Repenser le système de soins en France, ouverture du Ségur de la Santé

Depuis lundi 25 mai, le Ségur de la Santé doit repenser l’hôpital et le système de soins en France. Après avoir été applaudies, félicitées, remerciées, les infirmières libérales et hospitalières attendent une autre forme de reconnaissance. Sera-t-elle au rendez-vous ?

Le Ségur de la Santé, la volonté de répondre aux attentes de tous les soignants. Vraiment ?

Pendant des semaines, les soignants ont été soutenus, remerciés, gratifiés tant par les autorités publiques que par la population. Alors que les applaudissements de 20h00 ont pris fin, les infirmières libérales et hospitalières, les médecins et tous les professionnels de santé attendaient fébrilement l’ouverture de ce qui est présenté comme le « Ségur de la Santé ». Le Ministre de la Santé, Olivier Véran, a présenté cet évènement comme un grand temps pour repenser l’Hôpital et le Système de soins en France. Et après les déclarations des uns et des autres pendant la crise sanitaire, on comprend que la volonté d’action est ambitieuse.

C’est donc dans ces circonstances particulières, que 300 invités ont été invités à participer, par visio-conférence, à ces discussions/négociations sur l’avenir du système de santé en France. Ouvert le lundi 25 mai, le Ségur de la Santé devrait s’étirer sur plusieurs semaines puisque l’on attend les propositions concrètes pour la mi-juillet. Vouloir aller vite, trop vite, n’est-ce pas un handicap ? les infirmières libérales mais aussi le personnel hospitalier portent des revendications depuis de nombreuses années, et en quelques semaines, il faudrait que tout soit réglé, à moins que le gouvernement n’ait déjà borné les compétences de ce que certains considèrent comme un « Grand débat sur le Système de Santé ».

La profession infirmière, la grande oubliée de ce futur plan Santé ?

 

Il faut dire, que les infirmières libérales et hospitalières se sont étranglées en découvrant que ni l’Ordre national des Infirmiers (ONI) ni les syndicats représentatifs de la profession n’étaient membres du « Comité Ségur National » ou de l’une des autres commissions comme celle consacrée aux rémunérations des soignants. Un oubli, qui sera corrigé quelques heures après, puisque l’ONI aura sa place au Comité national. A vouloir aller trop vite, on peut oublier l’essentiel.

En revanche, le gouvernement a déjà cadré les discussions à venir en fixant 4 cadres prioritaires sur lesquels il faudra aboutir :

  • Transformer les métiers et revaloriser les soignants
  • Définir une nouvelle politique d’investissement et de financement au service des soins
  • Simplifier radicalement les organisations et le quotidien des équipes
  • Fédérer les professionnels de santé dans les territoires au service des usagers

 

Le programme est ambitieux et concerne tous les aspects du système de santé publique en France. Pour l’ONI, la problématique dépasse largement la seule question de la rémunération puisque dans un communiqué, il explique :

« Nous demandons une reconnaissance de la contribution réelle des infirmiers à l’offre de soins et appelons les pouvoirs publics à engager dans les plus brefs délais la révision des textes qui encadrent l’exercice de la profession »

Et les infirmières libérales, quel rôle dans ce Ségur de la Santé ?

 

Si le personnel hospitalier est au centre des débats, les infirmières libérales et les soignants de ville s’estiment oubliés de ces négociations. Et pourtant, les infirmières libérales aussi se sont mobilisées pendant la crise du coronavirus et participent aujourd’hui encore à la prise en charge des patients. Les efforts des IDEL(s) ont été reconnus par les Agences Régionales de Santé notamment mais aussi par le Ministère de la Santé, mais les infirmières libérales craignent que ces remerciements soient la seule forme de reconnaissance, dont elles pourront bénéficier.

Et pourtant, elles revendiquent une revalorisation des actes notamment, revalorisation inexistante depuis 2007. Claudine Gillant, présidente du Syndicat des infirmiers et infirmières libéraux de Meurthe-et-Moselle (un département lorrain du Grand-Est, particulièrement impacté par le Covid-19) résume cette mobilisation des IDEL(s) au plus fort de la crise :

« Nous sommes les seuls à être restés en activité. Les médecins restaient dans leurs cabinets, les kinés ont raccroché la blouse, il n’y avait que les infirmières libérales qui rentraient chez les patients »

Se souviendra-t-on de ces efforts ? Il faudra donc attendre plusieurs semaines avant de le savoir de manière précise.

Et vous, qu’attendez-vous de ce Ségur de la Santé ? Pensez-vous que les revendications des infirmières et infirmiers libéraux soient entendues ?