Vers un meilleur encadrement des stages pour les étudiantes infirmières ?

 

L’année 2020 aura mis en lumière les revendications, portées pendant des années par les étudiantes et étudiants en soins infirmiers. En faisant de la profession un enjeu essentiel pour l’avenir de notre système de santé, le gouvernement sait qu’il devra prendre des décisions importantes en la matière dans un avenir proche.

 

Les stages des étudiants en soins infirmiers, un manque d’encadrement ?

 

Comme chaque année, la Fédération Nationale des étudiants en soins infirmiers (FNESI) dénonce le manque d’anticipation mais aussi d’encadrement des stages pour les étudiants infirmiers. Sans s’appuyer uniquement sur la situation si singulière de cette année 2020, le communiqué de presse de la FNESI rappelle l’importance de chaque stage, qui « permet de favoriser l’acquisition et le développement de compétences de chaque étudiant.e« . Les étudiants des IFSI demandent en effet, que ces stages soient considérés comme un des socles de leur formation, et que les établissements concernés se mobilisent plus pour leur élaboration.

Selon la FNESI, les conditions « déplorables » de ces stages expliquent en partie que certaines étudiantes et étudiants abandonnent leur formation avant même de passer le diplôme d’Etat. La moyenne des 4 promotions avant 2017 souligne ainsi que 83 % des étudiantes et étudiants de 1ère année obtiennent leur diplôme, et pour le syndicat étudiant, la disparition de 17 % de ces étudiants « intervient majoritairement lors des stages ». Avec 60 semaines de stages obligatoires, réparties sur le parcours de formation, cette immersion en situation professionnelle est essentielle à la formation des futures infirmières libérales ou hospitalières. Au cours de son cursus, l’étudiante ou étudiant infirmier devra suivre 4 types de stages distincts :

  • Soins de courte durée (médecine, chirurgie, obstétrique),
  • Soins en santé mentale et psychiatrie,
  • Soins de longue durée et soins de suite et de réadaptation (gériatrie, service de convalescence …),
  • Soins individuels ou collectifs sur des lieux de vie (domicile, EHPAD, crèches, travail, écoles).

Une reconnaissance de la fonction de tuteur de stage

 

Les syndicats étudiants mais aussi les organisations représentatives de la profession demandent, à l’instar du Cefiec (Comité d’entente des formations infirmières et cadres), que les tuteurs de stage soient mieux considérés.

« La fonction de tutorat ne s’improvise pas »

Il faut dépasser les 4 jours de formation, prévus aujourd’hui, pour les infirmières et infirmiers, prenant en charge cette partie de la formation en lien avec les IFSI. Parce que l’encadrement des stages est un véritable investissement sur l’avenir, d’autant plus à un moment où le gouvernement a annoncé vouloir renforcer la formation des infirmières et infirmiers, ces organisations demandent que ce temps de formation soit désormais considéré comme un véritable travail effectif et par conséquent qu’il soit rémunéré à la hauteur des enjeux.

Outre ces revendications pour une meilleure reconnaissances des tuteurs de stage mais aussi pour un plus grand investissement consacré à ceux-ci, la FNESI demande qu’une plateforme nationale d’évaluation des stages infirmiers soit créée. Il s’agit de pouvoir évaluer ces périodes en milieu professionnel mais aussi identifier les structures, pouvant poser problèmes. La FNESI explique qu’une telle plateforme devrait permettre de se substituer à l’engouement des étudiants infirmiers à dénoncer des conditions de stage condamnables, comme cela est le cas avec l’hashtag « #Balancetonstage »

L’année 2020, un nouveau cap pour faire évoluer les stages pour les étudiants infirmiers

 

Ces revendications ne sont pas nouvelles, mais elles prennent une ampleur inédite en 2020, année de crise sanitaire majeure. Comme les infirmières libérales et hospitalières, les étudiants en soins infirmiers ont été « envoyés au front ». Mal ou pas du tout protégés, anxieux d’être contaminés par la Covid-19, conditions de travail dégradées, exercice illégal de la profession infirmière pour certains, … cette mobilisation d’urgence a mis en évidence cette problématique des stages. La FNESI souligne même, que selon une enquête récente, 62.5 % des étudiants infirmiers mobilisés pendant la crise ont connu, au cours de cette période, une dégradation de leur « état de santé mentale ».

Et le phénomène est loin d’être marginal, puisque ce sont 82.5 % des élèves en soins infirmiers et en pratique avancée qui ont été mobilisées, soit 81.000 étudiants. On peut donc attendre à ce que les choses évoluent rapidement, puisque comme le rappelle la FNESI dans son dossier de presse :

(…) malgré les nombreuses mobilisations et alertes, il aura fallu une pandémie pour que les irrégularités qu’elle dénonce depuis sa création soient dévoilées aux yeux du grand public

Et vous, avez-vous connu pareille situation cette année ? Et vous souvenez-vous des conditions des stages que vous avez dû suivre au cours de votre formation ?