Infirmières libérales et hospitalières, les enseignements des études démographiques

 

La dernière étude du Ministère de la Santé sur la démographie des professionnels de santé médicaux et paramédicaux a été publiée. L’étude de ces données statistiques livrent quelques pistes de réflexion, bien qu’il faille se garder d’en tirer des conclusions trop hâtives.

Connaitre le nombre et la répartition des infirmières libérales et des professionnels de santé

Connaitre le nombre mais aussi la répartition des professionnels de santé, médicaux et paramédicaux, reste essentiel tant pour les professionnels eux-mêmes que pour les autorités sanitaires du pays. En effet, c’est à partir de ces données démographiques que sont prises des décisions devant organiser le Système de santé de demain. On pense bien évidemment aux territoires, qui seront définies en fonction de leur densité d’infirmières libérales, de médecins, de kinés, … Ces analyses donnent la possibilité ensuite d’identifier les régions, au cœur desquelles de réelles tensions existent, celles qui seront définies comme étant des déserts médicaux, …

Toutes ces analyses orientent aussi la réflexion des autorités publiques aux éventuelles limitations à apporter (numerus clausus) à telle ou telle profession, ou au contraire à la libéralisation de ces « quotas ».

Aussi essentielles soient-elles, ces données ne sont cependant pas faciles à recueillir, puisque de nombreux (trop ?) fichiers coexistent en fonction des professions concernées ou encore des régions étudiées. Certes, des fichiers nationaux existent, mais entre ceux de l’Assurance Maladie, ceux issus des Ordres professionnels ou encore ceux du Répertoire Partagé des Professionnels de Santé (RPPS), des différences existent et parfois l’analyse peut être tronquée. Cependant, une étude reposant sur les mêmes principes est éditée chaque année, donnant ainsi des éléments de comparaison probant et représentant une vision de la situation à un moment donné. C’est cette étude, que la Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (DREES) vient donc de publier

 

Les données 2020 pour tous les professionnels de santé

 

Les données arrêtées au 1er janvier 2020 confirment une situation bien connues. Les infirmières et infirmiers représentent la première population de ces professionnels de santé en France (744.307) et la profession reste très largement féminisée. On compte ainsi 644.359 infirmières pour 99 948 infirmiers. Une féminisation de la profession (86.57 %) que l’on retrouve dans toutes les formes de la profession infirmière. Ainsi, les infirmières libérales (109571) représentent 83.27 % des 131.575 IDEL(s) de France.

Parmi les données recueillies dans cette étude, on observe un léger vieillissement de la population infirmière, puisque l’âge moyen de 44.9 ans en 2019 à 44.3 ans cette année. Cette évolution s’inscrit dans une tendance plus durable puisque l’âge moyen des infirmières en 2014 n’était que de 43.3 ans.

C’est surtout la densité des professionnels de santé, en l’occurrence les infirmières, qui est scruté avec plus d’insistance par les autorités publiques. Au 1er janvier 2020, toute forme d’exercice confondu, on comptait 1111.28 infirmières pour 100.000 habitants. La comparaison peut être faite sur l’année 2014, date à laquelle cette densité n’était que de 920.56.

La même tendance est observable pour les infirmières et infirmiers libéraux. Cette année, on totalise 196.45 IDEL(s) pour 100.000 habitants. Ce même rapport était de 154.24 en 2014. Cette densité a donc été accrue de plus d’un quart (+27.36 %) en 6 ans.

 

Des analyses statistiques pour dessiner la profession infirmière de demain ?

 

Bien que ces études statistiques puissent être utiles, elles ne peuvent néanmoins être utilisées seules pour conduire les réformes du Système de Santé. En effet, l’augmentation de la densité des infirmières libérales doit être atténuée par :

  • Une grande disparité régionale, et l’analyse gagnerait à être plus localisée
  • Un calcul brut ne tenant pas compte des nouvelles missions assignées aux infirmières libérales (Hospitalisation ou maintien à domicile, …)
  • L’absence de relativité par rapport à d’autres données statistiques et notamment le vieillissement de la population française. Les seniors étant de plus en plus nombreux dans la société, la consommation de soins notamment auprès des infirmières libérales est donc plus importante.

 

Il reste que cette démographie ne sera pas ignorée pour poursuivre la transformation du système de santé, que 7le gouvernement entend poursuivre jusqu’à la fin du quinquennat d’Emmanuel Macron.

 

Et vous, quelle importance donnez-vous à ces études statistiques ? Quel devrait selon vous en être le principal enseignement s’agissant des infirmières libérales ?