Les infirmiers libéraux ne veulent pas être les grands oubliés de la prochaine Réforme du système de santé, alors il faut se faire entendre. Comment ?

 

Réformer le système de santé en France en profondeur et dans la précipitation !

 

On annonce une nouvelle loi de Réforme du Système de Santé et de l’Hôpital avant la fin de l’été. Depuis plusieurs jours, le Ségur de la Santé, alors que les soignants manifestent leur ras-le bol partout en France. La profession infirmière entend bien porter ses revendications et obtenir gain de cause. Peut-on réellement réformer en profondeur et dans la précipitation ?

La précipitation du Ségur de la Santé, un mauvais signe pour les infirmières libérales

 

Beaucoup a déjà été écrit sur le « Ségur de la Santé », qui, depuis le 25 mai dernier (et jusqu’à la mi-juillet), entend balayer toutes les questions autour du système de santé en France, et notamment l’Hôpital. Cette grande concertation fait suite à l’engagement d’Emmanuel Macron, le président de la République, qui voulait tirer toutes les conséquences de la crise du coronavirus. Le Chef de l’Etat soulignait déjà que le problème de l’hôpital et de la santé publique en France n’était pas uniquement un problème économique. Il l’explicitait en ses termes :

« Je ne mettrai pas plus d’argent pour que le système fonctionne pareil. Je mets plus d’argent parce que je pense que notre santé le mérite, mais il faut changer les habitudes. »

Pendant des semaines, le gouvernement a souligné son ambition d’une véritable refondation, et de nombreuses infirmières libérales mais aussi des soignants hospitaliers ou de ville ont fait connaitre leur étonnement de cette précipitation à agir. 7 semaines de concertation, c’est beaucoup et peu à la fois pour imaginer une meilleure réorganisation soins de ville – hôpital, mais aussi pour réinventer l’hôpital de demain. Une précipitation, qui a irrité un peu plus les IDEL(s), lorsqu’ils ont appris que seul l’Ordre National des Infirmiers (ONI) était invité à porter la voix de toute la profession.

Les premières lignes ne veulent pas retomber dans l’oubli

Pourtant, la profession infirmière reste la plus importante en nombre de toutes les professions de santé avec 700.000 représentants. Il est donc logique que cette colère se soit traduite en acte de protestation. De nombreux infirmiers libéraux se sont ainsi joints aux multiples manifestations de soignants organisés mardi 16 juin. Les infirmières libérales veulent que le gouvernement se rappellent, qu’il y a quelques semaines encore, elles faisaient partie de ces premières lignes, tant remerciées par les autorités publiques et le gouvernement. Et elles ne veulent pas retomber dans l’oubli. Les propois d’Olivier Véran, Ministre des Solidarités et de la Santé, n’ont pas réussi à apaiser les craintes de la profession : « C’est un travail immense. Plus de 100 consultations au niveau national ! L’enquête que j’ai mise en ligne il y a une semaine a recueilli 70 000 réponses».

C’est dans ce contexte particulier, et dans une période, où la grogne monte dans la profession infirmière, que l’ONI a pris l’initiative d’organiser des Etats Généraux de la Profession.

Plutôt qu’un Ségur de la Santé, des Etats Généraux de la profession infirmière

 

Depuis le 5 juin dernier, 25 organisations se réunissent donc avec un objectif commun : « rétablir l’équilibre en portant la voix des 700 000 infirmiers de France pour une revalorisation globale de la profession (compétences, salaires, carrière…) au sein d’un système de santé plus efficace, plus durable, et plus humain« .

Les résultats de ces Etats Généraux, qui font une large place à la consultation des professionnels concernés mais aussi d’Experts Indépendants, seront adressés aux autorités dans le cadre du Ségur de la Santé. C’est de la sorte, que la profession entend se faire entendre et écouter. Des Etats Généraux pour alimenter la concertation nationale organisée par le gouvernement, la procédure peut apparaitre comme complexe, mais les infirmières libérales et hospitalières craignent, que sans elle, les orientations prises ne soient pas en phase avec les besoins et les attentes de leur profession.

On en revient donc à cette précipitation, que certains dénoncent depuis le début. Comment concilier les attentes de toutes les professions avec les exigences des autorités sanitaires en un temps aussi réduit ? Il faudra y parvenir, puisque le gouvernement annonce déjà la présentation d’une nouvelle loi de Réforme de l’Hôpital et du Système de Santé avant la fin de l’été. Il ne reste donc plus qu’à savoir, quelles revendications seront sacrifiées sur l’autel de cette rapidité à réagir. Dans tous les cas, la profession infirmière est bien décidée à porter ses propres griefs jusqu’au bout.

 

Et vous estimez-vous que la refondation totale du système de santé soit précipitée ?