Des soins aux services ponctuels, quelle mission pour les infirmières libérales ?

 

Lorsque l’on évoque le travail quotidien d’une infirmière libérale, on pense bien évidemment aux soins prodigués à chacun des patients. Mais parce qu’elle est souvent la seule soignante présente au chevet de ces derniers, l’infirmière libérale est sursollicitée pour rassurer, aider, tranquilliser et surveiller.

 

 

Entre soins à domicile et demandes ponctuelles des patients, les misions des infirmières libérales au quotidien

En visitant leur patientèle, les infirmières et infirmiers libéraux prodiguent les soins attendus par leurs patients. En revanche, parce qu’ils sont, dans la grande majorité des cas, les seuls soignants visitant régulièrement ces patients à leur domicile, ils représentent donc le premier maillon de la chaine de soins. Et les attentes de ces patientes et patients, mais aussi bien souvent de leur famille, dépassent le simple cadre de ces soins. L’infirmière libérale doit aussi rassurer, et l’exemple de la récente crise sanitaire du coronavirus en est un parfait exemple, et elle est parfois missionnée pour rendre de « petits services » : passer prendre le courrier, aider à remplir un document, …

Lorsque ces demandes ne sont pas abusives et récurrentes, les infirmières libérales peuvent accepter avec plaisir de « dépanner » leurs patients, même s’il est nécessaire d’apprendre à mettre des limites pour ne pas se laisser submerger dans son travail au quotidien. D’autre part, de nombreuses infirmières libérales rappellent à leurs patients, que la plupart de ces missions relèvent des auxiliaires de vie. Cependant, avec l’intensification de l’hospitalisation à domicile et la généralisation des soins ambulatoires, les infirmières libérales doivent aussi faire face à de plus en plus de patients isolés, et ces attentions du quotidien assurent de ne pas accentuer la déshumanisation des soins, dont se plaignent de nombreux patients.

 

Quand on demande aux infirmières libérales d’être plus que des soignantes

 

C’est cette double exigence, que soulignait, en 2017, une étude de l’URPS PACA. L’étude soulignait que le temps passé auprès du patient était consacré à 91 % aux soins en eux-mêmes et à 9 % pour la coordination. A l’occasion de la publication de cette étude, la président de l’URPS PACA, Mme CLAUSTRES Lucienne soulignait :

« Les infirmiers font beaucoup de coordination et travaillent déjà sur le parcours de soins. Elles allient médical et social. Malheureusement, personne ne le voit et ne le reconnaît »

Et pourtant, les autorités sanitaires demandent aux professionnels de santé et notamment aux infirmières libérales d’être de plus en plus vigilants sur tous les aspects du quotidien du patient visité. Puisqu’elles se rendent dans l’intimité de leurs patients, les infirmières libérales peuvent ainsi être considérées comme une véritable surveillance, comme en atteste l’épisode, qui est arrivé à une infirmière libérale de la région de Quimper (Finistère). Elle effectuait sa visite quotidienne auprès d’une personne âgée, lorsque cette IDEL a été prise à partie par la fille de cette dernière. Celle-ci évoquait alors les agressions fréquentes et récurrentes dont elle était victime. C’est l’infirmière libérale, qui, dès sa sortie de l’habitation de sa patiente, a alerté la Gendarmerie. Les forces de l’Ordre ont rapidement pu confondre l’époux violent et ainsi protéger Madame et son enfant.

 

L’infirmière libérale au quotidien, un lien médical et humain à préserver

Ce sont aussi ces missions de vigie ou de surveillance, que les infirmières libérales entendent continuer à remplir. Et ces missions, qui s’ajoutent aux soins prodigués par les IDEL(s) nécessitent toute l’attention et la concentration de ces professionnels. C’est pourquoi, ces derniers se déclarent agacés des récentes prises de position du Ministère de la Santé s’agissant de la fourniture des équipements de protection. Le Syndicat National des Infirmières et Infirmiers Libéraux (SNIIL) a même publié un communiquant déplorant que « les professionnels de santé libéraux doivent, comme au printemps 2020, s’organiser seuls. Bref, l’Etat recommence les mêmes erreurs…, »

C’est d’autant plus important de permettre aux infirmières et infirmiers libéraux de travailler dans les meilleures conditions, qu’ils sont, comme tous les soignants de ville, prêts à faire face à une seconde vague d’épidémie et qu’ils devront alors assumer des responsabilités supplémentaires.

 

Et vous, jusqu’à quel point rendez-vous service à vos patients ? Quelles sont les limites que vous vous refusez de franchir ?