquera une nouvelle mobilisation des soignants de ville, au premier rang desquels figurent infirmières et infirmiers libéraux. Le Pr Francis Berenbaum, chef du service de rhumatologie à l’hôpital Saint-Antoine, le confirme : « Attention à la bombe à retardement, je crains le retour de bâton à la fin de l’épidémie (…) on risque alors d’avoir un peu de mal à gérer la situation »

Et vous, êtes-vous inquiètes de ce début de déconfinement ? Quelles sont vos principales craintes ?