Profession plébiscitée et appréciée de la population, les infirmières libérales et/ou hospitalières éprouvent les plus grandes difficultés à se faire entendre. Un paradoxe difficilement explicable, qui ne pourra pas durer éternellement, même si …

 

Infirmière libérale, un métier plébiscité par les Français et pourtant si méconnu

 

La crise du Covid-19 a permis à une partie de la population de découvrir les missions assignées aux infirmières et infirmiers libéraux de France. Prendre soin des plus fragiles en période de pandémie a été une tâche complexe et ardue, et les infirmières libérales ont du faire face à de nombreux obstacles, sur lesquels il est inutile de revenir (manque de moyens de protection individuelle comme le masque, injonctions parfois contradictoires entre l’obligation de soins et la nécessaire distanciation , ….).

Cette découverte du quotidien d’une IDEL a été une surprise pour certains et une confirmation pour d’autres : les infirmières libérales constituent un rouage essentiel du système des soins dits de ville.

D’une manière plus générale, la profession infirmière dans son ensemble a joui d’une nouvelle aura depuis le début de la pandémie, et le soutien populaire s’est traduit de diverses manières, à commencer par le rendez-vous quotidien des Français au balcon à 20h00. Ces applaudissements traduisaient la prise de conscience des Françaises et des Français. Pour autant, il serait erroné de croire qu’il a fallu attendre cette crise sanitaire pour que les infirmières libérales ou hospitalières soient appréciées des patientes et des patients. La profession est fréquemment citée comme étant l’un des métiers préférés de la population.

Valoriser une expertise ou renforcer l’image de la vocation ?

 

Avec plus de 720.000 professionnel(le)s, les infirmières représentent plus que jamais la première profession de soins en France. Au 1er janvier 2019, la profession comptait 722 572 représentants, dont une très grande majorité de femme (625.809 soit 86.6 % de la profession). Le statut libéral ou mixte concernait quant à lui 17.7 % de la profession.

Premier corps professionnel dans le système de soins, profession reconnue dans le cœur des Français, et pourtant, les infirmières libérales et hospitalières n’arrivent pas à se faire entendre tant des autorités sanitaires que de la population. Ce constat paradoxal est implacable, et il suffit de constater l’absence significative de la profession au cours du dernier Ségur de la santé, ou encore les réponses, ou plutôt l’absence de réponses, apportée face aux innombrables revendications de la profession. Les Infirmières ne parviennent pas à faire émerger leurs propositions ni même leur constat (parfois sévère) sur l’état de notre système de santé publique. Même lorsque la profession organise des Etats Généraux (à partir du 1er octobre 2020), la classe médiatique n’en fait que très peu de cas.

Comment se faire entendre quand on est infirmière libérale ?

 

La loi du nombre n’a donc pas d’incidence quand il s’agit de faire face à la loi du plus fort. Les médecins généralistes ou spécialisés, salariés ou libéraux, monopolisent la parole du corps des soignants, reléguant la profession d’infirmière à un niveau, qui n’est pas le sien. La féminisation de la profession alors que la « parole scientifique » est plus volontiers laissée à des hommes peut expliquer en partie ce manque de visibilité. Car il s’agit bien de cela, de visibilité et d’influence.

Pour l’expliquer, certains dénoncent les oppositions récurrentes entre les différents syndicats représentatifs de la profession. D’autres préfèrent souligner l’impuissance d’un ordre professionnel, qui ne parvient pas à fédérer. Le site Infirmiers.com avance quant à lui le syndrome de Marie Curie pour justifier de cette incapacité à se faire entendre.

Il n’existe pas d’explication unique, et ce manque d’influence et de reconnaissance doit certainement résulter de toutes ces causes, mises bout à bout. Mais le résultat reste sans appel, l’une des professions préférées des Français ne parvient pas à afficher clairement ses points de vue et ses revendications. Certes, certaines avancées ne peuvent être niées, comme notamment la reconnaissance des sciences Infirmières ou encore la mise en œuvre des pratiques avancées, mais elles restent insuffisantes face à cette demande incessante de reconnaissance. La seule question, qui reste en suspens, consiste à savoir jusqu’à quand, cet état de fait perdurera.

 

Selon vous, quelles sont les mesures à prendre pour la profession infirmière pour se faire enfin entendre ?